Etre OK dans le Chaos ?

Etre OK dans le Chaos ?

Etre OK dans le Chaos ?


Mon activité de conseil dans des secteurs diversifiés m’amène à accompagner de nombreuses structures dans le cadre de réorganisations, de gestions de projets, de GPEC… et plus largement de conduites du changement. Cette même activité m’amène à répondre à de nombreux marchés publics et à travailler en collaboration avec de nombreux partenaires, eux-mêmes consultants. Et oui, l’interdépendance est devenue la règle !


Le chaos se caractérise principalement par 3 difficultés :

-       Gérer la complexité,

-       Gérer l’incertitude,

-       Accepter sa propre imperfection.


Inutile de vous convaincre que nous vivons une époque chaotique au regard de deux années de covid et maintenant de la guerre en Ukraine…


Toutefois, j’aimerais vous donner une explication plus proche de la réalité de chacun au travers d’une identification des facteurs de complexité et d’incertitude dans les organisations.


Commençons par la complexité. Celle-ci procède à mon avis très largement de la digitalisation. En effet, nous sommes amenés à gérer de plus en plus de données, une quantité de messages de plus en plus grande et interagir avec toujours plus d’interlocuteurs. Cette volumétrie et la complexité relationnelle qui en résulte, qui croissent de façon exponentielle, conduisent à des charges mentales et de travail de plus en plus élevées, qui confrontent tout un chacun à ses limites : limites en termes de temps de travail, limites en termes de facultés cognitives et relationnelles et limites en termes d’énergie mentale. Autrement dit, au-delà d’un certain point, la complexité devient ingérable, que ce soit pour l’individu ou l’organisation. Par ailleurs, même la simplification organisationnelle peut devenir ingérable car cette simplification devient elle-même excessivement complexe à réaliser... Cela accrédite d’ailleurs la thèse de Joseph Tainter pour qui les effondrements civilisationnels résulteraient d’une complexité excessive du système, conduisant à une situation de blocage : le système consomme plus d’énergie pour se maintenir qu’il n’en génère et se grippe. Explication autre que la digitalisation : la normalisation. C’est à mon avis un facteur de complexité assez prégnant. Il reste enfin un dernier : la mondialisation. Celle-ci semble toutefois engagée dans une phase de stabilisation (avec le covid et les guerres)…


Abordons maintenant la question de l’incertitude. Celle-ci est à mon avis assez largement une conséquence de la complexité. Plus nous multiplions les données et les relations, plus nous nous augmentons la probabilité d’être à un moment donné impactés par un événement ou un problème. L’incertitude croît donc mécaniquement pour l’individu et l’organisation en lien avec la complexité de son système propre, dans un contexte où son environnement lui-même devient de plus en plus incertain (évolutions des politiques, changement des règles du jeu…).


Alors, oui, dans ce contexte, il faut donc non seulement développer ses capacités cognitives et relationnelles mais également être en capacité de gérer un stress important et des émotions négatives (peur, colère…).


On comprend final assez bien la problématique : s’adapter à un environnement complexe et incertain, accepter son imperfection, développer ses « soft skills »… oui, mais jusqu’à un certain point. A ce sujet, chaque individu et chaque organisation atteindra à un moment donné ses limites donc son point de rupture.


Alors, que faire, au final ? :

-       Certes, gérer complexité et incertitude, compte-tenu que cela est devenu incontournable et fonctionner en mode VICA (1),

-       Mais également… veiller à limiter la complexité et l’incertitude.


Comment y parvenir ?


Quelques orientations, non exhaustives, ci-dessous :

-       En introduisant un degré de standardisation raisonnable,

-       En posant des règles simples, notamment comportementales, qui s’appliqueront à tous,

-       En favorisant l’émergence de comportements et de modalités de fonctionnement prévisibles,

-       En développant la cohésion du groupe,

-       En évitant les communications inutiles,

-       En développant un système d’information à la fois opérationnel et prenant appui sur des bases de données cohérentes,

-       En évitant que le système organisationnel, relationnel et informationnel ne consomme plus d’énergie qu’il n’en génère… autrement dit, s’assurer de générer un surplus d’énergie et consacrer cette énergie à la réponse à des enjeux externes,

-       Et enfin, en équilibrant « sens, processus et contenu » dans l’organisation, soit fabriquer du sens, s’assurer de la pertinence et de la cohérence des processus et obtenir des résultats concrets et rapides (les fameux « quick wins »). A ce sujet, travailler sur ces trois axes est d’ailleurs un bon moyen de prévention primaire des risques pyscho-sociaux et des conflits…


Et c’est bien à cela que je m’attèle dans mes missions : aider mes clients à gérer ce qu’ils perçoivent de plus en plus souvent comme ingérable… Le plus difficile sera au final pour moi de gérer la complexité de mon propre écosystème !


(1)   V : volatilité, I : incertitude, C : complexité, A : ambiguïté

Cédric Angelier

Accélérateur de particules apprenantes

2 ans

la seule certitude est l'incertitude 😉

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