Forces de sécurité intérieure : le rôle des commissaires de police comme dirigeants. Comment les aider à mieux exercer ce rôle.
GMF a accueilli le 4 avril dernier dans ses locaux le 38è Congrès du Syndicat des Commissaires de la Police Nationale (SCPN). Les liens entre GMF et le SCPN sont depuis longtemps forts et excellents. Nous y avons eu l’honneur d’y accueillir le Ministre de l’Intérieur, M. Gérard Collomb, mais aussi d’écouter les interventions croisées du Ministre et du nouveau Secrétaire général du SCPN, M. David le Bars. Dans le contexte tout particulier dans lequel évoluent nos forces de sécurité et de défense aujourd’hui, il est objectivement pertinent de faire un point sur les besoins des commissaires de police en tant que dirigeants de leur institution. Où l’on se rend compte que la problématique n’est pas si éloignée de celle d’autres institutions ou entreprises du secteur privé….
Les commissaires de police sont confrontés à des réalités spécifiques, et souvent très dures. L’évolution de la société, des comportements et aussi des technologies rend leur métier chaque jour plus difficile. Et le contexte actuel, fondamentalement modifié par la lutte contre le terrorisme, ne fait que renforcer ce constat, quelques jours seulement après la terrible et odieuse attaque de Trèbes.
Plus généralement, les commissaires de police subissent comme beaucoup d’autres dirigeants, que ce soit dans le secteur public ou privé, la complexification et l’accélération du monde qui les entoure.
Il est donc indispensable de leur donner les moyens de leur action. Souplesse, autonomie, responsabilité, « débureaucratisation » sont les maîtres mots d’une transformation nécessaire, au cœur de laquelle la question des moyens sera également au centre.
C’est tout l’enjeu de la Police de la Sécurité du Quotidien (PSQ), qui vise notamment à :
- améliorer la présence effective des policiers et gendarmes sur le terrain
- rendre plus efficace leur action, notamment face aux infractions « du quotidien »
- rétablir la confiance avec la population, via le contact et l’accès du public
- s’adapter au terrain et mobiliser les partenaires locaux
On retrouve évidemment, sujet par sujet, des enjeux classiques et communs aux administrations et entreprises :
- il faut revenir aux fondamentaux et faire en sorte que les agents, y compris leurs chefs, passent l’essentiel de leur temps à exercer leur métier cœur, le plus souvent sur le terrain. Une évidence ? Pourtant partout aujourd’hui les administrations et les entreprises luttent contre la bureaucratie avec des succès inégaux, tant les habitudes sont bousculées et les modèles anciens défiés. C’est facile à dire et plus difficile à faire, car il faut en même temps adapter les moyens, notamment informatiques, repenser les organisations, vérifier que tout fonctionne via une boucle de rétroaction efficace. On ne passe pas d’une organisation à une autre parce que l’organisation ce n’est pas l’organigramme : l’organisation c’est le fonctionnement complet qui suppose d’atteindre une nouvelle position homéostatique stable. Or, le plus souvent, les collaborateurs et agents sont déjà dans une telle position, qu’ils ont eu beaucoup de mal à trouver, et donc n’abandonneront pas facilement ; quant aux dirigeants, ils savent par expérience que le monde est devenu tellement complexe que l’autonomie accordée à la base et aux échelons intermédiaires doit forcément croître.
- il faut gérer plus rapidement et efficacement les « petits dossiers », voire automatiser au maximum leur traitement ; simplifier et réserver le « sur mesure » aux dossiers qui le méritent. Qui n’est pas aujourd’hui confronté à cet enjeu de l’automatisation et de l’analyse massive de données et de « petits cas » récurrents ? Nous le sommes tous. Du contraventionnel dans la police à la robotisation logicielle dans nos opérations en passant par la massification des produits et des process, l’arbitrage entre efficacité et humanité n’est pas toujours facile à trouver. Le citoyen ou le client doit être d’accord et, lui aussi, y voir plus d’avantages que d’inconvénients.
- il faut toujours recevoir l’assentiment de ceux que l’on sert, hier encore plus qu’aujourd’hui. Dans l’entreprise on appelle ça l’expérience client, et l’on sait depuis maintenant des années que les changements sociétaux et technologiques ont totalement inversé le rapport de forces entre le client et les producteurs de services et de biens. Non seulement parce que l’accès à la concurrence est facilité par le digital, mais aussi finalement parce que quand on a l’habitude que tout marche au doigt et à l’œil dans certains domaines (prendre son taxi, acheter un livre sur internet, se faire livrer une pizza), on attend que tout se passe de la même façon. Et, en quelque sorte, nous sommes tous en concurrence avec Google, Uber, Amazon ou autre de ce point de vue. Dans ce nouveau contexte, dès lors que l’on perd le contact humain, avec ses risques mais aussi ses sources de joie et d’efficacité, on perd beaucoup plus qu’il y a 20 ans. D’autant que le contact humain est source d’efficacité, mais aussi de confiance, de compréhension mutuelle et de respect.
- Il faut enfin parler avec ceux qui savent, sur le terrain (autorités locales, associations, etc.). Non seulement pour apprendre, mais aussi et surtout pour leur permettre de faire quelque chose qui leur sera chose naturelle : aider. En effet, confrontés aux mêmes réalités de terrain, de nombreux acteurs ont tout intérêt à mutualiser leurs efforts et à entrer dans un cercle vertueux d’altruisme réciproque, bien au-delà des obligations légales et des accords formels. Ne pas le faire est une formidable perte d’énergie et de bonne volonté.
Le Ministre a évoqué ces aspects. Il est revenu plusieurs fois sur la question de l’autonomie des commissaires de police, au centre de l’efficacité du dispositif d’ensemble. Il a également donné des exemples précis concernant le renforcement des moyens : l’immobilier, les moyens digitaux et d’enregistrement, les budgets « du quotidien », etc.
Mais au-delà de l’organisation et des moyens, ce qui compte aussi pour les quelques 1700 « sentinelles de la République » que sont les commissaires de police, c’est de se sentir soutenues dans leur effort et dans leur prise de risque, dans le cadre d’une approche aussi sur mesure que possible. Par définition une personne aussi engagée et qui prend autant de risques et de responsabilités, par goût, sens du devoir et conviction, qu’un commissaire de police, doit avoir le droit à l’erreur et au « feedback ». Elle doit pouvoir en effet substantiellement adapter son action à la réalité de son terrain de jeu, qui diffère fondamentalement d’un bout à l’autre du territoire national, en lien avec les autres autorités locales notamment.
GMF fournit cette aide et cette assistance « sur mesure ». GMF accompagne notamment le SCPN et les commissaires de police à travers son Assistance Protection Juridique. C’est un moyen très efficace pour les aider, à chaque fois qu’un risque juridique voire judiciaire émerge voire se matérialise. Cette garantie est, je crois, d’autant plus utile - et logiquement utilisée - que ce type de soutien permet non seulement de rassurer, mais aussi souvent de débarrasser celles et ceux dont la valeur ajoutée est ailleurs d’un certain nombre de tracas administratifs et de procédures. Des dirigeants doivent en effet passer l’essentiel de leur temps à donner du sens, c’est-à-dire manager des forces essentielles au bon fonctionnement de la Nation. Il n’est déjà pas facile d’être un chef reconnu qui impose le respect, cela devient impossible quand les vents sont trop contraires.
GMF a aussi organisé – toujours le sur mesure ! - avec le SCPN un événement sur les risques psycho-sociaux, au départ considéré comme audacieux au vu des connotations souvent négatives associées à ce terme technique. Et pourtant, quel succès ! Les commissaires de police constituent en effet par définition une population qui a besoin que l’on prenne en compte sa réelle souffrance au travail ainsi que celle, ressentie durement, de ses collaborateurs. Leurs responsabilités au service de la Nation sont - disons-le - écrasantes, leurs risques de toutes natures, la réglementation galopante et leur risque de réputation croissant, dans le cadre de la médiatisation digitale que nous vivons tous…
Et pour couronner tout ceci nous ne pouvons que constater une croissance des risques personnels rendus plus aigus par l’accumulation des données personnelles. De ce point de vue, GMF est très attentive à ce que les données de ses sociétaires et notamment des plus exposés d’entre eux soient protégées. Des textes européens entreront en vigueur cette année ; quelques semaines seulement après l’affaire Facebook / Cambridge Analytica, cette exigence de protection sera au cœur d’une réglementation très logiquement renforcée.
En bref, on en revient toujours à la même chose : l’humain doit rester au cœur de l’action et des attentions ; les outils, anciens comme modernes, doivent être à son service et pas l’inverse. GMF, l’assureur « assurément humain » par définition et qui partage profondément ce type de préoccupation, restera toujours active aux côtés de celles et ceux qui défendent la sécurité et la paix publiques.