Formation « psy» des coachs

Formation « psy» des coachs

« Qu'ai-je à régler ? » - chez moi, à mon insu et en présence d'une personne accompagnée - est une question qui me semble importante pour tous praticien de la relation d'aide ou de soin... et également pour tout un chacun - philosophes inclus. 

C'est pourquoi le travail sur soi - notamment psychanalytique qui vise à interroger son propre Désir : le « Che vuoi ? » « Qu'est ce que tu veux ? » réveillé par Lacan de son sommeil dans Le Diable amoureux de Cazotte - constitue à mon sens l' essentiel premier des métiers d'accompagnement, coach et thérapeute - sans faire bien sûr pour autant l'impasse sur la supervision et sur la formation.

Au risque de déplaire à nombre de collègues coachs Julia de Funès a raison sur le point de leur formation en sciences humaines qui est souvent très « light » : 20 à 60 jours effectifs ne peuvent se comparer aux 5 années temps plein du psychologue, aux 4 années du psychiatre, et au travail sans fin du psychanalyste et de certains psychothérapeutes.


D'aucuns dans des commentaires se récrient que les métiers de coach et de psy n'ont rien à voir : que nenni !

Il y a deux situations archétypales :

- d'un cote l'apport du coaching plutôt « opératoire » - tournevis et marteaux sont bien utiles pour remettre Pinocchio en ordre de marche... ,

- de l'autre le besoin d'une approche thérapeutique lorsque l' « être au monde » de la personne est trop souffrant ou perturbé.

Ces deux situations constituent les « ailes » d'une courbe de Gauss dont le ventre central combine ces deux dimensions. 

Ainsi il n'y a pas de dichotomie entre des demandes pures « de coaching », et des besoins « de thérapie », mais une intrication des deux. D'ailleurs fréquemment les coachs en formation ou en supervision sont surpris - et embarrassés - par cette intrication des deux champs dans ce qu'il leur est apporté en séance. 

Cela justifie mes prises de position à ce que les coachs soient à l'avenir bien davantage et mieux formés aux champs thérapeutiques.


Une deuxième raison de cette prise de position concerne l'orientation vers une thérapie qui est toujours extrêmement délicate à proposer.

L'accompagnement professionnel peut apporter beaucoup dans un contexte où l'écoute authentique de la parole, sans jugement, ni interférence d'enjeux latéraux ou de biais est une denrée rare et précieuse... en entreprise notamment !

Ce temps de prise de conscience par l'accompagné d'enjeux qui dépassent le cadre de la (mé)-connaissance, de la (bonne)-volonté ou des (mé)-compréhensions, peut constituer une passerelle, faire sas et ainsi ouvrir la perspective - immédiate ou à terme - d'une démarche thérapeutique personnelle. Ceci à condition cependant que le coach soit suffisamment habile et expérimenté dans ce champ pour pouvoir l'entendre et ouvrir cette possibilité. 

Car il est toujours délicat de dire à quelqu'un qu'il ou elle aurait intérêt à « consulter », même avec tact. C'est assez souvent mal reçu, interprété négativement ou défensivement, comme un jugement... et du coup possiblement facteur de rupture.

Et lorsque la rupture advient, cela constituent alors une double « perte » : 

- celle de l'alliance engagée dans le cadre du coaching 

- et surtout, plus grave, le ratage de l'opportunité d'envisager une thérapie pour qui en aurait vraiment besoin, et pour qui l'intensité même de ce besoin suscite d'énormes réticences et même résistances... 


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« Franc-Tireur » juin 2023 , numéro consacré à la psychiatrie

https://www.franc-tireur.fr/sos-psychiatrie - dont extrait :


Quatre postures de l'accompagnant :

- « Pouvoir » en lien avec l'agir

- « Savoir » avec les représentations

- « Sujet » avec le désir

- « Béance » avec l'énigme, le manque ou le vide.


« Discours »… quésaco ?


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Philippe Vinot

🗣️ psychologue clinicien, psychanalyste, coach ◻️atypiques, douées et sensibles ◻️dirigeants managers indépendants ➡️accompagnement professionnel, psychothérapie, supervision de coachs et thérapeutes 🌱 ingénieur mba

1 ans

Hervé REBY ( suite 👇 ) 2) En plus d'une « complémentarité » - juxtaposition verticale « à côté de », yc coiffeur, ministre du culte, yoga, etc. - il me semble intéressant de se représenter une « supplémentarité », une superposition horizontale. 🍰 Ceci pour tenir compte du chevauchement simultané des deux champs dans toute relation d'aide - le « ventre » de la courbe gaussienne susmentionnée.  Ceci supposant aussi que ce soit la même personne qui prenne en charge la demande - un peu comme pour la santé : le médecin « généraliste » a un bagage solide (sans être spécialiste) dans tous les champs médicaux concernant le patient - personne en souffrance et en demande d'aide et de soin.

Philippe Vinot

🗣️ psychologue clinicien, psychanalyste, coach ◻️atypiques, douées et sensibles ◻️dirigeants managers indépendants ➡️accompagnement professionnel, psychothérapie, supervision de coachs et thérapeutes 🌱 ingénieur mba

1 ans

Hervé REBY Merci Hervé !  j 'ai de fait beaucoup apprécié d'intervenir au DFSSU ces 10 dernières années sur ce thème du fonctionnement psychique en général et en lien avec l'accompagnement professionnel. Sur tes deux justes et claires remarques : 1) Envisager un lieu thérapeutique est une « marche » effectivement plus haute pour quelqu'un - d'autant que « thérapeutique » signifie « Relatif au traitement des maladies »...  je préfère à cet égard employer le terme « lieux de parole » ou de travail personnel. Marche ou démarche d'autant plus difficile à franchir pour certains qui ont construit leur édifice personnel en réaction à - ou en compensation de - difficultés liée à leur histoire subjective de vie.   Auprès de ces personnes là - et on en reçoit nécessairement en coaching - c'est beaucoup plus délicat à faire entendre - alors même que c'est au centre de leurs difficultés yc professionnelles - et que plus il y a insistance plus les résistances augmentent, ce qui les éloigne de possibilités d'aller mieux... 😥   -- Christine Baudot

Hervé REBY

Directeur Marketing & Communication

1 ans

Merci Philippe Vinot pour cette approche qui éloigne des querelles de clochers tout en rappelant l'enjeu principal : se mettre au service de l'autre. En l'occurrence je pense que chacun peut contribuer à sa façon, à condition d'être au clair sur l'objet de la relation et sur ses limites. Un coach professionnel n'est en effet pas formé pour naviguer en eaux profondes. Il est pourtant fréquent, comme tu le décris, que les coachés abordent des points qui dépassent le champ de compétence du coach. Quand ça m'arrive et que les points en question nécessitent une prise en charge, je présente l'idée d'une thérapie comme un levier à exploiter, sans dramatisation ni jugement. Dans ce cas le coaching peut être un complément ou une première marche qui facilite le franchissement d'une marche qui paraît parfois plus haute : la psychothérapie ou la psychanalyse, un champ extrêmement vaste que tu nous as invités à découvrir avec passion dans le cadre de la formation Procoach à Paris 8. Nous gagnerions sans doute à chercher des complémentarités plutôt qu'à diviser.

Joël Armary

J’accompagne les Chefs d’Entreprise dans la définition de leur stratégie et la mobilisation de leurs équipes. 🦋 coaching, conseil, accompagnement opérationnel 🍎 analyse stratégique, animation des équipes 😊

1 ans

Très belle et très juste position Philippe !!! 😊🦋🍎

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