forêt, production de bois, changement climatique, biodiversité
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la mission du forestier était de contribuer à la reconstitution de la France. C’était l’époque du Fonds Forestier National et des reboisements le plus souvent résineux monospécifiques qui font les forêts appréciées par l’industrie de transformation du bois aujourd’hui.
Depuis les années 2000, une évolution sur le rôle du forestier a vu le jour. Outre la fonction de production de bois, ce dernier a pris conscience qu’il avait, en tant que gestionnaire d’espaces naturels, un rôle plus vaste que celui qui lui était assigné auparavant. Le forestier gestionnaire d’espaces naturels doit prendre en compte 2 rôles essentiels :
- la captation de carbone,
- la protection de la biodiversité, la filtration de l’air et de l’eau.
1- La captation de carbone
Les modifications climatiques sont une réalité concrète aux conséquences incalculables au niveau mondial : inondations, montée du niveau de la mer, espaces invivables pour la population…. Le forestier a un rôle particulier à jouer car la forêt a la propriété, grâce à la photosynthèse, de capter le dioxyde de carbone (CO2). Or les émissions de CO2 sont un des facteurs les plus important du réchauffement climatique. Plus une forêt est productive, plus elle capte du carbone et contribue ainsi à la lutte contre le changement climatique. Ainsi, un accru feuillu capte entre 1 et 5 tonnes de carbone par hectare et par an, une chênaie entre 5 et 10 tonnes, et une douglasaie entre 10 et 20 tonnes de carbone par hectare et par an.
De plus, l’utilisation du bois est vertueuse pour deux raisons : La première raison est qu’en utilisant du bois, pour de la construction par exemple, on piège le carbone du bois pour des décennies dans le matériau bois. La seconde est qu’on évite d’utiliser des matériaux tel le béton, l’acier ou les plastiques qui pour leur production vont libérer du carbone. Avec une population mondiale de 7,5 milliards d’habitants qui s’accroît annuellement de 77 millions d’habitant, nous avons, en tant que citoyens la responsabilité de subvenir aux besoins de cette population mais sans dommage pour l’environnement. Utiliser le bois permet de piéger le carbone, alors que les autres matériaux en rejettent pour leur fabrication et mise en œuvre.
Finalement la prise en compte de la captation du carbone par la forêt ne remet en rien en cause la notion de production de bois utilisé par le marché. Cette production est une solution vertueuse pour parvenir à l’objectif de captation du carbone, et elle ne doit pas se faire au détriment des autres fonctions de la forêt.
2- La protection de la biodiversité, la filtration de l’air et de l’eau
La filtration de l’air et de l’eau était connue mais souvent mal prise en compte. L’importance de la biodiversité était sous-estimée par les forestiers. C’est là que la pratique du forestier, gestionnaire d’un espace naturel, doit évoluer. Nous devons écouter ce que nous disent les scientifiques et les environnementalistes. La première des choses à faire est de réfléchir à la forêt de demain qui constitue la biodiversité à venir : quelles seront les essences qui seront adaptées aux changements climatiques ? La bonne solution d’aujourd’hui ne sera pas forcément la bonne solution dans 50 ans. Cela peut passer par la régénération naturelle, mais probablement surtout par des plantations d’autres essences (même non indigènes), ou d’autres provenances d’une même essence plus résistantes aux coups de chaud et à la sécheresse estivale. La recherche forestière est essentielle pour nous éclairer.
La préservation au quotidien de la biodiversité passe par de nouvelles pratiques telles que :
- la conservation de bois morts en forêt,
- la conservation d’arbres habitats,
- la constitution d’îlots de vieillissement, ou de sénescence,
- de nouvelles méthodes de plantation respectant le sol (l’Eco-reboisement par exemple), et par là même favorisant une meilleure reprise,
- les plantations diversifiées (plusieurs essences sont plantées pour éviter la monoculture),
- la préservation des milieux humides,
- la préservation des bordures (milieu tampon), d’arbres à faible valeur économique mais forte valeur esthétique...
Ce second volet (protection de la biodiversité au quotidien, et à venir, filtration de l’air et de l’eau) est exigeant car il modifie radicalement la façon d’agir du forestier. Loin d’être une contrainte, c’est une chance pour le forestier qui voit son champ d’action s’élargir. Il est essentiel de dialoguer avec la société civile afin que celle-ci comprenne le travail du forestier, et que ce dernier entende les messages qu’elle lui envoie. A nous de relever ce défi.
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