Et si l’industrie européenne se délocalisait aux États-Unis ?

Et si l’industrie européenne se délocalisait aux États-Unis ?

À la peine face à la flambée des prix du gaz, de plus en plus d’entreprises d’Europe choisissent de s’implanter sur le territoire américain.

Les prix de l’énergie y sont plus stables, et la présidence Biden soutient à coups de milliards de dollars la transition vers le renouvelable. La tendance est-elle durable ?

Grande gagnante de la crise européenne de l’énergie : l’économie des États-Unis. Frappées par la flambée des prix du gaz, les entreprises qui fabriquent en Europe de l’acier, des engrais et d’autres matières de base de l’économie déplacent leurs activités aux États-Unis, attirées par des prix de l’énergie plus stables et un soutien plus musclé de l’État.

L’Europe pourrait, selon certains économistes, connaître une ère nouvelle de désindustrialisation, Washington a dévoilé des mesures incitatives pour l’industrie manufacturière et les énergies vertes.

Il en découle une conjoncture de plus en plus favorable aux États-Unis, d’après les chefs d’entreprise européens, gros consommateurs d’énergie dans les procès de fabrication, notamment les industries de la métallurgie, l’automobile, de la chimie des batteries et à d’autres produits énergivores.

L’économie américaine est certes confrontée à une inflation record, à une chaîne logistique peu fluide et à la crainte d’une récession, mais le pays est sorti en relativement bonne forme de la pandémie, alors que la Chine continue à imposer des confinements liés au Covid et que l’Europe est déstabilisée par la guerre.

Washington prévoit de nouvelles dépenses pour les infrastructures, les puces électroniques et les énergies vertes, ce qui renforce l’attractivité américaine dans le milieu des affaires.

La marque danoise de bijoux Pandora et le constructeur automobile allemand Volkswagen ont annoncé leur expansion aux États-Unis dans le courant de 2022.

À la mi-septembre, The Wall Street Journal indiquait que Tesla suspendait ses projets de fabrication de batteries électriques en Allemagne, l’entreprise cherchant à bénéficier de crédits d’impôt au titre de la loi sur la réduction de l’inflation, ratifiée en août par le président Joe Biden.

L’Europe a (encore) des atouts

L’Europe reste un marché attractif pour l’industrie de pointe et peut se targuer d’une main-d’œuvre industrielle qualifiée. Au vu des commandes qui se sont accumulées pendant la pandémie, de nombreuses entreprises subissant l’explosion des prix de l’énergie ces derniers mois l’ont répercutée sur leurs clients.

Le prix du gaz en particulier et de l'énergie en général n'est pas près de baisser, y compris en 2023 et 2024.

Cette hausse structurelle va amener l'industrie européenne à se délocaliser à nouveau, au profit d'un essor des services sur le continent européen.

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Les producteurs de gaz naturel du Canada, des États-Unis, du Qatar, de l’Australie et le la Malaisie pourrait avoir du mal à remplacer complètement la Russie comme source d’approvisionnement de l’Europe à moyen terme. De plus il faudrait tripler la quantité de navires méthaniers en service actuellement.

Le cas échéant, le continent pourrait subir des prix très élevés jusqu’en 2024, du moins pour le gaz. Les dégâts pour l’industrie européenne risqueraient alors d’être permanents.

« Je pense que nous pouvons tenir deux hivers, bon an mal an », estime Stefan Borgas, PDG de la société autrichienne RHI Magnesita.

Ce fabricant de matériaux utilisés par des aciéries pour résister à des températures extrêmement élevées investit environ 8 millions d’euros dans ses usines européennes pour alimenter le processus de fabrication avec d’autres combustibles, comme le charbon ou le pétrole. Il stocke aussi du gaz naturel dans un site souterrain de l’entreprise d’État russe Gazprom qui a été saisi par le gouvernement autrichien.

La carte de l’hydrogène

Stefan Borgas voit d’un œil optimiste la demande d’acier aux États-Unis, où des mesures incitatives ont aussi amélioré les perspectives en matière d’énergie verte. Pour les fabricants comme RHI Magnesita, l’hydrogène est essentiel pour remplacer les énergies fossiles et réduire les émissions de CO2. Washington ayant promis des fonds, la production d’hydrogène devrait augmenter, ce qui fera ensuite baisser les prix.

« Nous renforçons nos investissements [aux États-Unis] pour suivre tous nos partenaires, qui investissent eux-mêmes. Nous sommes très, très optimistes quant à la conjoncture américaine. » Stefan Borgas, PDG de la société autrichienne RHI Magnesita.

Les économistes et industriels européens se sont aperçus progressivement au cours du premier semestre 2022, et brutalement au cours de l'été 2022, que la compétitivité-coût de l'industrie européenne se dégradait fortement en raison de la hausse des prix de l'énergie. L'arrêt des exportations de gaz naturel russe vers l'Union européenne prive l'Europe de 40 % de son gaz naturel, donc de 11 % de l'ensemble de son énergie. Malgré les efforts de remplacement du gaz russe par du GNL (gaz naturel liquéfié) venant des Etats-Unis, de Norvège, du Qatar, d'Algérie…, malgré un recours accru au charbon pour produire de l'électricité, et malgré un effort majeur d'économie d'énergie, il manquera de 3 à 4 % de l'énergie européenne en 2022-2023 et à nouveau en 2023-2024, le gaz russe n'étant entièrement remplacé par d'autres sources d'énergie qu'en 2026-2027.

Crise de l'énergie : Un industriel allemand sur dix réduit sa production

La hausse des coûts de l'énergie atteint 600 % dans certains secteurs, poussant les industriels à ralentir ou fermer leurs lignes de production. Les secteurs de la métallurgie, de la chimie, du ciment, du verre ou du papier sont particulièrement touchés Mais également l'agroalimentaire.

L'entreprise Hakle (Verre) a déposé le bilan en septembre. « Les coûts de l'énergie nous ont conduits à la faillite », a commenté le directeur de l'entreprise, Volker Jung.

Papier, verre, métallurgie, chimie… la hausse des prix aurait déjà conduit près d'une entreprise sur dix à réduire voire interrompre sa production outre-Rhin, relève la Fédération de l'industrie allemande (BDI). Le secteur de la chimie, l'un des plus pénalisés , aurait déjà réduit sa production de 8 % et le secteur de l'engrais aurait même fermé 70 % de ses capacités. Pas étonnant dans ces conditions que le gouvernement promette la mise en place d'un bouclier tarifaire de 200 milliards d'euros pour protéger les entreprises allemandes de la flambée des prix de l'énergie.

ArcelorMittal à l'arrêt à Hambourg et Brême

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Mais pour l'instant, une partie des usines allemandes tournent au ralenti. La sidérurgie éteint également ses fourneaux. Début septembre, ArcelorMittal a annoncé la fermeture de ses hauts fourneaux à Brême, « jusqu'à nouvel ordre » et à Hambourg « à partir du quatrième trimestre ». « Le chômage partiel est aussi déjà appliqué à Duisburg et à Eisenhüttenstadt », précise l'entreprise.

Au total, près de 8 % de la production sidérurgique allemande serait à l'arrêt. Le secteur « consomme 2,1 milliards de m3 de gaz naturel par an, ce qui correspond à peu près aux besoins de la population de Berlin et de Munich réunie », rappelle sa fédération. Or, « les entreprises ont épuisé l'essentiel de leur potentiel d'économie ».

En aval de la chaîne de production, 10 % des entreprises automobiles ont réduit leur production et 30 % s'y préparent, selon un sondage de la fédération automobile, VDA. « Les PME du secteur automobile ont de l'eau jusqu'au cou », alerte Arndt G. Kirchhoff, patron du sous-traitant automobile Kirchhoff et vice-président de VDA.

Les verriers fragilisés

Les verriers sonnent également l'alerte. « Les prix de l'énergie ont parfois augmenté de 600 % en un an, or ils représentent entre 15 et 20 % des coûts d'exploitation », indique la fédération allemande du verre. « Nous payons normalement entre 40 et 50 millions d'euros notre énergie chaque année, confirme Carletta Heinz, qui dirige l'entreprise familiale du même nom en Thuringe. Au rythme actuel, la facture atteindra 260 millions cette année. » L'entreprise qui exporte 80 % de sa production ne peut répercuter cette hausse sur ses clients sans perdre en compétitivité.

Surtout, le secteur du verre, qui représente 7.000 emplois en Thuringe, hésite à se projeter dans l'avenir. Heinz a gelé un investissement de 40 millions dans une nouvelle cuve utilisant de l'énergie « verte ». Or de tels investissements se font sur dix ans.

« Seulement » 15 % des emplois concernés

Le spécialiste d'économie industrielle à l'Ifo, Oliver Falck, relativise toutefois la menace d'une désindustrialisation que beaucoup craignent. Selon lui, les prix de l'énergie ne se maintiendront pas éternellement à leurs niveaux stratosphériques actuels. « La crise énergétique ne fait que renforcer le désavantage concurrentiel que subissaient déjà les acteurs très énergivores », ajoute-t-il.

Ces acteurs, qui consomment 76 % des besoins en énergie de l'industrie, se concentrent par ailleurs sur cinq secteurs (chimie, la métallurgie, le verre, le papier ainsi que le raffinage du pétrole et la cokéfaction). Ils ne représentaient en 2020 que 21 % de la valeur ajoutée brute de l'industrie et 15 % de ses emplois selon l'Office fédéral de la statistique.

Leurs projets de délocalisation vers des régions où l'énergie est moins chère ne menaceraient donc que partiellement la prospérité allemande. Le pays conserve sa technologie et les pièces produites à l'étranger pourraient être assemblées outre-Rhin, juge Oliver Falck. A condition que la confiance des entreprises, essentielle à la croissance, se redresse.

Le moral des entreprises et celui des exportateurs a en effet chuté en septembre, atteignant selon les sondages de l'Ifo leur plus bas niveau depuis mai 2020, lors de la première vague de Covid. Pour Rainer Dulger, président de la Fédération patronale allemande (BDA), seul un plafonnement des prix du gaz désormais promis par l'Etat pourrait insuffler dans l'industrie un peu d'espoir.

Crise de l'énergie : un industriel allemand sur dix réduit sa production | Les Echos

L’entreprise luxembourgeoise ArcelorMittal, a enregistré des résultats meilleurs que prévu concernant un investissement dans une usine texane de fer aggloméré à chaud, une matière première de la production d’acier. En juillet, son PDG, Aditya Mittal, attribuait notamment ce succès à l’implantation de l’usine dans une « région qui vend l’énergie à des prix très compétitifs et, in fine, de l’hydrogène à des prix compétitifs ».

Pour le Quèbec ?

Une course à la compétitivité

De nombreuses entreprises ne précipitent pas les changements stratégiques en raison de la complexité que présentent les sites tels que les fonderies d’aluminium, dont la construction peut coûter des milliards et nécessiter des années de chantier.

« On ne sait pas encore si ces changements seront structurels ou temporaires », explique une porte-parole du géant [allemand] de la chimie BASF, l’un des plus grands acheteurs européens de gaz naturel, qui a ralenti la production dans ses usines belges et allemandes.

OCI, qui a fortement réduit sa production européenne d’ammoniac, a préféré augmenter les importations vers ses installations dans le port néerlandais de Rotterdam. Pour faciliter ces livraisons, OCI agrandit son usine au Texas en investissant « plusieurs centaines de millions » de dollars, précise son PDG, Ahmed El-Hoshy. OCI y produira de l’ammoniac dérivé de l’hydrogène dit « bleu », qui nécessite du gaz naturel, puis capturera le CO2 émis. Selon Ahmed El-Hoshy, la loi sur la réduction de l’inflation a rendu le projet plus intéressant.

Les fabricants européens pourraient avoir du mal à rester compétitifs face au coût moindre de l’énergie et à ces incitations écologiques déployées par les États-Unis, avance Svein Tore Holsether, PDG du géant norvégien des engrais Yara International :

« De ce fait, certaines industries feront le choix de se délocaliser définitivement. »

Agroalimentaire : les usines passent en économie de guerre

Carte de la Bretagne agroalimentaire

https://www.bdi.fr/fr/publications/iaa/

Le manque de produits agricoles, la facture énergétique et les difficultés à recruter provoquent débrayages, ralentissements de cadences, réductions de gamme dans l'industrie alimentaire.

Changement d'ambiance. Après avoir tourné à fond et souvent travaillé sept jours sur sept pendant la pandémie pour remplir les rayons, les entreprises agroalimentaires sont passées à des positions de repli face à une situation totalement inédite.

La facture énergétique est abyssale, la matière première manque, la main-d'oeuvre est de plus en plus difficile à trouver… « La situation actuelle remet en cause nos capacités de production », déclare sans détour Dominique Chargé, président de la Coopération agricole. De toutes parts dans l'industrie agroalimentaire, revient la même expression. « On est à un point de bascule… »

Chiffres vertigineux

Les chiffres font, il est vrai, froid dans le dos. Dominique Chargé cite l'exemple d'une coopérative, qui, en deux ans, va voir sa facture énergétique passer de 2 à 17 millions d'euros. Avec un résultat net de 5 millions d'euros, comment faire ? Il y a peu de marge de manoeuvre dans l'industrie alimentaire. Ce qui n'est pas transformé est perdu. Le lait, les légumes, la viande…

Le cumul de la sécheresse et de la canicule a fait plonger les rendements. Côté haricots et flageolets, le bilan est maigre. Il ne dépasse guère la moitié de ce qu'il était en 2021. Et beaucoup d'autres familles de produits ont souffert. Les organisations professionnelles estiment entre 25 et 35 % les chutes de production des légumes seuls. Qu'en sera-t-il l'an prochain, alors que les engrais azotés vont manquer et que leur prix a triplé en un an. La moitié des usines qui les fabriquent en Europe sont à l'arrêt en raison du coût du gaz.

Pénurie de légumes…

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La coopérative bretonne Eureden, connue pour la marque d'Aucy, a allégé ses plannings et ne fait plus tourner qu'une partie des lignes de production. La réduction de son activité l'a conduite à pratiquer les RTT obligatoires. « On a dû faire face à un changement radical avec la sécheresse et la canicule. La Bretagne n'est pas préparée à ce type de situation climatique », dit Christophe Basile, directeur de la branche légumes du groupe.

La production régionale de haricots et de flageolets s'est effondrée de 40 % en 2022 et elle a peu de chances de remonter en 2023. « Attirés par les prix exceptionnels du maïs grain, du tournesol et du colza, beaucoup d'agriculteurs bretons ont stoppé la culture de légumes », ajoute-t-il. « Ce sera autant d'approvisionnement en moins car dans les autres pays où nous sommes présents, comme la Hongrie et l'Espagne, les agriculteurs ont fait les mêmes arbitrages. »

Pour endiguer l'hémorragie de légumes, Eureden a prévu d'augmenter les prix aux producteurs d'« au moins 16 % et sans doute plus. C'est autant de rentabilité en moins », explique Christophe Basile. Eureden va réduire le nombre de formats de conserves qu'elle proposait au profit des tailles et des poids plus demandés. « On fera moins de stocks. Il y aura plus vite des ruptures d'approvisionnements des clients. » Les conserveries sont très dépendantes du gaz. Pour en atténuer le coût, le groupe va concentrer la production sur certaines usines afin de « bénéficier des effets de masse et des frais fixes ».

La peur des coupures de courant

Grosses consommatrices de gaz pour la transformation des betteraves, les sucreries ont pris le parti d'avancer le calendrier de la récolte de dix jours. « On a demandé aux planteurs de sortir les betteraves de terre avant leur pleine maturité pour en disposer dès maintenant. Et éviter de les travailler pendant les mois de janvier et février, où on risque le plus d'avoir des coupures de courant », explique Pascal Hamon, le directeur industriel du groupe sucrier Cristal Union .

L'opération n'est pas indolore. Elle va avec une baisse du rendement sucrier de la betterave. Mais Cristal Union y perdra moins qu'en s'exposant à des coupures d'énergie. « C'est le meilleur compromis entre l'agronomie et l'énergie, qui est devenue notre plus grosse source de dépenses aujourd'hui », explique encore Pascal Hamon. L'envolée des prix du gaz a aussi convaincu Cristal de stopper ses activités de déshydratation des pulpes de betterave destinées à l'alimentation animale et de les vendre en l'état à des clients locaux. L'entreprise réduit ainsi de 10 % sa facture de gaz.

Cristal Union est également sur le point de finaliser ses accords sur le solaire avec EDF. Une source d'électricité qui sera disponible dans… cinq ans. Quant à la vapeur d'eau qui s'échappait vers le ciel, elle sera refroidie et récupérée pour en faire de l'énergie moyennant un investissement de 30 millions d'euros dans un nouveau site industriel.

Certaines enseignes plus livrées

Chez les abatteurs, on s'inquiète très fortement de la diminution du cheptel bovin. 10 % en cinq ans. « 730.000 animaux ont disparu », selon Paul Rouche, du syndicat de la viande. La sécheresse et le manque de fourrage pour les animaux ont accéléré le mouvement. « C'est une tendance de fond. Depuis le début de l'année, le cheptel recule de 3 % par mois. Les abattages ont chuté de 6 à 10 %. Moins d'animaux, plus de charges. Les outils ne tournent plus normalement », ajoute Paul Rouche.

Quelle est la suite ? restructuration ? fermeture ? Jean-Paul Bigard , qui concentre plus du tiers de la production de viande en France, se plaint de ne pas avoir pu passer les 12 à 15 % de hausses de tarifs qu'il réclamait aux distributeurs. Il a préféré cesser de livrer certaines enseignes.

C'est tout un système qui est remis en cause. La peur du manque de matière première pousse Jean-Paul Bigard à réclamer la contractualisation dont il ne voulait pas avec les producteurs. L'objectif étant de garantir l'approvisionnement de ses abattoirs. Il demande l'arrêt de l'exportation des jeunes bovins vers l'Italie et l'Espagne. Un changement de l'offre au profit de bovins plus petits, mieux adaptés à la demande de haché. L'entrecôte fournie par les gros animaux ne fait plus recette. Le recrutement de personnel dans les abattoirs est l'autre « énorme problème. Il nous manque 10 % de la main-d'oeuvre nécessaire. On a un gros problème d'image et de formation. Tout est à revoir ».

Marie-Josée Cougard, Les Echos.fr

Agroalimentaire : les usines passent en économie de guerre | Les Echos

De bonne nouvelle pour l'économie du Canada, pour le Québec. Dans les secteur de transformation et de production. Le Groupe ENGRAM est là pour vous accompagner A toutes les étapes des processus d'importation et d'exportation. C'est maintenant que cela ce joue.

Cdt Antoine Gouin, D'après les articles de David Uberti dans le WSJ, de Courrier international et des Echos.fr

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