Exempt du Deuil
Je vois l’odieux, l’abject et le méprisable se répandre
Sur une terre infestée par des mauvais fléaux
Je laisse couler en moi des larmes de cendre
et ne peux reconnaître ni le bon, ni le beau.
De l’instinct de tueur je me veux rendre maître,
Non par vertu, mais par pure empathie ;
Dans ce monde futile des condamnés à naître,
Je fais grâce à celui ou celle dont je sens l’envie.
La fervente enrôleuse des larmes par la peine,
La mort, cherche dans mes tripes, une continuité.
Je fais vœu d’une abstinence sûre et certaine ;
Jamais mon cœur sombre et froid n’enfanterait.
Pour perpétrer son souffle et sa chair sans scrupules,
Il faut se doter d’un espoir puissant,
Pressentir une aurore au lieu d'un crépuscule,
Dans le bain que font les armes et le sang.
Je ne crois plus en une terre sans guerres,
Je ne crois plus en une terre épurée,
Je ne vois apparaitre que des chimères
Des idéaux fous et des délires armés.
Je ne peux que me recueillir sur nos victimes ;
Haïr les gouvernants et les combattants,
Je suis à genoux devant mes rêves en ruine,
les pleurs que je vois et les cris que j'entends.
Quel prix doit on payer pour une victoire future?
Est-ce ça, la victoire qui fondera la justice et la paix ?
Ne vis que dans mon cœur, ô ma progéniture,
Je suis dépourvu de tendresse alors ne m’en veux jamais.
Je garderai, de la sorte, mon espèce et ma race
Cloitrer, en moi-même, l’ignominie du sort,
Et s’il est vain d'aimer pour qui jamais n'embrasse,
Alors, exempt du deuil, je n’aurais qu'une mort.