Fast fashion : les dérives d'une mode à contre-sens

Fast fashion : les dérives d'une mode à contre-sens

Quoi de mieux qu'une virée shopping pour choisir un nouveau maillot ou la robe du prochain mariage de cet été ? Derrière ce plaisir décomplexé, une immense industrie travaille d'arrache-pied pour sortir de nouvelles créations de plus en plus rapidement : la fast fashion.

Déjà, posons les bases : qu'est-ce que la fast fashion ?

Le principe est de produire vite et vendre à petits prix, des produits destinés à être remplacés d’une saison sur l’autre par l’acheteur.

Zara et H&M, les marques référentes de la fast fashion, ont même accéléré le rythme ces dernières décennies. Elles ne proposent plus une collection l’hiver et une l’été, mais se renouvellent toutes les trois semaines. 

Pour correspondre aux tendances de l'instant T, ces marques doivent donc produire dans les meilleurs délais. Ajoutez à cela des prix très accessibles, ce processus incite au maximum le renouvellement de notre garde-robe.

Cette mode rapide, adaptée aux tendances et au porte-feuille des clients pourrait sembler louable, n'est-ce pas? Mais la fast fashion est un iceberg cachant une partie immergée bien moins glamour que l'image qu'elle se donne...

Des petits prix... À quel prix ?

Pour avoir des prix très accessibles, il faut pouvoir couper les coûts partout où l'on peut dans le processus de fabrication.

Cette optimisation des coûts peut alors passer par :

  • une main d’œuvre payée au plus bas
  • une exigence de productivité intensive
  • des matières de moins bonne qualité
  • une diminution du contrôle qualité
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Des conditions de travail négligées

Très largement, les grandes marques font appel à la main d’œuvre bon marché des pays de l’est de l’Europe, et de l’Asie (le fameux made In China). Faites le test : Regardez les étiquettes de votre t-shirt et pantalon.

Les marques coupent ainsi les coûts à la source, en payant le moins possible les ouvriers.

En mai dernier, un rapport du Centre Stern révélait que le gouvernement éthiopien avait bradé le salaire minimum légal des ouvrières textiles à ...23€ par mois ! Leur ambition est de séduire les investisseurs de la mode. Une nouvelle concurrence aux ateliers chinois, référence en la matière ?

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En 2013, l'effondrement de l'atelier textile du Rana Plaza fit 1 130 morts au Bangladesh. Des milliers d'ouvriers y travaillaient pour les plus grandes marques occidentales (Camaïeu, Mango, Benetton, In Extenso (Auchan)...). Après l'apparition de fissures, des consignes d'évacuation avaient été données la veille. Cependant, ces alertes ont été ignorées par les responsables d'ateliers. Cet accident se classe parmi les catastrophes les plus meurtrières de l'histoire du travail, et est devenu un des symboles des abus de la Fast Fashion.

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Concentration et accroissement des quantités imposent la réunion d'un grand nombre de travailleurs. Mais les conditions de travail et des installations ne suivent pas toujours.

Une surproduction de vêtements

Le renouvellement ininterrompu des collections a pour conséquence l'accumulation des invendus. Ces derniers finissent généralement brulés ou détruits.

60 tonnes : c'est la quantité d'invendus brulés par H&M depuis 2013, selon une enquête danoise.

Par ailleurs, à peine 0,1 % des vêtements collectés par les œuvres de bienfaisance et les programmes de récupération sont recyclés pour fabriquer de nouvelles fibres textiles.

La mode, aussi touchée par l'obsolescence programmée

Évidemment, quand on accumule indéfiniment l'offre, le placard des clients commence à déborder. La logique voudrait qu'on arrête d'acheter par manque de place. C'est à ce moment là que l'obsolescence programmée entre en jeu et tient un rôle central pour faire rouler la machine de la fast fashion.

En effet, vendre un produit de mauvaise qualité assure le retour du client qui cherchera à remplacer sa perte ! Un cycle de production-destruction et d'achats répétés s'enclenche.

Exemple : aujourd’hui, le collant est à usage quasi-unique

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Vite achetés, vite troués, vite jetés : en moyenne, ils représentent près de 7 315 tonnes de déchets par an. Et pourtant, demandez à vos mères ou grand-mères, leurs collants se filaient-ils au bout de deux soirées ?

Pour HOP (l'association Halte à L'obsolescence programmée), il s’agit d’une tactique délibérée (presque ancestrale pour le coup) de la part des fabricants : « en 1937, un chimiste de la firme DuPont de Nemours dépose le brevet d’une fibre textile particulièrement résistante, quasiment inusable : le nylon. Très rapidement les consommatrices réservent aux premiers bas de nylon un succès fulgurant qui fait vite réfléchir les commerciaux : inusable = durable = pas renouvelé = perte de profit. La formule chimique sera vite modifiée afin de fragiliser le tissage. Depuis, les bas filent et finissent à la poubelle parfois au bout de seulement quelques heures d’utilisation »

Aujourd’hui le processus de conception explique l'extrême fragilité des collants : fils de moins bonne qualité et non doublés, tricotage plus rapide, finitions non réalisées à la main. 

Les fabricants, eux, rétorquent que les consommatrices ne veulent pas payer plus cher une paire de collants plus résistants, et qu’ils sont donc obligés de fabriquer des articles bon marché, donc peu solides.

Ce point relevé (de mauvaise foi ou non) par les fabricants est essentiel : les consommateurs ont aussi un rôle à jouer pour ralentir voir stopper la fast fashion. Mais sommes-nous prêts à changer notre relation avec les vêtements et objets du quotidien ? À changer nos habitudes de consommation pour choisir le durable et non plus l'impulsif ?

La fast fashion est impulsive quand la slow fashion mise sur le durable.

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Crédo de la mode raisonnée : Achète moins, choisis bien, fais le durer. La qualité et non plus la quantité !

Une réponse par le Slow Fashion : l'exemple de Mazonia

À contre-courant du fast fashion, Mazonia entend donner un sens à la mode. Cette marque éthique valorise un savoir-faire ancestral transmis de génération en génération au sein des communautés amérindiennes Wayuu.

Les sacs traditionnels Wayuu suivent la règle des trois T : Temps - Talent - Tradition. Maille après maille, un seul sac demande 4 à 10 jours de travail à la tisserande, selon le modèle.

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Privilégier la qualité

L’artisanat Wayuu est un art. Les "mochilas" Wayuus sont réalisées par les tisserandes avec soin et habilité, pour durer dans le temps. L'obsolescence programmée n'a ni logique ni existence au sein de cette ethnie amérindienne. Exemple : La bandoulière du sac, la "gaza", est assez large pour permettre de porter le sac sur le front, et soulever de lourdes charges.


Participer à une production sensée

Deux modes de fabrication raisonnée sont opérés chez Mazonia :

  • Les séries limitées : pour en finir avec la consommation de masse standardisée et rester à échelle humaine.
  • La précommande : le nombre de sacs commandés est produit, point. Pas de surproduction, pas d’invendus, pas de gaspillage.

Contribuer à une cause sociale

Les tisserandes Wayuu sont rémunérées trois fois le prix du marché. Mazonia participe à la préservation d'un artisanat ancestral, en se rendant directement au sein des communautés. L'accès au travail sur place freine la fuite des jeunes Wayuu dans les villes, qui partent pour envoyer de la nourriture à leur famille restée dans les communautés.

Découvrez ce projet éthique juste ici : lien

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Consommer moins et mieux, pour un monde plus juste :

C'est possible !

www.mazonia.fr

Maryse Myriam Hania

Executive Coach, spécialisée dans l'accompagnement axé sur les talents. Découvrir sa voie/voix.

5 ans

Un article qui fait sens 👏👏👏

Thomas Tieyre

Antibrouillard des solopreneurs | Ton entreprise solo = un écosystème générateur de CA croissant et écologique pour toi ❤️ | 200+ clients accompagnés | Coach Business & Personnel 1:1

5 ans

Un portrait fidèle de la fast fashion, qui montre que les entreprises ne sont pas seules dans le bâteau, et que les consommateurs ont leur mot à dire (et leur portefeuille à brandir) pour faire évoluer les choses. Bravo Daphnée pour ce beau projet éthique, durable et porteur de sens. Tous mes voeux de réussite ! 

Raphaëlle Toledano

Chief Marketing Officer at GROUPE BON MARCHÉ : Le Bon Marché Rive Gauche et La Grande Epicerie de Paris.

5 ans

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