Film animation : "Shaun 2", décryptage avec les réalisateurs :« Shaun le mouton : la ferme contre-attaque », s’avère toujours aussi artisanal.
Quatre ans de travail, 120 personnes impliquées, des décors et personnages fabriqués à la main : après le succès en 2015 d'un premier long-métrage tiré d'une série animée, la suite « Shaun le mouton : la ferme contre-attaque », sort ce mercredi. Cette fois, Shaun, ses amis moutons, le chien, et le fermier vont protéger une enfant alien égarée près de leur ferme… Avant de voyager dans l'espace avec elle. Ce film d'animation, signé des studios britanniques Aardman (« Wallace et Gromit », « Chicken Run »…), fait cohabiter artisanat et science-fiction, comme l'expliquent les réalisateurs Will Becher et Richard Phelan.
Les deux réalisateurs se sont demandé, après le succès du premier volet, ce qu'ils pouvaient apporter de nouveau. « On s'est vite décidés pour un film de genre, mais qui collerait à nos personnages : de la science-fiction d'une autre époque, façon années 50, très bricolée et à l'ancienne, sourit Richard Phelan. Il y avait matière à bien nous amuser avec ça. Fabriquer des robots et des engins spatiaux à l'ancienne et déglingués, ça correspondait bien à l'état d'esprit des héros de Shaun. »
Si le studio Aardman est réputé pour son excellence dans la fabrication et l'animation de ses personnages, il passe plus de temps à peaufiner ses histoires. « On est très différents des grands studios américains d'animation, explique Richard Phelan, mais on se rejoint tous sur un point : c'est l'histoire qui fait la réussite d'un film d'animation, pas les images. Si tout n'a pas été pensé en amont, le film sera raté, quelle que soit sa qualité graphique. »
Deux ans pour trouver les bons gags
Les deux compères et leurs scénaristes ont donc passé deux ans à fignoler leurs gags et leurs séquences émouvantes pour cette suite, « avec de nombreuses réécritures, le tout accompagné de centaines de milliers de dessins préparatoires ».
Le studio anglais, basé à Bristol, qui s'est fait connaître avec « Wallace et Gromit », est le spécialiste mondial d'une technique d'animation très spécifique : des personnages - à l'échelle 1/7e - dont le corps animé est un squelette métallique recouvert de silicone, plongés dans des décors construits à la main et filmés image par image, sur la base d'histoires dopées à l'humour britannique.
Rodées à l'exercice, les équipes, plus habitées à construire des décors de paysages champêtres ou d'intérieurs « so british », ont dû s'adapter à la science-fiction. « Nous avons tourné sur des plateaux plus grands que d'ordinaire à cause de la taille de certains robots ou soucoupes volantes. Presque tout ce qu'on voit à l'écran a été modelé, construit, assemblé et peint à Bristol », soulignent les réalisateurs. Conserver cet esprit artisanal a parfois donné des sueurs froides au duo, qui se souvient de « ce grand vaisseau spatial qui intègre 10 000 ampoules LED que nous avons insérées et éclairées une par une, et qui était soulevé par des câbles en acier durant les prises ».
De même, tous les plans de l'espace ont été peints à la main. « On a beaucoup réutilisé d'anciens éléments comme les yeux et les bouches, ce que l'on fait toujours chez Aardman, précise Will Becher, mais on a aussi beaucoup construit de toutes pièces, et utilisé une nouvelle sorte de silicone pour la finition des personnages. » Au final, le studio a abouti à un joli… ovni cinématographique, éblouissant sur la forme, très touchant, et hilarant.
Source : Le Parisien - Renaud Baronian