Faut-il replonger dans ses souvenirs douloureux pour s'en libérer ?
Toute expérience douloureuse, qu'il s'agisse d'un deuil, d'une séparation, d'un accident, d'actes violents, de harcèlement,… laisse des traces dans la durée, au plus profond de nous-même, dans notre esprit, notre cœur mais aussi notre corps… Cela peut avoir une influence néfaste sur nos comportements, mais aussi ancrer en nous des croyances ou des visions déformées du monde qui nous entoure.
Si nous souhaitons être totalement nous-même et vivre pleinement notre vie, il nous faut nous libérer des programmes qu'ont câblés en nous nos souvenirs douloureux du passé…
Les deux stratégies
Pour nous en libérer, deux stratégies se présentent à nous :
La première approche est basée sur l'utilisation des contraires (du positif pour contrer le négatif) et la seconde sur l'amplification du négatif.
Les deux types d'approches donnent de bons résultats, si l'on s'en tient aux nombreuses études menées pour valider cliniquement ces méthodes. La première approche peut sembler cependant moins pénible car ne nécessitant pas de replonger dans le souvenir douloureux. Mais ne consiste-t-elle pas à mettre une jolie peinture sur un mur abîmé sans le nettoyer au préalable ?
Replonger dans le souvenir par l'imagination
Une étude parue dans la revue "Neuron" en novembre 2018*, semble mettre en avant l'intérêt des thérapies d'exposition (celles du second type) par rapport aux thérapies positives, en tout cas lorsqu'il s'agit de se libérer d'une peur et de ce qui peut en découler (anxiété, phobie, stress post-traumatique,…).
Recommandé par LinkedIn
Exposition
Cette recherche américaine, a travaillé sur un échantillon de 68 volontaires. Chacun d'eux a été soumis de façon répété à un son menaçant associé à un petit choc électrique (désagréable, mais non douloureux, rassurez-vous !). De quoi ancrer en eux une réelle peur de ce son menaçant !
Imagination
Les participants ont ensuite été répartis en 3 groupes, soit exposés au même son menaçant, soit invités, à « se jouer le son dans la tête », soit à imaginer d'agréables chants d'oiseaux. Durant l’expérience, leur activité cérébrale est analysée par IRM fonctionnelle. L’expérience montre une similitude de l'activité cérébrale dans les zones associées à la peur, au risque et à l'aversion chez les participants lorsqu’ils sont réellement exposés ou lorsqu’ils imaginent être exposés au son menaçant.
Extinction
Après des expositions répétées au son déplaisant, mais sans le choc, les participants des groupes de menaces réelles et imaginaires connaissent « l’extinction ». Le stimulus – le son – associé à la peur ne provoque plus aucune réaction de peur. Le cerveau a donc appris à ne plus avoir peur et cet apprentissage peut se faire par l’imagination : « Statistiquement, l'exposition réelle et l’exposition imaginaire à la menace ne sont pas différentes au niveau du cerveau et l'imagination fonctionne tout aussi bien », d'après l'équipe en charge de cette étude.
Cette extinction ne se produit pas pour le groupe qui a imaginé les chants d'oiseaux.
Avantage à la stratégie d'exposition
On a tendance à penser que pour réduire sa peur ou plus généralement ses émotions négatives, il faut imaginer quelque chose de « positif » : quelque chose de bien, de beau ou de bon. Mais en fait de se replonger dans la menace – par l'imagination afin de ne prendre aucun risque réel – tout en ne ressentant aucune conséquence physique négative, pourrait être une stratégie beaucoup plus efficace !
L'EFT, technique de libération émotionnelle que je pratique régulièrement, fonctionne exactement suivant ce principe : on replonge dans le souvenir par l'imagination et on apaise le corps simultanément grâce à l'auto-stimulation de points méridiens… Depuis que j'ai pris connaissance de cette étude, je comprends d'autant mieux son efficacité remarquable dans le traitement des peurs, anxiétés, phobies, ruminations et comportements répétitifs néfastes !
Olivier Broni