Et-si on appliquait nos méthodes de travail chez nous ?

Et-si on appliquait nos méthodes de travail chez nous ?

Les organisations médico-sociale sont tellement exemplaires que j’ai décidé d’appliquer les méthodes et outils de travail qu’elles mettent en œuvre au sein de ma famille :

En tant que bon directeur, je sais que la « base de tout » est une gestion financière rigoureuse. Me voilà un soir à établir mon compte de résultat et à calculer mes indicateurs financiers : CAF, Besoin en fond de roulement, taux d’endettement … Je m’endors apaisé… le sourire aux lèvres avec le chiffre de mon annuité de la dette à 3,2 qui laisserait rêveur tout gestionnaire d’une collectivité territoriale …

Dès le lendemain matin, je partage mon analayse avec ma femme « tu sais, tous les indicateurs financiers sont au vert et c’est quand même ce qu’il y a de plus important, le reste, on va le régler facilement… »

Ce à quoi, elle me répond ; « Ben on a peut-être de l’argent, mais on a plus rien pour le petit déjeuner, les enfants ont tout mangé hier au gouter ! »

En colère, j’apporte immédiatement une solution à ce problème inacceptable qui traduit de la part de mes enfants un comportement individualiste peu à même de servir la vision et le projet collectif de notre foyer.

J’installe un cadenas sur les placards et imprime un formulaire puis explique : « Les enfants, il faudra tous les mercredis remplir ce formulaire en renseignant ce que vous aurez envie de goûter le mercredi suivant. Ce formulaire devra être remis à votre mère au plus tard le vendredi à 12H00 afin qu’elle puisse finaliser la liste de courses, processus qu’elle opère le vendredi à 17H00. Les gâteaux demandés seront mis à votre disposition le mercredi de 16H00 à 17H00.

Après cet événement matinal, ma journée de travail se passe comme dans tous les établissements médico-sociaux, sans aucune difficulté, et je rentre le soir bien décidé à passer une soirée en famille, les problèmes ayant été régléS. Malheureusement, les bouchons me font arriver 15 minutes plus tard qu’à mon habitude. Ma femme me regarde avec un regard interrogatif « Tu as 15 minutes de retard ! puis-je avoir une explication ? Je te rappelle que la ponctualité est une exigence au sein de notre organisation et que tout retard doit immédiatement être signalé à son N+1… Je m’excuse platement expliquant ce fâcheux accident, qui m’a immobilisé pendant de longues minutes insoutenables, et concluant « t’inquiète pas, je vais rattraper ce quart d’heure :  je quitterai la maison 15 minutes plus tard demain matin !.


Puis avec un regard tragique, ma femme m’annonce que mon fils a été puni pour avoir traiter de C....ASSE sa prof de Français. Là, une terrible peur s’empare de moi, mes mains deviennent moite, mes jambes tremblent. Au bord de la syncope, je me lance pour rompre cette irrépressible angoisse : « Rassure moi, Tu as bien fait la fiche d’évènement indésirable ??? »

« Oui, bien-sûr »

 La tension retombant immédiatement : « parfait, ben on définira les actions correctives à mettre en œuvre à notre prochaine commission qualité … »


Ma femme cependant contrarié renchérit « j’en ai marre, il y a toujours des problèmes et les choses ne s’améliorent pas. En plus je suis sûr qu’il y a plein de choses dont nous n’avons même pas connaissance. Piqué au vif, je réplique : « tu as raison, ça fait bientôt 5 ans : il est temps de refaire une évaluation interne. En plus y’a des référentiels communs à toutes les familles qui vont sortir. On pourra donc se rassurer en se disant que c’est pire ailleurs. A la suite, on fera un plan d’amélioration continue et dans deux ans on demandera à ta mère de venir faire une évaluation externe.


Pour conclure, j’informe ma femme que je vais au restaurant manger avec des amis importants mais que je ne peux l’emmener car je n’ai pas le budget et que les sujets évoqués ne relèvent pas de sa délégation. Elle restera donc manger des pattes. Je lui rappelle également, qu’en tant que chef de famille, il est normal que la place de parking me soit réservée et qu’il est nécessaire qu’elle gare sa voiture dans la rue.


Voilà le cauchemar que j’ai fait cette nuit…

Pourtant est-il vraiment plus facile de gérer la complexité de sa vie personnelle qu’un établissement ou service médico-social ? Je n’en suis pas certain. Si ce récit vous parait totalement absurde, pourquoi adoptons-nous ces modes de fonctionnements dans nos organisations ? Mon propos n’est pas de dire que tout ceci est inutile mais que le côté systématique, obligatoire rend nos process inopérant et les éloigne de leurs objectifs premiers.

J’espère vos réactions !

J’adore ce parallèle vie perso / vie pro un peu décalé mais un peu vrai aussi !

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