Former une équipe de travail: question d'équilibre.

L'équation de tous les temps: sans œuf, pas de poule. Sans poule pas d’œuf. Décliner au phénomène de groupe la question se pose ainsi: les expressions individuelles permettent-elles l'émergence d'une équipe ou le groupe favorisera-t-il l'affirmation de ses composantes personnelles?

Vaste débat. tentons de le simplifier à l'éclairage de deux paramètres essentiels que sont la structure formelle et informelle d'un groupe.

La structure dite "informelle": ce sont les rapports de force, les prises de décisions et de positions, les influences, les comportements qu'exprimeraient des individus rassemblés dans un cadre non normé, non institutionnel proposant un large degré de liberté. C'est, par exemple, l'agencement des aires de jeux par les élèves dans une cour d'école, la disposition des uns et des autres dans une salle de pause, un self service, une salle d'attente...etc.

La structure "formelle" est une organisation des individus décidée, statuée, hiérarchisée et appliquée vers un objectif commun. C'est la notion de groupe populaire que chacun d'entre nous connait sous plus ou moins de formes.

Les historiques de groupe s’appuient sur l'une ou l'autre de ces deux structures.

Alors poule ou œuf?

Il s'agit d'identifier l'origine d'un groupe donné: s'est-il constitué à partir de sa structure formelle ou informelle ?

Le but, ensuite, est de calibrer le groupe dès ce repérage initial afin que la mise en place d'une des deux structures permettent l'expression de la seconde. l'atteinte d'un équilibre est prédominant dans le maintien des motivations de l'équipe de travail ainsi formée.

Différents cas de figure:

• La structure formelle s'impose sur la structure informelle:

Deux axes se présentent pour tendre à l'équilibre. Permettre l'expression plus naturelle du groupe, s'appuyer d'avantage sur l'intégrité des valeurs individuelles semblent le meilleur moyen de redonner du souffle à une équipe enfermée dans un fonctionnement trop prenant.

L'altération des modes de travail consiste à casser les codes en vigueur et les processus opérationnels. Cette désorganisation volontaire et contrôlée est à lier à la stimulation des individus vers la construction d'un nouveau mode.

Si dans un premier temps, l’altération ralentit l'efficacité et la productivité du groupe, une mise en place plus fidèle aux convictions, aux potentiels, et aux personnalités de chacun décuple les capacités de l'ensemble.

Le teambuilding, si prisé et en vogue dans pas mal d'entreprise, tourne largement autour de ces notions.

• La structure informelle s'impose sur la structure formelle:

C'est la bande de joyeux lurons qui décide de se mettre sérieusement au travail, comprenant que les affects, le comportement trop exacerbé des uns, les libertés trop importantes des autres, et qu'une tolérance immense ne permet pas une efficacité à la hauteur des potentiels individuels.

La structuration et la formalisation du fonctionnement vers l'identification d'un but précis et partagé deviennent alors centrales: de la charte au contrat en passant par le règlement, l'objectif étant de rendre conscient l'essence d'un groupe, le rôle et les qualités de chacun, d'obtenir l'expression des différents statuts, en un mot, d'organiser la tâche. la recherche d'équilibre se traduit alors par une efficience accrue.

Des fautes de management fréquentes

le secteur professionnel, et la manière dont les équipes de travail s'y construisent, propose des groupes qui s'articulent principalement autour d'une structure formelle. La structure informelle n'a que très peu de place.

En soi, cela constitue déjà un problème. Le deuxième est de le résoudre avec les objectifs de calibrage non adéquats. Dans ce cas précis, le manque de structuration informelle ne se résout pas à coup de formalisation et normalisation du travail. Chercher à créer du lien, libérer les comportements, augmenter les interactions ne peuvent se faire sur des notes de service, des obligations comportementales ou des règlements intérieurs. C'est très certainement plus simple...question efficacité, c'est moins sûr. Dans ce cas précis, tout l'enjeu consiste à faire de la place dans les modes opérationnels pour une reconstruction plus ajustée aux différentes parties prenantes d'un groupe.

Il existe donc un véritable bénéfice humain en terme de motivation, d'engagement, d'adhésion par l'identification originelle du groupe, la prise en compte de son passif et la recherche d'équilibre vers l'atteinte des objectifs visés.