Finir l'année en musique ?
Cathédrale de Bourges, crédit : ville de Bourges

Finir l'année en musique ?

L’intention serait prometteuse...  s’il s’agissait seulement de cadences parfaites, et d’harmonies flatteuses, au point d’orgue de l’année 2023. Mais il reste tellement de vibrations instables en cette fin d’année, qui attendent leur résolution, en jouant au besoin avec la sensible : cette année se termine sur quelques dissonances ennuyeuses. De celles qui taraudent les tympans, forcent l’attention et laissent sur un sentiment de malaise.


Il y a bien ces dissonances quotidiennes, dans l’approche de la lutte contre les causes et les effets du réchauffement climatique : le méthaniseur, vecteur de décarbonation, implanté sur un terrain considéré comme non artificialisé. Décarbonation rapide et zéro artificialisation nette. Dissonance. La piste cyclable, le tourisme de masse, l’éolien en mer ou l’éclairage public nous offriraient d’autres exemples de ces carrefours intellectuels, devant lesquels nous sommes forcés de nous présenter urgemment, et dans lesquels nous sommes pressés de nous orienter. Le choix politique, citoyen est difficile, contraint et laisse assez souvent insatisfait : qu’a-t-on fait de la question sociale. A-t-on prévu l’égalité de traitement dans la course à la décarbonation ? Dissonance.

Le rapport à l’eau (que l’on se soucie du trop ou du trop peu) nous amène à ce type de dilemme, avec le sentiment concomitant que notre pronostic vital d’urbain, de citoyen, d’humain est engagé : aménager l’espace pour garantir la sûreté d’approvisionnement ou la sécurité des habitants d’une part… et composer, en équilibre instable, avec la préservation de certaines formes de vie « non-humaines » d’autre part…  Ou arbitrer entre différents usages de l’eau, tous légitimes à l’heure des transitions urgentes : eau nécessaire au déploiement d’une industrie « verte », eau nécessaire à la production d’énergie décarbonée, eau nécessaire à l’agriculture raisonnée… Dissonance.

La COP 28 s’est terminée à Dubaï, avec les résultats qu’on sait : un texte diplomatique qui d’un habile « phase out » (tortueusement traduit par « transition vers la fin ») traite en effet, pour la première fois, en terre émiratie de surcroît, de l’avenir des énergies fossiles. Evoquer l’intention d’une sortie des énergies fossiles au cœur d’une pétromonarchie : de nombreuses ONG y ont vu un accord parfait. D’autres une série de dissonances. Dans le fossé entre puissances occidentales et pays en développement, dans la posture de l’OPEP, dans le sort réservé au gaz naturel… Mais le morceau n’était pas fini : la prochaine COP29 aura lieu à Bakou en Azerbaïdjan. De ce fait, le pays d’Ilham Aliyev, de surcroît gros exportateur de gaz naturel, va de ce fait devenir un haut lieu de la diplomatie écologique. Légitimé par ce rassemblement mondial aux enjeux universels. Dissonance assourdissante.

Souhaitons que 2024 nous fournisse les éléments de quelques accords symphoniques majeurs, puisés dans la multiplicité de judicieuses négociations locales, dans l’inventivité bouillonnante des tissus associatifs locaux, dans le panel des équilibres soigneusement réfléchis et des solutions ad hoc. La Fabrique de la Cité, en bon arrangeur musical, s’engage à y travailler !    

 

Céline Acharian, directrice générale de La Fabrique de la Cité


La Fabrique de la Cité en images

Après avoir étudié les phénomènes de densité, le projet "La France Habitée" mené par Jean Coldefy, expert mobilité, et Jacques Lévy, géographe, s'est concentré sur les rythmes de ces mobilités, plus particulièrement dans le périurbain où il semble y avoir le plus de mouvements. Car, à l’instar des êtres humains, les lieux ont une personnalité, un tempérament : ici on se lève tôt, là on va en weekend. Jean Coldefy et Jacques Lévy ont présenté les derniers résultats de leur travail lors d'un événement le 12 décembre chez Leonard. Ils se sont penchés sur les rythmes des mouvements entre lieux de résidences et lieux de travail ou de villégiature donnant ainsi un éclairage tout particulier à ce que signifie « habiter ».


NOUVELLES PUBLICATIONS


Lisbonne, au-delà du Tage

Quel meilleur endroit qu’un estuaire pour observer les dynamiques entre la ville, son fleuve et son port ? Lisbonne, son récent renouveau urbain, son port enclavé dans le centre-ville, est à cet égard un exemple que La Fabrique de la Cité est allée étudier lors d’une expédition urbaine en novembre 2023. Du partage des usages à l’adaptation des infrastructures portuaires, nos productions reviennent sur les nombreux défis qui attendent la capitale lisboète, défis qui peuvent faire échos aux problématiques rencontrées par d’autres villes fluviales et portuaires.

Lire le portrait de Lisbonne

 

Bourges, un avenir entre nature et culture

Récemment choisie pour être capitale européenne de la culture 2028, la ville de Bourges a su tirer son épingle du jeu en valorisant son patrimoine exceptionnel à la fois culturel et naturel. Nous y avions tenu en octobre dernier un atelier territorial consacré aux marais de Bourges, situés à quelques minutes de la ville, un formidable prétexte pour ouvrir la discussion sur la place de l'eau en ville.

Lire le portrait de Bourges


AGENDA


22 janvier : La sobriété foncière au-delà de nos frontières.

Programme prévisionnel :

  • 13h-13h30 : cocktail déjeunatoire

  • 14h - 16h : découvrir et animer la fresque de l'artificialisation des sols. Sur inscription à ce lien : https://shorturl.at/pqE69

 


30 janvier : Voeux 2024 de La Fabrique de la Cité et de Leonard

Les équipes de La Fabrique de la Cité et de Leonard ont le plaisir de vous inviter le 30 janvier 2024 à partir de 11h30 pour revenir ensemble sur quelques temps forts de 2023 et nous projeter dans l’année 2024.

Nous vous proposons également un temps d'échange sur la thématique de l'adaptation des villes au changement climatique, qui sera au centre de certains travaux et événements de Leonard et de La Fabrique de la Cité, comme le festival Building Beyond, en avril 2024.

Nous prolongerons les échanges autour d'un cocktail déjeunatoire.

| Leonard est la plate-forme de prospective et d'innovation du groupe VINCI

| La Fabrique de la Cité est le think tank des transitions urbaines


QUE S'EST-IL PASSE DANS L'ACTUALITE ?

🌱 LE CAPTAGE ET LE STOCKAGE DE CARBONE A CONSOMMER... AVEC MODERATION

En cette période où les bulles pétillent un peu plus qu’à l’accoutumée, le dioxyde de carbone est bien l’objet d’attentions renouvelées. Surtout pour le stocker à grande échelle : au vu de l’ampleur des réductions d’émissions de gaz à effet de serre nécessaires pour limiter à 1,5°C ou 2°C la hausse mondiale des températures, et de la difficulté inhérente à certaines industries essentielles d’en réduire les émissions (cimenteries, par exemple), le captage et stockage de carbone est une solution en voie de développement. Le 11 décembre, le Président de la République a annoncé l’ambition de stocker jusqu’à 8 millions de tonnes de CO2 par an (objectif 2030), soit 10 % des émissions industrielles françaises. Pour ce faire, l’accès à des financements publics sera accéléré, de même que des partenariats internationaux (Norvège, Danemark) pour développer des sites de stockage. Le potentiel géologique sera également étudié en France, en vue de maîtriser l’ensemble du processus.

Les recommandations du Haut conseil pour le climat éclairent cette démarche. Il faut établir un « ordre de mérite » du recours à cette technologie, en fonction des alternatives disponibles à chaque filière industrielle, des coûts économiques associés, notamment du fait des consommations d’énergie et d’eau associées ainsi que de la complexité technique des différents projets. Une solution précieuse, mais pas miracle ! 

Marie Dégremont - directrice des études


🚌 UN TOUR POUR LES REGIONS

Afin de clôturer l’année et lancer officiellement la décennie des Services Express Métropolitains, le ministre des Transports Clément Beaune a récemment signé plusieurs accords avec les régions, accords accompagnant une enveloppe significative. Ces contrats de plan Etat-Région prévoient notamment une augmentation des investissements dans le transport ferroviaire et, en ligne de mire, la mise en place des Services Express Métropolitains. Aussi le ministre s’est-il rendu en région PACA, Centre val-de Loire, Ile -de-France ainsi qu’en région Grand-Est.

Au total, entre 2023 et 2027, le ministre promet 9 milliards d’euros aux régions pour accélérer les transformations. Un enjeu de taille alors que la région Ile-de-France s’apprête à accueillir les Jeux Olympiques – dont l’attractivité touristique pèsera sur l’ensemble du réseau de transport français, et que, pour les principales métropoles françaises, le financement des Services Express Métropolitains n’est pas encore arrêté. Un bémol – de taille ! – sur lequel insistait récemment le Sénat.

Alphonse Coulot - chargé de mission 


📍 ZAN ET TERRITOIRES

Le 27 novembre 2023 ont été publié au Journal Officiel les trois décrets relatifs à l’application de l’objectif Zéro Artificialisation Nette. Ces décrets tiennent compte des évolutions législatives relatives à cet objectif, notamment à la suite de la loi du 20 juillet 2023 visant à faciliter la mise en œuvre des objectifs de lutte contre l’artificialisation des sols. Les décrets concernent respectivement, l’évaluation et le suivi de l’artificialisation des sols, la territorialisation des objectifs de gestion économe de l’espace et la commission régionale de conciliation (instaurée par la loi du 20 juillet 2023). La parution de ces décrets a aussi été l’occasion de la publication de rapports et de guides, notamment un rapport de France Stratégie relatif aux stratégies régionales, qui présente les enjeux et l’état d’avancement de la territorialisation du ZAN.

Ces nouveaux éléments apportés à la mise en œuvre de l’objectif ZAN soulèvent de nouveaux éléments de réflexion et vont entraîner des rectifications du travail déjà fait à l’échelle des régions. En effet, certaines régions ont, avant l’été 2023, intégré des dispositions relatives à la sobriété foncière dans leur Sraddet, qui vont devoir être mises à jour en fonction des derniers décrets. La question de l’articulation des Sraddet avec les COP régionales vient aussi s’ajouter aux enjeux. Affaire à suivre ! 

Marianne Laloy Borgna - chargée d'études


🚇 LE METRO INDIEN, ENTRE RÊVE ET REALITE

Malgré l'expansion rapide des métros sous le gouvernement de Modi, ce système se heurte à une dure réalité : le faible nombre de passagers. Si les villes sont pourtant bien desservies et les rames de métro neuves, les métros peinent à attirer la moitié des passagers prévus. Ce décalage met en évidence une incompatibilité entre l'infrastructure et les besoins des usagers. Trois facteurs clés démontrent cette dynamique : la difficulté d’accès aux stations due à des villes peu denses, des trajets du quotidien qui ne nécessitent pas de métro, et un prix onéreux pour beaucoup des usagers. Bien que les systèmes de métro soient désirables, l'Inde illustre la nécessité de mettre en place des systèmes de transport public adaptés et accessibles aux besoins de la population. Ainsi, ce dernier bénéficierait davantage de systèmes de bus efficaces, de voies réservées aux bus, des pôles multimodaux et d'une forte volonté politique d'adapter la ville à différents types de mobilité. La diversification de l'offre de mobilité pourrait contribuer à la fois à augmenter la fréquentation du métro, à diminuer les embouteillages et à limiter la pollution de l'air en Inde. 

Liam Sfaxi - chargé du développement des relations internationales


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