Miss France 2024 : l’exemple parfait du manque de diversité à l’écran
Ce samedi dernier 16 décembre 2023 a eu lieu l’élection de Miss France 2024, un show qui demeure très populaire en France et qui est toujours suivi par des millions de téléspectateurs. Une émission présentée par l’infatigable Jean-Pierre Foucault, 76 ans, aux commandes depuis 1995, et qui est en pleine polémique avec en cause la diffusion d’images volées mettant en scène des candidates seins nus en 2018. C’est dans ce contexte tourmenté qu’a eu lieu cette nouvelle édition et c’est Miss Pas-de-Calais, Eve Gilles, qui a été élue Miss France 2024. Une Miss présentée comme pas ordinaire en raison de… ses cheveux courts. On arrête plus le progrès chez Miss France…
Un concours à fond sur la diversité, en théorie seulement
« Pour la première fois, il y a une jeune femme qui a les cheveux courts ». Quelle avancée ! (rire ironique). De là à parler de diversité… Si les critères de sélection ont été eux assouplis, la diversité des profils reste invisible, également à la vue de la photo de classe de cette promo 2024. On éprouve toujours un sentiment d’uniformité très fort. Parmi les assouplissements de cette année, on notera que la limite d’âge (auparavant fixée à 24 ans) a été abolie. Dans les faits, la moyenne d’âge de ce concours est de moins de 22 ans et la « doyenne » a… 28 ans. Aucune des candidates n’est mère de famille. Elles sont toutes immenses et très minces, comme d’habitude. Sur le sujet de la taille, elle reste fixée à 1m70 minimum avec pour raison : « C’est un point technique bloquant. L’émission est en direct, et on ne sait pas à l’avance quelles candidates vont passer les étapes, on ne peut pas faire des robes qui vont à des filles de 1,60 m comme de 1,80 m, ni faire des ourlets en direct. ». Mouai…
Le concours Miss France doit être totalement repensé, mais c’est un avis personnel
L’élection de Eve Gilles a été suivie par une vague de propos discriminatoires sur Internet. Les cheveux courts c’était décidément trop pour une partie du public, qui veut une femme qui a des formes et qui a les cheveux longs. C’est tout le dilemme de ce concours (à mon sens désuet et qui doit totalement être repensé, la tradition et l’histoire étant un contre-argument trop facile). Une partie du public progressiste qui demande, à juste de titre, davantage de représentativité, et l’autre partie, plus conservatrice, qui exige qu’on ne touche pas au stéréotype de la femme parfaite des défilés de mode de jadis. Et pour un concours suivi également par de nombreuses petites filles qui ont des étoiles plein les yeux, Miss France doit refléter la diversité de notre société c’est impératif.
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La France très en retard sur la représentativité du handicap dans la mode
Autre sujet, celui du handicap. Alors certes un concours existe (Miss Handi France), mais le fait qu’il soit à l’écart du concours principal stigmatise encore davantage selon moi les candidates en situation de handicap. Selon un chiffre de l’OMS publié récemment, environ 15% de la population mondiale présente une forme ou une autre de handicap (soit un peu plus d’un milliard de personnes). Une part significative de la population qui reste toutefois peu visible de l’espace public et quasi absente des podiums investis par les marques issues de la mode, y compris les concours de beauté. Souvent pointées du doigt pour leur manque de diversité et leur fâcheuse tendance à refléter un standard physique jugé toxique, en particulier après des jeunes, les défilés de mode peinent à progresser et peu de créateur évoque l’accessibilité et l’adaptabilité de leur collection aux personnes en situation de handicap. Et la France n’est pas un moteur de progrès. Fortement ancrée dans une tradition et une culture symbolisant l’excellence, la perfection selon des vieux standards, notre pays semble bloqué dans son temps et peine à apporter plus d’inclusion dans ses défilés et à mieux représenter sa population, pourtant riche en termes de diversité.
Pour tout savoir des dernières innovations en matière d'inclusion et de représentation des diversités, ça se passe sur Inclusiv'Day, le grand rendez-vous des organisations inclusives et des innovations sociales, qui revient le 10 avril 2024 à Paris La Défense Arena. Un événement organisé par le Groupe Les Echos-Le Parisien avec le soutien de nombreux partenaires.
Conférencière TEDx Tech Leader engagée | Entrepreuneuse | Conseil stratégique 19 Distinctions 🏆 Ambassadrice Impact France👩💼 Manifeste IA inclusive 📜 Collectif «Tous uniques, tous différents, tous du talent ! »
1 ansIl ne faut pas oublier que la diversité ne peut exister/s’exprimer sans inclusivite L’inclusion devrait être un devoir, une responsabilité et inscrire comme valeur fondamentale , ce n’est pas une option ! La diversité est l’objectif, l’inclusion est une volonté qui passe par des actes concrets et en effet ..nous sommes très loin du compte 😢
Consultante, Formatrice RH et coach chez Reveal-RH
1 ansMerci Nathan Bréchon pour ce post : j'étais egalement attérée de voir effectivement que rien ne change avec ce concours !! Un concours pourquoi pas, mais reprentatif des vraies femmes de notre société. Pour vendre du rêves ( faux reves ! ) à certaines on a encore les dessins animés de Disney !!
Marketing Director, Head of France & Belgium & European Employer Brand Lead
1 ansMerci Nathan pour ce partage. Un tel concours a t’il encore sa place dans notre société actuelle ? Moi j’ai envie de dire non mais chacun son avis 😉