ET SI L’ANNEE DERNIERE N’ETAIT QU’UN CLIN D’ŒIL

J’ai été tenté comme Camara Laye, l’auteur du livre ‘’l’Enfant noir’’ d’aller fouiller dans mon passé plus précisément pour vous sortir une histoire de vie car cette phrase de Laye m’est revenu à l’esprit  ‘’j’étais enfant et je jouais près de la case de ma mère…’’ Cela n’était vraiment pas mon cas.

Ce soir du 24 janvier 2019, j’ai voulu retournée au plus tendre période de mon enfance. C’était pendant les vacances et comme j’ai rendu visite à mon grand-père maternel, je me suis retrouvé avec lui et mes oncles autour du feu de bois. Cet endroit en ces temps-là me paraissait un lieu magique qui éloignait les moustiques du soir, assurait la préparation des tisanes, permettait d’entendre toutes sortes d’histoires d’hommes, des plantes et des animaux. Il permettait également d’avoir des ignames et patates chaudes sorties de la cendre et surtout servait de chauffage de ces nuits fraiches en saisons pluvieuses. Aujourd’hui, je suis un témoin de ces moments lointains tant le décor et les acteurs ont changé.

Je me retrouve devant un feu de bois similaire dans la ferme Guiriko avec ma petite famille, sans tout ce beau monde de mon enfance, sans ces patates chaudes et sans toutes ces belles histoires que grand père savait narrer à longueur de nuit. C’est dans ce grand silence que j’ai laissé mon esprit aller là où il souhaitait tantôt le regard fixé sur le ciel pour admirer les étoiles, tantôt le regard braquer sur le feu qui avec mon imagination me renvoyait de véritables chefs œuvres d’art que moi seul pouvait appréhender dans toute sa plénitude.

Cette année comme les années antérieures,  j’ai voulu recréer le lien avec vous tous mes amis, collègues et mes rencontres dans le parcours de ma vie. Ce qui me donne à nouveau le temps d’écrire pour renoués avec toutes les personnes avec lesquelles je n’ai jamais cessées d’interagir en action, en parole, en écris ou en pensée. Une année vient de s’écouler, elle a été une succession de faits et d’évènement qui pour certains n’a eu rien de fondamentalement différent des années antérieures avec nos joies et nos peines, nos victoires et nos échecs ; simplement, c’est cela vivre dans toute sa plénitude. Tout tient encore malgré toutes les catastrophes annoncées et nous tenons encore tous puis que nous lirons ce message de fin d’année. C’est cela la très bonne nouvelle.  Nous savons que, par-ci et par-là, notre sort préoccupe nos famille, nos amis, ceux qui nous connaissons, ceux qui nous ne connaissons pas et mêmes et surtout nos ennemis. C’est cela qui donne un doux goût à la vie.

Ici sur cette terre tout est en mouvement. Le mouvement conduit à l’action, l’action consomme l’énergie, le résultat produit est un assemblage, le temps finit toujours à avoir raison de cet assemblage. Le mouvement se poursuit, la dynamique de la création et de la destruction poursuit son cycle et notre environnement se transforme sans cesse. Nous sommes les parties prenantes de ce mystère, tous ceux sur quoi nous pouvons nous appuyer n’est pas éternel. Nos constructions sociales, religieuses, coutumières, psychologiques, géographiques, historiques et économiques ne sont que des données conjoncturelles eues égard au temps long. Avant nous, cette terre a vu défiler beaucoup d’espèces, pour l’espèce humaine beaucoup de civilisations.

La seule chose que nous n’avons jamais réussie est simplement de reconnaitre l’autre comme étant une sorte de duplication de nous-même. Peu importe, son genre, la couleur de sa peau, sa taille, ses origines. Ainsi, pour des raisons diverses le moteur de la marche de nos sociétés a été et est le conflit perpétuel à tous les échelons en opposition à l’amour qui devrait être le fermant de toutes nos relations. Dans ce processus, le savoir a été mis au service du pouvoir, le pouvoir a été mis au service de l’avoir, l’avoir a été accaparé et c’est accumulé entre les mains de quelques-uns au détriment du plus grand nombre. C’est ainsi, que nous avons institutionnalisé, la rareté, la pauvreté, le dénuement et la misère au sein de l’espèce humaine.

Ce mouvement qui a complètement bouleversé le monde à partir des hauts lieux du capitalisme qu’ont été Venise au XVe siècle,  puis Gènes, Amsterdam, Londres et la révolution anglaise du XIXe a scellé l’inégalité et l’iniquité dans le monde. C’est ainsi que de nos jours, la richesse des uns est la conséquence de la pauvreté des autres. Comme l’a si bien dit Fernand Braudel, ‘’le destin du capitalisme d’aujourd’hui pourrait s’expliquer à la lumière du passé’’ et j’ajoute, à travers toute la machine militaro- industrielle qui maintient de  gré ou de force l’ordre établie.

L’accélération des évènements de toutes sortes et le statu quo que certains voudraient maintenir contre vents et marrées nous amène à répéter la question que s’était posée Philipe Engelhard dans son livre ‘’l’homme mondiale’’ je rappelle en y introduisant le ‘’de nos jours’’ ‘’Gouverner de nos jours sert-il à quelque chose ?’’ Il faudrait tout un livre pour répondre à cette question, mais à l’échelle de chaque pays chacun pourrait émettre un avis ou même entamer la réflexion. Que nous annoncent l’émergence du yuan chinois et le réveil de l’ours russe ? A quoi devons-nous nous attendre face à la disqualification des organismes internationaux comme instance de dialogue et lieu de règlement des conflits entre les nations ? Là également je n’ai pas la réponse dans ce monologue.

Mais, la seule certitude que j’ai, est que la vie va se poursuivre et que tout dépend de nous. Tout serait tellement simple ; il suffit de considérer en toute chose, que ce qui est bon pour nous l’est aussi pour les autres et de même ; tout ce qui est mauvais pour nous l’est également pour les autres. D’Amadou Hampaté Ba citant Tierno Bokar je retiens que ‘’nous ne devons pas nous croire ni supérieurs ni inférieurs aux autres et les meilleurs d’entre nous seront ceux qui vivrons dans l’amour, la charité et le respect de leurs prochains’’. Ce sont ces trois mots amours, charité et respect qui ont permis l’émergence d’un destin singulier ; celui d’Abraham Hanibal l’aïeul noir de Pouchkine. Le récit de vie de ce personnage mythique nous enseigne que cet enfant fut arraché à sa terre natale au nord du Cameroun à l’âge de 8 ans en 1704. Il devient le fils adoptif du tsar Pierre le Grand. Entouré des trois mots ‘’amour, charité et respect’’, il devient général en chef de l’armée impériale de Russie. Il était le directeur des fortifications et le chef de corps des ingénieurs. Ce qui lui permit d’écrire en 1726 un volumineux ouvrage de géométrie et de fortification destiné aux élèves ingénieurs. On lui doit également l’introduction de l’enseignement de l’architecture civile dans les écoles militaires d’ingénieures de Russie. La lecture de cette histoire de vie nous enseigne que peu importe l’endroit où nous sommes nés, grâce à  ‘’amour, charité et respect’’ nous pouvons nous réaliser n’importe où sur cette planète. Mieux vaut tard que jamais ‘’Excellente année 2019’’ à tous Baly


Sirima Ouewa

ADMINISTRATEUR PROJETS chez AMPO

5 ans

Bsr quel écrit plein de sagesse. Quel écrit écrit plein d'enseignement

Alain Badjeck

Travailleur indépendant du secteur Élaboration de programmes

5 ans

C'est vraiment émouvant ! un texte plein de sagesse et d'humanité !

Jean herbert Koulade

Chauffeur automobile chez Eurostar abidjan

5 ans

Je suis remplis d'enseignements après lecture de ces écrits. Je vous souhaite beaucoup de bonheur!

Dede Ekoue

Country Representative at UN Women

6 ans

Merci pour ce message revitalisant plein d'enseignements et sagesse!!!!!!!

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