Fashion Week : le handicap toujours pas à la mode ?

Fashion Week : le handicap toujours pas à la mode ?

Le handicap est encore trop peu représenté dans le secteur de la mode. Ce début du mois d'octobre a vu se clôturer la Paris Fashion Week, une semaine consacrée à la mode qui se perpétue - notamment - dans la ville lumière tous les 6 mois depuis le milieu des années 70. Une semaine pour découvrir défilés et autres événements consacrés à la haute couture ou au prêt-à-porter. Une semaine également pour apprécier les innovations du secteur, y compris sur le volet social. Là où certaines institutions ou certains secteurs entendent refléter toute la diversité de notre monde, d’autres sont encore en retard ou ont carrément occulté le sujet. Où en est-on aujourd’hui sur l’inclusion dans la mode ?

La France très en retard sur la représentation du handicap dans la mode

Selon un chiffre de l’OMS publié récemment, environ 15% de la population mondiale présentent une forme ou une autre de handicap (soit un peu plus d’un milliard de personnes). Une part significative de la population qui reste toutefois peu visible de l’espace public et quasi absente des podiums investis par les marques issues de la mode. Souvent pointées du doigt pour leur manque de diversité et leur fâcheuse tendance à refléter un standard physique jugé toxique, en particulier après des jeunes, les défilés de mode peinent à progresser et peu de créateur évoque l’accessibilité et l’adaptabilité de leur collection aux personnes en situation de handicap. Et la France n’est pas un moteur de progrès. Fortement ancrée dans une tradition et une culture symbolisant l’excellence, la perfection selon des vieux standards, notre pays semble bloqué dans son temps et peine à apporter plus d’inclusion dans ses défilés et à mieux représenter sa population, pourtant riche en termes de diversité. L’un des seuls mannequins en situation de handicap très exposé sur l’espace public français est le nageur handisport Théo Curin, amputé des quatre membres. Il a signé en 2019 un partenariat avec une filiale du Groupe L’Oréal, Biotherm Homme, une marque de soin masculin. Par ailleurs, l’école parisienne International Fashion Academy fait office d’ovni dans le paysage de la mode car elle est l’une des seules à inclure la dimension handicap dans ses activités.

Des avancées notables à l’étranger mais attention au handi-washing

A l’étranger, on remarque que certaines marques mettent aujourd’hui bien plus en avant la diversité dans leurs activités. À l’occasion de l’édition de Milan de la Fashion Week 2022, la marque Versace a par exemple fait défiler Precious Lee, mannequin noire qui incarne au niveau mondial la mode plus-size, c’est-à-dire les vêtements grandes tailles. Une avancée côté diversité certes, mais dans un secteur où la représentativité des personnes en situation de handicap demeure marginale. Toutefois, il existe quelques exceptions et depuis quelques années, de grandes marques prennent comme égérie des mannequins en situation de handicap afin de mettre en avant d’autres corps. Victoria’s Secret s’est notamment démarquée l'année dernière : elle a choisi comme égérie la mannequin portoricaine Sofía Jirau, atteinte de trisomie 21. Porteuse de la même maladie, la mannequin Ellie Goldstein est quant à elle l’égérie de la nouvelle campagne d’Adidas "Always Original", centrée sur les individualités de chacune et chacun. Autre exemple, la marque Moschino a sélectionné Aaron Philip, mannequin noire, transgenre et en fauteuil roulant, pour représenter sa collection Printemps/Eté 2022, dévoilée à New York en septembre dernier. Un risque cependant à cette exposition de plus en plus fréquente, le handi-washing, c’est-à-dire le risque que les marques ne fassent que de l’affichage, sans pour autant adapter leurs collections aux personnes en situation de handicap ni proposer des défilés plus représentatifs de la population mondiale.

Pour tout savoir des dernières innovations en matière d'inclusion et de représentation des diversités, ça se passe sur Inclusiv'Day, le grand rendez-vous des organisations inclusives et des innovations sociales, qui revient le 10 avril 2024 à Paris La Défense Arena. Un événement organisé par le Groupe Les Echos-Le Parisien avec le soutien de nombreux partenaires.


Delphine Venitucci, MBA

Entrepreneur and international Strategy leader, developing creative growth plans to boost performance of brands and products. Expertise in turnaround and startup environments.

1 ans

Je comprends la mise en garde concernant le handi-washing, mais finalement, est-ce si important ? Si les marques investissent le segment de la mode inclusive, c'est plutôt une bonne nouvelle, quelle qu'en soit la raison. De plus, contrairement au green washing qui peut facilement se camoufler via quelques logos eco-friendly obtenus grâce à des chartes plus ou moins contraignantes, dans les cadre du handicap, les marques développent concrètement une nouvelle offre de produits pour les clients porteurs de handicaps En conclusion, ne soyons pas naïfs. Certaines marques s’embarquent sur le créneau de la mode inclusive, qu’il s’agisse de tailles ou de handicap, pour des raisons d’image. Mais finalement, si cela permet enfin de voir une offre exister, alors c’est positif. 

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