Et si la France aussi voulait élire Trump ?

Et si la France aussi voulait élire Trump ?

Cette nuit, les Etats-Unis ont fait de Donald Trump leur nouveau président. Les Américains ont choisi un homme raciste, misogyne, homophobe pour gouverner leur pays. Un homme qui préfère construire un mur pour arrêter des migrants qui voleraient le travail des Américains plutôt que de financer les réformes dont son pays a grandement besoin.

En cette gueule de bois post-élection américaine, l’heure est donc aux leçons. Il est hors de question de faire les mêmes erreurs que les Anglais puis les Américains en se refermant sur nous-même dans un monde où l’entraide et la coopération devraient être à l’honneur.

En regardant les débats et les opérations télévisées américaines puis françaises des candidats aux élections présidentielles (et du Brexit), on observe de nombreuses similitudes. Notamment sur les sujets débattus et controversés : la sécurité, l’immigration, le repli identitaire, le chômage, et c’est à peu près tout. Le reste passe plus ou moins à la trappe, ou est considéré comme secondaire.

Et pourtant, tous ces sujets ont une même origine, un élément en commun qui les relie. Ils sont très “superficiels” ou court-termistes. Je vois directement vos têtes grimacer à la lecture de ces mots. Ce que j’entends par superficiel, c’est que ces éléments sont les symptômes du problème et non pas sa source. L’insécurité, l’immigration mal-contrôlée, le repli identitaire et le chômage viennent tous d’un problème d’éducation.

Et pourtant, le thème de l’éducation est loin d’être mis en avant sur la scène politique.

Par exemple, Trump promet dans son programme d’investir 20 milliards de dollars supplémentaires pour l’éducation et voudrait permettre aux élèves les plus défavorisés de poursuivre leurs études en poussant les universités à réduire leurs coûts d’inscription.

Mais plutôt que "toujours plus d’argent" pour nourrir le système, il faudrait le remettre en question et modifier les critères du classement des universités privées qui leur donnent une dynamique financière malsaine pour les étudiants (Ils empruntent parfois plusieurs centaines de milliers de dollars pour financer leurs études qu’ils remboursent à des taux exorbitants sur 30 ans). Et surtout, ce n’est pas le sujet dont on entend le plus parler lors de ses meetings durant lesquels il préfère insulter les immigrants et rabaisser les femmes.

Trump n’est pas le seul à reléguer les problématiques de l’éducation au second plan dans le monde politique car ce n’est pas ce problème qui galvanise le plus les foules et qui permet de faire couler de l’encre. Ce qui rend visible c’est d’insulter son adversaire, l’accuser de délits en tout genre et s’enfoncer dans une bataille médiatique sans intérêt au lieu de chercher des solutions efficaces aux nombreux problèmes.

La France n’est pas en reste

Lors du dernier débat entre les candidats à la primaire de droite, il a fallu attendre près de deux heures pour que le sujet de l’éducation soit abordé et bâclé car les candidats n’avaient plus de temps de parole.

Ce sont ces mêmes candidats qui disaient que l’éducation était le sujet déterminant pour combattre les inégalités et le chômage. Certes, ce n’est pas entièrement la faute des hommes politiques, les journalistes sont aussi responsables du manque de présence de ce sujet dans les médias. Cependant, cette absence dans les médias traduit une absence dans les débats : lorsqu’on écoute les discours de certains, on ne peut être que choqué par l’absurdité des thématiques abordées face à ce qui devrait être prioritaire. Par exemple, est-ce que le problème du porc à la cantine est si important que ça face au décrochage scolaire, au retard de la France par rapport aux autres pays dans le domaine de l’éducation pour en parler durant un meeting de campagne et ne pas aborder les autres sujets ?

Ce qu’on remarque en observant les débats actuels c’est un discours centré autour de problématiques identitaires et sécuritaires. Ce sont en effet elles qui marquent les esprits, qui sont symboliques et qui vont fédérer. Or, un travail de fond sur l’éducation et une réforme globale pourrait être à la base de réelles améliorations sur le plan de la cohésion sociale, du chômage et de la situation sociale de nombreuses personnes. Mais cela nécessite une réelle refonte de ce qui est existant et pas seulement un rafistolage par ci, par là qui sera vite décousu lors du mandat d’après.

L’éducation doit être une priorité

Elle ne doit pas voguer au gré des gouvernements successifs : il est nécessaire d’avoir une ligne directrice claire et un projet sur le long terme. Alors oui, c’est un travail de longue haleine et un mandat ne serait sans doute pas suffisant pour tout mettre en place. Mais il devient urgent de mettre en place des réformes efficaces qui permettront une amélioration des infrastructures actuelles.

Si l’éducation s’adaptait davantage à chacun, si on favorisait la curiosité intellectuelle, manuelle et artistique, il n’y aurait pas autant de délinquance. C’est une banalité certes, mais dans ce cas, pourquoi n’est ce pas LA priorité ? Guérir les maux, c’est important certes mais ne vaut il pas mieux tuer le mal à la source ? Surtout que l’on connaît les moyens pour y parvenir. Repenser le système éducatif, favoriser les ponts entre milieux sociaux, repenser le fonctionnement de l’éducation nationale, donner plus d’espace au développement personnel, à l’orientation, aux activités manuelles et artistiques, etc.

De nombreux penseurs, professeurs et entrepreneurs, ont développé des modèles alternatifs qui fonctionnent (et qui coûtent parfois moins chers – Salman Khan dans L’éducation Réinventée en propose un modèle validé par exemple). Plutôt que de taper sur les immigrés, ne faudrait-il pas investir dans l’éducation ? Je ne parle même pas d’argent – on n’en a plus – je parle de temps, de sensibilisation et de motivation. On se confronte au Mammouth de l’Education Nationale certes, mais un mammouth est un animal et les animaux évoluent.

Aujourd’hui, on se rassemble autour de la haine et de la destruction, ...

... chômage, insécurité, camp de migrants, c’est ce qui fait la une de tous les journaux et ce qui est dans la bouche de nos représentants. Mais ce n’est pas une obligation. Nous pouvons parler de création de valeur dans l’intérêt général plutôt que de parler de conservation et d'appropriation de celle des autres. Et nous pouvons faire en sorte de changer la situation actuelle en donnant du pouvoir non pas aux personnes qui préfèrent détruire mais aux personnes qui veulent construire pour notre société. Nous espérons que ce qui s’est passé cette nuit et au Royaume-Uni poussera les électeurs français à réfléchir à la portée de leur vote et qu’ils ne répéteront pas les erreurs commises ailleurs.

Si vous avez apprécié ces bouts d’Impala, je vous invite à lire mes autres articles qui traitent également de l’orientation ou à aller faire un tour sur notre site ICI :


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