Estanguet : « Oser »
BONJOUR !
Oser. Ne cherchez pas, c’est le verbe de 2024. De 2025 aussi... Et son meilleur promoteur s’appelle Tony Estanguet ! Mardi soir, à l’occasion de la cérémonie des Trophées de l’impact, organisée chaque année par l’Opinion, j’ai eu la chance de l’interroger (il recevait un trophée spécial). C’est face à lui que l'évidence s’est imposée. Je ne vais pas décrire ici l’audace, les audaces de l’architecte des Jeux olympiques de Paris 2024. Lisez l’article que lui a consacré l’Opinion.
Espérer
Mais j’avoue ne pas me lasser de relire les dernières phrases de son dernier discours, prononcé à la fin des jeux paralympiques, en septembre. Difficile de trouver plus réjouissant dans une France dépressive : « A l’image des athlètes qui nous ont tant inspirés, à l’image de celles et ceux qui ont repoussé toutes les limites pour faire de ces Jeux un succès, continuons d’espérer, d'échouer et de se relever, continuons de faire, continuons d’y croire. Et, surtout, continuons d’oser ».
Inspiration
Tony Estanguet n’a pas fini de récolter prix, palmes, médailles et diplômes honoris causa. Peut-être aura-t-il droit à son article dans la Harvard Business Review. Mieux, à une étude de cas – « OG Paris 2024 » – signée du gourou de la stratégie Michael Porter... Et j’imagine déjà les moues dubitatives de certains, lassés d’avance qu’on leur resserve ad nauseam le discours « inspirant » du Français le plus aimé de l’Hexagone !
Juste place
Pourtant, le cas Estanguet est instructif, vraiment. Bien sûr, il a fait preuve d’une incroyable détermination, associée à une résilience hors norme face à ceux qu’il appelle les « pas possibleurs ». Bien sûr, il a su fédérer une équipe, sans brider enthousiasme et créativité. Mais plus encore, sa réussite tient au fait qu’il a trouvé la « juste place », cet équilibre qui fait qu’il ne lui était pas nécessaire de surjouer pour imposer crédibilité, sincérité, efficacité, responsabilité. A l'ère du soupçon envers les élites, les Français ont compris que cette authenticité, cette générosité n'étaient pas feintes...
Sobriété
En toutes circonstances, Tony Estanguet est resté sobre, vrai, concentré. Son mastère de l’ESSEC l’a certes aidé à apprivoiser les codes de l’entreprise. Mais il n’a jamais renié son parcours de sportif, au contraire : « J’ai retenu de ma carrière d’athlète qu’on ne gagne pas si on n’a pas l’ambition de gagner. Le sport de haut niveau m’a aussi conduit à ne jamais être dans l’autosatisfaction et à essayer de progresser en permanence. » Dans l’autre sens, les PDG du CAC40 ont aussi un moral de champion...
Idéal
J’ai demandé à Frédéric Dabi, DG Opinion du groupe Ifop, de décrypter le phénomène. Son analyse est intéressante : « Tony Estanguet a porté des valeurs politiques idéales : un projet, un cap, une détermination dans la durée, une action sans polémique et, pour finir, des résultats – et quels résultats ! » Plus d’un chef d’entreprise se retrouvera dans ces « valeurs », à contre-courant de cette hybris si courante en politique et si dévastatrice lorsqu’elle contamine les dirigeants.
Energie
Au demeurant, il ne faut pas minimiser la puissance de conviction et d’action nécessaire pour atteindre un tel niveau de succès. Même si Tony Estanguet utilise des formules en apparence anodiques. Comme : « Il fallait surmonter le manque de confiance de beaucoup de gens ». Ou comme : « Mon job, c’est de mettre de l'énergie ».
Leçon
Sur scène, mardi soir, le président de Schneider Electric France a fait sienne la leçon d’audace d’Estanguet : « Dans un contexte géopolitique incertain, où il serait tentant pour nos entreprises de jouer la prudence, de repousser à plus tard les transformations digitale et environnementale, j’ai au contraire la conviction qu’il nous faut être plus audacieux que jamais. Innover, être courageux, se différencier… » En un mot : osons !
Ah, une dernière chose !
Le rapport de France Stratégie sur le défi de l’attractivité dans la fonction publique donne froid dans le dos : 15 % des postes offerts aux concours de la fonction publique d’Etat non pourvus en 2022, 70 % des lits fermés à l’AP-HP par manque de personnel... La garantie d’emploi compte moins avec le recul du chômage. Les revalorisations salariales ont été trop timides pour redonner le goût de l’Etat. Mais, selon moi, c’est surtout sa désorganisation qui rebute les candidats, effrayés par des conditions de travail de plus en plus déplorables. D’où ma conclusion : cette perte d’attractivité est une opportunité car seule une vraie réforme de l’Etat pourra redonner de l’attrait à la sphère publique. A suivre...
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Bonne lecture !
Rémi Godeau, rédacteur en chef de l’Opinion