Et vous, quel nom donneriez-vous à votre cyber startup?
L’inspiration vient en buvant.

Et vous, quel nom donneriez-vous à votre cyber startup?

Après avoir avalé une margarita (pas la pizza), englouti une Bloody Mary (pleine de grâce) et nettoyé mon œsophage avec une pina colada, dont la couleur blanche immaculée, mélangée au sang rouge de la vierge, me faisait déjà voir des éléphants roses, virevoltants au dessus de la piscine, me voilà dans l’état second nécessaire à une profonde réflexion que seules les vacances, et l’ennui au soleil chaud des canaris peut faire surgir. Entourés de maillots de bain chamarrés, avachis sur des transats dont l'horizontal semble être la position favorite, je m'interroge sur le pouvoir de la marque (et du brand..y).


Mais que diable avoir une pensée si délirante alors qu’ici tout le monde semble bien loin des tracas du monde en général, et de la cyber en particulier. Invoquer la finance en ce lieu magique eut été un affront à la bêtise des vacanciers (et rappeler la mienne), dont la couche enflait au fur à mesure que les verres se vidaient et l’esprit s’évadait . Mais la vue des bikinis, dont la matière première, probablement contrainte eu égard à la guerre en Ukraine, au Covid en Chine ou l’affreuse dictature macronienne en jeu à paris (et non à paume), réduisait la taille comme une peau de chagrin, m’inspira. 


Vous me direz que j’ai l’esprit chafouin (ou marsouin) mais où donc arborer la marque de l’entreprise pour éveiller l'attention des dormeurs en ce lieu circulaire dont le centre bleu, clapote et scintille sous la caresse des alizés. En rêvant un peu, il me sembla que tout ceci aurait été résolu en un claquement… de doigt en la présence autour du bassin d'Ophélie Winter. Je vois bien (et vous aussi) où afficher la marque. Il eut été plus difficile, à moins d’en réduire la taille à portion congrue, de l'imprimer sur les maillots de bain dont Liz Hurley faisait la réclame en ce moment. On eut eu plus de place sur la tenue de latex noir moulant, épousant les formes de Kate Beckinsale à condition de bien coller le motif, qui devrait subir pas mal de péripéties avant d’être vu et retenu (vous me direz, on colle bien les logos sur des formules 1). Il faut aussi penser en ce moment à déconstruire l’histoire et considérer qu’il n’y a pas que le corps féminin pour attirer l’attention. Sans vouloir m'attirer les foudres des zeus qui m’entourent, on aurait effectivement beaucoup plus de place pour positionner les logos sur les ventres protuberants des baigneurs, mais je ne vois pas bien qui regarderait à part avoir Brad Pitt dans l'hôtel (il ne pouvait pas retenu aux Césars qu il était) ou Gérard butler, en prise avec la fin du monde ou un détournement d’avion sur les grand écrans, et incapable donc de se couvrir en ce moment d’écran total sur la bannette d’à côté.


Mais tout d’abord, à la lueur des faibles lumières qui inventent les noms des entreprises, aurait-on vraiment intérêt de se préoccuper de cette question. Je ne sais pas vous, mais les trouveurs de noms, troubadours du marketing ne sont pas sortis de Saint Cyr, non plus de la cuisse de Jupiter, encore que possiblement de sa cuisine.


Leur source d’inspiration nécessiterait quelque peu de ces précieux liquides, spiritueux, faisant donc appel à l’esprit, tant à voir la banalité des oriflammes, on aurait l’impression que l’automne est arrivée (hommage à Jean Ferrat). Quel autre motif, que quelques catégories surannées, aurait pour effet d’éveiller en chacun d’entre nous une envie incompressible d’en savoir plus, et plus si affinités. 


Voyons ensemble les sources des lyres poétiques de appellations de nos pépites actuelles. 


Le point, plutôt que la ligne. Une réduction. Un arrêt. Une perspective brisée. Vous n’avez qu’à checker (checkpoint), avec force (forcepoint) et preuve (proofpoint) que les hackers ne pourront naviguer (sailpoint) dans aucune direction. Associée à cette idée de point fixe, est associée la force, autre apanage masculin décrié en ces temps nouveaux, mais si nécessaire pour la cyber. Fortinet qui mal y pense. Vulcain pour tailler (Vulcan cyber sec) au sein de ses forges les pierres (forgerock) frappées du sceau du divin afin d'être jetées par les foules (crowdstrike) en lutte pour leurs retraites contre les pirates gouvernementaux chaussés en Berlutti. Ils seront les premières sentinelles (sentinelone) guettant l’immensité des déserts de Buzatti pour prévenir des invasions évanescentes.


Point trop de poésie dans ces noms grégaires et arrogants. N’eut-il pas mieux valu de se tourner vers les bestiaires tant réputés au siècle dernier (ou avant dernier, le temps passant si vite). Tel un sphyraenidae (barracuda) sorti des eaux profondes avec ses dents acérées, moins malin qu’un renard (ZeroFox) et plus diurne qu’une chouette (Harfang). Tous les trois sont des prédateurs affûtés qui ne laissent que peu de chances à leur proies. Gare à leurs fesses s’ils pointent (ou tirent comme panisse) le bout de leurs nez. 


Autre veine. Autre mœurs. La couleur eut pu égayer notre sordide industrie (reposant sur les attaques et le vol) mais il ne semble pas que la morosité fut transpercée. La noirceur (Carbon black) des attaquants laissant peu de traces (darktrace), On est loin des ‘Yellow submarine’ ou des “purple rain” qui enchantent nos oreilles et ravivent nos sentiments.


Certains essaient bien de viser la lune pour atteindre les étoiles en cas d‘insuccès. L’emblématique Zénith est repris par (Z..scaler) dont la crainte est de caler. Le ciel est la limite pour certains (skyhigh) quand d’autres cherchent à protéger des intempéries de nuisance (stormshield) ou éclairir la grisaille des nuages (okta). Rien de divin dans tout cela mais une aspiration à l’élévation (de la protection)


Bien sûr la vie en geekland peut aussi offrir des débouchés pour les noms d’entreprises. F5 rappelle la touche éponyme qui sert à rafraîchir les pages web lorsqu’elles s’affichent trop lentement (j’aurai besoin à cet instant aussi d’un rafraîchissement). A10 suit les nomenclatures de l’air force américaine dont les avions A sont pour l’attaque, B pour bombarder, F pour “fighter” (on aurait dit C pour combat, mais il est utilisé pour Cargo). Le 10 est peut être simplement 2x5, donc deux fois meilleur? Quand à l’énigmatique 9 de bit9, est-ce un pied de nez aux 8 bits d’un octet, unité de base de l informatique hexadécimale, pour introduire un 3ème homme, élément étranger de l’espionnage orwellien.


Plus prosaïquement, on put choisir le lieu d’où est créée l entreprise comme Palo Alto, pour le réseau éponyme, San Francisco pour la darling tronquée à Cisco, voire le nom du train à grande vitesse qui relie journellement Boston à Newyork (rapid7). Imaginez le créateur parisien, utilisateur de la ligne 13, toujours bondée quand non en grève. CGT703 a venir…


Encore plus simple en reprenant le nom du créateur comme mcAfee, le McDonald de la cyber, ou Mandiant dont le fondateur s’appelle Mandia. Il aurait pu pasteuriser le lait (candia) ou inspiré la pitié (mendia). Comme quoi une lettre peut changer le monde (merci à Monsieur de Montesquieu et ses persannes). 


Finissons enfin par l’esprit (qui me manque tant sous ma casquette). La sagesse (sophos), l’inspiration (Egerie) et le salut éternel nous sauvant du déluge torrentiel des attaques (cyberark). 


A la lecture de ces quelques lignes, j’appellerai bien mon entreprise PF2 (delete, sur terminal IBM 3270 de ma jeunesse).


Et vous, quel serait le nom de votre future pépite? 


A vous lire, 

Hadi El-Khoury

Entrepreneur | Expert en Cybersécurité & Auteur 🛡️ | J’aide individus, jeunes & organisations à renforcer leur résilience numérique par la collaboration, l’écriture & l’engagement. Je forme les RSSI et les DPO.

1 ans

En ce qui nous concerne, nous l’avons appelée Knock Knock . Allez y jeter un oeil, nous sommes en plein parallèle avec les 12 travaux d’Hercule ;-)

Pierre-Yves HENTZEN

President & CEO @ STORMSHIELD, cybersecurity company of Airbus

1 ans

Bravo Jean-Charles pour l’originalité du post et merci pour la presence de Stormshield, bien placé pour savoir que trouver un nom à sa société de cyber n’est pas un exercice facile, on peut parfois ressortir quelque chose que l’on a déjà en stock pour un autre usage et lui redonner une seconde vie !

Stephane Rabette

Cybersecurity Advisor, Virtual CISO, Enhancing Enterprise Cyber Resilience

1 ans

Quel poète ce Jean-Charles !

Jean-Charles Labbat - j’aime bien Pharos - qui éclaire dans la nuit et la tempête ( mais c’est déjà pris ;) … il y a aussi Wiz les nouveaux magiciens de la cybersécurité … pour info concernant Vectra AI, son nom d’origine était TraceVector en 2010 pour ensuite inclure l’AI qui est au cœur de notre technologie .. si je devais choisir un nom je prendrais Bouba ( le petit ourson) car Panda est déjà pris ;)

Jérémie H.

Cybersecurity Key Account Manager

1 ans

J'aime bien le ton de votre article, je le partage au non cyber pour que ça devienne plus simple pour eux.😉 Je cherche encore comment y intégrer Varonis, dans l'ensemble 😅

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