Et après le monde d'après ?
EDITO - Newsletter Resource - Mai 2022
Rien ne sera plus jamais comme avant dans nos entreprises du secteur de la santé.
Cette crise du Covid aura transformé en profondeur le secteur tertiaire par l’explosion subite et rapide du télétravail. Comme cela avait été le cas pour le travail des femmes dont la proportion était passée de 5% à 33% pendant la Première Guerre Mondiale, les entreprises ont su s’adapter sous contraintes en faisant preuve d’une résilience inédite soutenue cependant par l’Etat providence. Le télétravail s’impose aujourd’hui dans notre pays dans un ratio hebdomadaire pérenne proche de 2/5ème. Si les enquêtes montrent une satisfaction des salariés et des entreprises, il est encore trop tôt pour mesurer l’ensemble des impacts sur l’écosystème de l’open space. Quid de la productivité ? De la créativité ? De la formation ? Des relations fraternelles qui se nouent dans les bureaux ?
La santé et ses entreprises ont été exposées comme jamais depuis leur avènement à la fin du XIXème siècle. Et cela bien au-delà des effets d’aubaine tel que celui dont profite Pfizer par exemple. Nous avons débattu de nos marques de vaccin au Café du Commerce, avons applaudi les soignants certains soirs et pour la première fois depuis 1974 un débat présidentiel d’entre deux tours a même traité de l’hôpital. Le marché de la santé s’est vu placé en quelques mois au cœur de la Cité et cette nouvelle exposition va lui donner des droits mais aussi son pendant de devoirs. Il y a fort à penser que beaucoup de jeunes diplômés intégreront le marché de la santé comme une alternative où ils pourront se réaliser et mener leur carrière. Souvent réservées aux scientifiques et aux « docteurs » nos entreprises intéresseront de plus en plus d’autres profils académiques logiquement attirés par la lumière. Mais ces nouveaux droits, ces opportunités pour notre secteur, s’accompagnent déjà de devoirs. Le scandale Orpea montre déjà cette nécessité absolue d’être exemplaire et vertueux. Parce qu’elles jouissent directement ou indirectement de la dépense publique et parce qu’elles luttent contre notre mort en essayant de la repousser sans cesse, plus qu’avant encore la position des entreprises de santé les oblige.
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Ce changement profond de paradigme est une opportunité pour le secteur de la santé et un juste retour car, porteur de tant d’innovations, il en est responsable. Mais nos entreprises devront, plus que les autres peut-être, rester vigilantes et soutenir les nouveaux équilibres fragiles. Comme Machiavel l’écrivait : l’habituel défaut de l’Homme n’est-il pas de ne pas prévoir l’orage par beau temps ?
Franck Boissin
— Directeur Général de Serendip