ET SI NOUS ÉTIONS LA PREMIÈRE GÉNÉRATION DE PLANETIZENS ?

ET SI NOUS ÉTIONS LA PREMIÈRE GÉNÉRATION DE PLANETIZENS ?

Après 15 ans d'activité, mon blog "L'idée qui tue" s'est réincarné dans cette Newsletter exclusivement disponible sur LinkedIn : "The Killer Idea", qui vous propose, chaque semaine, une nouvelle idée disruptive. N'oubliez pas de cliquer sur "Vous abonner/Subscribe" pour être sûr(e) de ne pas manquer les prochaines publications... (For English readers, please watch directly the "One Home Video" at the heart of this post).

Est-on entré dans un nouveau chapitre de l’humanité ?

Le Lac Crawford, près de Toronto au Canada, a été reconnu la semaine dernière comme site de référence du commencement de l’anthropocène, cette nouvelle époque géologique marquant l’évolution de l’humanité, qui succèderait à l’holocène, cette période tempérée qui a démarré il y a 12 000 ans, à la fin de la dernière glaciation. L’anthropocène, popularisée par le prix Nobel de chimie Paul Josef Crutzen, et le biologiste Eugene Stoermer au début du 21ème siècle, vise à nommer la rupture qui s'est produite : certains équilibres environnementaux et climatiques ont été rompus sous l'influence des activités humaines et sous l'influence des émissions de gaz à effet de serre, mais aussi sous l'influence de certaines pollutions plastique, chimique, nucléaire, qui vont marquer la terre pour plusieurs millénaires. Le Groupe de travail sur l’Anthropocène (AWG), un réseau interdisciplinaire de chercheurs, travaille depuis 2009, à déterminer un lieu de référence rassemblant les preuves de cette nouvelle période géologique. Les sédiments stratifiés au fond du lac Crawford, cette petite étendue d'eau d'un kilomètre carré, chargés de microplastiques, de cendres de combustion du pétrole et du charbon, et de retombées des explosions de bombes nucléaires, constituent la meilleure preuve qu'un nouveau chapitre de l'histoire de la Terre s'est ouvert, selon les membres du groupe de travail sur l'anthropocène.

Se sentir co-responsables de la survie de l'humanité.

Et c’est aussi la semaine dernière qu’a été votée, de justesse (à 12 voix près), par le Parlement Européen, la loi sur la nature (transcription dans le droit communautaire de l’accord de Montréal sur la biodiversité) qui vise à restaurer des écosystèmes terrestres et marins dégradés d’ici 2030, en imposant aux États membres des objectifs contraignants de restauration des terres et espaces marins abimés par la pollution ou l’exploitation intensive (30% de surfaces restaurées d’ici 2030, 60% d’ici 2040, et 90% d’ici 2050). Même si le texte, qui a fait l’objet de nombreuses tractations de dernières minutes, est moins ambitieux qu’initialement prévu (en particulier pour les mesures concernant les océans), il marque symboliquement un tournant dans la prise en compte notre relation à la nature. La survie de la planète passe par la prise de conscience généralisée que nous sommes entrés une nouvelle ère où la prise en compte du vivant est la priorité absolue. Il nous faut devenir des « PLANETIZENS » au sens où l’entend François Taddéi, fondateur du Learning Planet Institute (anciennement Centre de Recherche Interdisciplinaires – CRI), ingénieur général des ponts des eaux et des forêts, et chercheur de renommée internationale à l’Inserm. Il se consacre désormais aux sciences de l’apprentissage, et en particulier à la notion de « Planetizen » afin de permettre à chacun.e d’entre nous d’apprendre à prendre soin de soi, des autres et de la planète.

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Un Manifesto pour la planète.

Dans la version anglaise de son dernier livre, intitulé "Learning Planetizen Manifesto", François Taddéi plaide pour une collaboration à grande échelle afin de construire, avec le soutien, notamment, de l'Unesco, une planète apprenante et le développement de communautés d'apprentissage travaillant ensemble pour trouver des solutions durables pour atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD) de l'ONU. Soulignant que le concept de citoyenneté n'a jamais été un concept inclusif, il propose de lui substituer le terme de "planetizen" (planétoyens) pour rappeler à chacun son interdépendance planétaire. Si la citoyenneté a constitué un progrès face à la domination implacable des tyrans, en permettant l'accès à l'éducation, aux arts, à la science, au débat ouvert et à la démocratie, elle n'a jamais été pour autant un concept inclusif. La cité était dotée de murs qui séparaient les autochtones des étrangers. Parmi ceux qui vivaient entre ces murs, seuls les individus capables de défendre la cité des menaces extérieures, étaient éligibles au statut de citoyen excluant d'office les esclaves, les femmes et les enfants. Par-delà la cité, se trouvait la Nature, dont on extrayait la subsistance destinée à nourrir la population citoyenne et à la faire prospérer. A l'époque des Lumières, les Etats repensent la notion de citoyenneté, mais cette nouvelle définition n'est pas plus inclusive que la première. Une fois encore, les étrangers, les pauvres, les esclaves, les femmes et les enfants ne sont pas considérés comme des citoyens et ne peuvent pas voter ou s'exprimer sur les lois. Les Etats impériaux jouent des coudes pour exploiter les ressources naturelles et coloniser diverses parties du monde afin d'accumuler des richesses. De cette course au profit, nait l'esclavage, les guerres, et la surexploitation des ressources naturelles dont découlent les crises démocratiques, économiques, sanitaires, climatiques et l'effondrement de la biodiversité que nous connaissons aujourd'hui. Ces crises-là ne s'arrêtent pas aux murs des cités, aussi bien gardées soient-elles. Si les décisions concernant les questions locales et nationales se prennent à l'échelle des villes et des Etats, la résolution d'une crise qui n'a pas de frontière doit être envisagée à l'échelle planétaire. C'est pourquoi, en plus d'être des citoyens de nos Etats respectifs, nous devons apprendre à devenir des "planetizens" éthiques, inclusifs, et respectueux, à devenir de "bons ancêtres" pour les générations à venir, et pour reprendre les mots de Martin Luther King, à "planétiser le mouvement" (vidéo ci-dessous).

Agir en "bon ancêtre" pour les générations à venir.

Penser le monde et se penser soi-même en "Planetizen", en personne responsable pour les générations futures, a de nombreuses conséquences concrètes. Le phénomène des réfugiés est l'exemple d'une approche exclusive d'une partie de l'humanité au nom de la citoyenneté via la non-intégration de communautés humaines ou groupes ethniques. Avec la "planetizenship", l'idée d'un groupe ethnique qui ne serait pas à sa place ne fait plus aucun sens. En adoptant le concept de "planetizen", on abandonne l'idée selon laquelle l'individu mériterait des droits uniquement en échange de son engagement à défendre sa patrie, pour s'orienter vers le seul but collectif de viabilité de la planète pour tous. En ligne avec la démarche philosophique d'Edgar Morin (si bien exprimée dans le livre "Terre-Patrie"), la "Planetizenship" permettrait d'imaginer un sentiment de fraternité et d'appartenance qui s'appliquerait cette fois à toute la population terrestre, végétaux et animaux compris. Devenir "Planetizen", c'est mettre en commun notre conception des choses, nos actions, nos droits, nos institutions, nos objectifs et notre capacité à nous mettre d'accord sur la façon dont nous devons vivre ensemble sur cette terre. Comme le dit François Taddéi : "Planétiser, c'est repenser nos actions individuelles et collectives en se sentant observé par les yeux inquiets de notre planète épuisée ". Et si nous agissions en bons ancêtres pour les générations à venir ? Car nous pouvons et nous devons être la première génération de "Planetizens".

Dans la vidéo ci-dessus, conçue dans le cadre du Learning Planet Festival 2023 organisé par le Learning Planet Institute en partenariat avec l'Unesco, Ariana, inspirée par le nouveau chapitre du livre "Et si nous" de François Taddei, nous présente une conversation touchante entre une mère et sa fille, dévoilant le personnage du "Planetizen". Grâce à l'outil d'IA open source Stable Diffusion et au montage de Damien Sueur, cette histoire devient une expérience visuelle envoûtante. Plus qu'une simple histoire, c'est une invitation à réfléchir et à agir. "Et si nous... éveillions le Planetizen en nous, que pourrions-nous accomplir ?"

🙏 Merci de partager la vision du Learning Planet Institute et de nous accompagner !

Herve Brasebin

Directeur Général AudioNec & à ses heures perdues écrivain de cyberpolars tordus

1 ans

Oui c'est notre seule issue de secours avant de se prendre le mur en pleine face. Ce genre d'approche devrait être introduite dans la pensée économique pour que l'écologie devienne un paramètre de 1er niveau à introduire dans tous les modèles économiques qui tournent encore sur des logiciels de pensée du XIX siècle. Au secours....

Irmin Durand

Nurturing how we move together to reshape our world. | Communication | Collective imagination | Collaboration | Knowledge exchange | Community

1 ans

Great to see this powerful Planetizen concept proposed by François Taddei and Learning Planet Institute at the heart of such beautiful storytelling Damien Sueur Ariana Diarra.

Damien Sueur

Directeur des projets numériques et audiovisuels

1 ans

Merci pour ce post et la mention Nicolas Bordas ! Je suis ravi que ce récit d'Ariana Diarra, inspiré par le livre "Et si nous" de François Taddei, soit à nouveau partagé sous une nouvelle forme et prolonge ainsi le motto du festival qui l'a vu naître "Apprendre à prendre soin de soi, des autres et de la planète."

Bernard Roux de Bézieux

Directeur Général - Epicure AM

1 ans

Que de philosophie bien pensante..

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