ET SI LA LANGUE FRANÇAISE DEVENAIT « PLUS VISIBLE ET UTILE » EN ONTARIO

ET SI LA LANGUE FRANÇAISE DEVENAIT « PLUS VISIBLE ET UTILE » EN ONTARIO

Projet de création d’une université francophone d’administration publique

Par Jean Baillargeon

Expert-conseil en communication et développement stratégique

En abolissant le secrétariat à la francophonie et le projet d’Université francophone à Toronto, le gouvernement ontarien lance un message clair : l’usage de la langue française en Ontario est tout simplement « invisible » pour ne pas dire « inutile » dans la vie économique et sociale des citoyens ontariens. Au-delà des considérations historiques, qui ont fait du français l’une des deux langues officielles du Canada, l’attitude du gouvernement ontarien n’a rien de surprenant, puisque comme l’a dit le premier ministre Ford, il y a autant de citoyens parlant la langue italienne ou le mandarin qu’il y a de citoyens qui parlent français.


Toutefois, combien de lois fédérales sont-elles traduites en italien et en mandarin? Combien de fonctionnaires fédéraux écrivent-ils ou parlent-ils l’italien ou le mandarin dans leurs échanges avec les citoyens ontariens? Ces questions sont importantes, car toutes les communautés culturelles comprennent qu’elles doivent communiquer avant tout en anglais avec le gouvernement fédéral, seule langue « visible et utile » en dehors de leur langue d’origine. Le français étant pour eux une langue perçue comme marginale, dont ils ne voient aucune utilité dans leur vie quotidienne ou dans leur profil de carrière.


Le gouvernement fédéral a donc un rôle important à jouer s’il veut faire respecter sa propre loi sur les langues officielles et faire reconnaître le français comme une langue « visible et utile » autant que la langue anglaise. Pourquoi alors, Ottawa n’imposerait-il pas le bilinguisme officiel (français et anglais) dans toute sa correspondance avec les citoyens ontariens? Pourquoi ne pas obliger tous les dirigeants des ministères fédéraux à Ottawa et à Toronto à devenir bilingues, que ce soit les sous-ministres en titre, les sous-ministres adjoints, les dirigeants d’organismes fédéraux? Bien sûr, il y a toujours eu des primes pour les postes bilingues dans la fonction publique fédérale, mais beaucoup d’unilingues anglophones occupant ces postes ne deviennent jamais bilingues, même s’il obtiennent cette prime. Il y a donc un besoin pour la formation en français chez les fonctionnaires fédéraux. 


Je suggère donc que l’université francophone de l’Ontario devienne en partie (du moins au début) une université francophone d’administration publique (UFAP) pour former des fonctionnaires bilingues dont le gouvernement fédéral a un grand besoin. Le budget prévu de 84 millions serait financé exclusivement par le gouvernement fédéral et cette nouvelle université francophone offrirait aussi des cours aux Franco-ontariens en collaboration avec le ministère de l’Éducation de l’Ontario, et ce, afin de promouvoir le bilinguisme dans sa propre fonction publique provinciale. En ayant un campus à Toronto et Ottawa, aucun unilingue anglophone ne pourra alors se plaindre qu’il ne peut apprendre le français en Ontario s’il veut devenir fonctionnaire fédéral ou provincial de haut niveau. Il faut faire comprendre aux unilingues anglophones qu’ils ont tout intérêt à apprendre la langue française, pour faire carrière dans la fonction publique, une langue reconnue et surtout « visible et utile ».

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