Fuyons les totems de sable

A l’heure manichéenne où l’on oppose le vrai au faux, où le mot « valeur » doit être accolé à toute notion afin de l’ériger en principe fondamental, ne devrions-nous pas concentrer notre énergie à dissocier les causes des effets ? Sommes-nous contraints de réfléchir suivant un principe d’opposition ?

Revenons à la source du mot Valeur : « Ce qui est posé comme vrai, beau, bien, d’un point de vue personnel ou selon les critères d’une société et qui est donné comme un idéal à atteindre, comme quelque chose à défendre » (Larousse). Le travail peut-il ainsi être érigé au rang des valeurs ?

La réflexion devrait plutôt porter sur l’application des valeurs au monde du travail. Le travail ne serait qu’un champ d’application des valeurs de chacun, au même titre que d’autres… Beaucoup d’entre nous ne souhaitent plus faire le lien entre la sphère personnelle et celle de l’entreprise. Cette dernière n’offre d’ailleurs pas toujours le meilleur terreau d’expression de nos valeurs.

Il conviendrait ainsi que le système de management de nos organisations permette le renouvellement du lien entre personnes physiques et personnes morales, donnant un nouveau sens au contrat. Les entreprises devraient ainsi plutôt s’interroger sur le système de valeurs qu’elles souhaitent promouvoir et dont elles considèrent qu’elles devraient les nourrir… Tant n’est pas d’ailleurs de décréter ces valeurs au sein d’un quelconque projet d’entreprise que de se soucier de leur mise en application, voire de leur objectivation…

L’exemplarité provoque inéluctablement mimétisme : les valeurs ne se décrètent pas, elles irriguent.

N’érigeons pas des totems de sable, mais posons au sein de nos organisations les pierres qui leur redonneront sens… Les mêmes causes auront ainsi les mêmes effets : le travail sur nos valeurs confèrera valeur au travail et dynamisera le sens du contrat pour chacun…