Faut il choisir ses batailles pour l’environnement ?
L’été que nous avons passé dans l’hémisphère nord avec ses records de température en Asie, Europe et Amérique du Nord, son accumulation de phénomènes climatiques extrêmes, ses incendies, ne semble toujours pas être de nature à engager vigoureusement les états et les citoyens du monde vers le bas carbone. En France, quand le gouvernement Macron a dévoilé en septembre ses nouvelles mesures environnement, j’avoue que j’ai retrouvé un tout petit peu le sourire avec des décisions très concrètes en matière de bâtiments, de transport, d’énergie verte, ou encore de décarbonation de la production des usines les plus polluantes en France... Malgré tout, rien sur certains sujets comme l’alimentation carnée, ou un autre, en première abord plus technique, comme le prix carbone.
Et pourtant, j’ai découvert, sur la recommandation du club open prospective animé par Orange , l’outil EN-ROADS, développé par le MIT. C’est un simulateur à l’échelle mondiale de la dérive climatique qui modélise les différents facteurs qui influencent notablement les émissions de CO2. C’est en fait très pédagogique. Essayez ! Vous vous rendrez vite compte en l'utilisant qu’il faut savoir agir et se transformer dans tous les domaines pour réussir à inverser durablement les courbes. Rien d’étonnant, à part qu’il y un facteur qui sort du lot et qui semble être structurel: c’est le prix carbone.
L’idée du prix carbone est pour les entreprises et les institutions publics de devoir acheter des crédits carbones qui correspondent à ce qu'ils émettent. Il y a différents dispositifs possibles de mise en œuvre d’un tel concept, mais tous ont un seul but : amener, par l’outil économique, les émetteurs de CO2 à réduire leurs émissions, à orienter leurs investissements vers la décarbonation en intégrant l’ensemble de leur chaine industrielle, y compris amont et aval, en encourageant l’innovation, et en permettant de financer certaines politiques publiques. Alors pourquoi les états ne se mobilisent pas d’avantage pour utiliser se levier pour résolument mettre tout le monde, entreprises et pouvoir publics, sur le chemin de la neutralité carbone ?
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Selon la banque mondiale, encore seulement 23% des émissions CO2 mondiales sont régies par un prix carbone et ce prix reste très bas. Seulement 5% des émissions de CO2 le sont à un prix qui soit dans l’objectif des accords de Paris, c’est-à-dire entre 60 et 120 € / ton CO2 en 2023. Selon le modèle du MIT, un prix tout de suite de 250 € à l’échelle mondiale aurait l’effet voulu sur notre maitrise de la dérive climat. De quoi espérer ? Concrètement Il n’y a réellement qu'en Europe que l'on voit à ce jour des débuts de politique sur le sujet et les grands émetteurs de CO2 à l’échelle mondiale n’y sont pas.
Comme dans la plupart des domaines, la bataille de l’environnement se joue peut-être d’abord sur ce terrain d’une incitation économique par les prix ? Ce prix carbone n’est-il pas d’ailleurs un bon indicateur de la réelle volonté des états et de nos sociétés à s’engager pour le climat ?