Gestion de Projets IA et Innovation : de la détection de processus à la création de connaissances

Quand la pédagogie collaborative, et l’intelligence collective créent de la valeur

Aujourd’hui l’IA est une véritable opportunité pour les entreprises. De la chaîne de production à la relation client, en passant par la logistique et les ressources humaines, l’IA est désormais au cœur des processus stratégiques des organisations, et va jouer un rôle majeur dans le gain de productivité, la satisfaction client et la R&I. L’Unité d’enseignement (UE) : « Gestion d’un projet en IA », s’inscrit dans cette « promesse », que porte IA, comme enjeu stratégique pour l’entreprise, afin de continuer à innover et gagner en compétitivité. Cette formation concerne le public Master 2 MIAGE alternant et classique, répartie sur 105 heures d’enseignements, et traite de la question du développement de projets en intelligence artificielle à travers les problématiques que posent, l’acquisition et l’ingénierie des connaissances dans une organisation. 

Pour endiguer les chantiers de Projets IA, j’ai proposé une démarche originale basée sur les ressources que nous offre l’informatique cognitive, combinées à une approche Process-Intelligence pour produire un modèle de « Cognitive Business », intégrant les principes du process-mining, et du cognitive computing, au coeur du métier de l’entreprise, et au plus près de sa chaîne de valeur.

Etaient préconisés parallèlement à ce travail immersif et de modélisation au sein de l’entreprise, des travaux de lectures en trame de fond, organisés autour de 7 ouvrages clés, traitant de toutes les facettes de IA, du TALN (traitement automatique dlangage naturel), du Cognitive Business, de la diversité algorithmique, et la modélisation des systèmes complexes. Le Projet de lectures a été soutenu par le service de la BU, qui a pu commander et se faire livrer la trentaine d’ouvrages requis pour la réalisation de l’UE). Il était attendu que les partages et les commentaires de ces lectures entre étudiants, apportent de l’émulation pour nourrir l’étude des Projets IA, tout en constituant une source de réflexions pour la classe entière en ouvrant des horizons de projections, et d’analyses, propices à l’inspiration, tout en les invitant continuellement à expliciter leurs idées, les formaliser et réfléchir aux connexions qui vont s’opérer avec leurs projets IA, aux idées émergentes, aux solutions potentielles qui peuvent être proposées, contribuant ainsi à l’enrichissement, épistémique et didactique de l’UE .

Les cibles de travail pour les étudiants étaient d’une part constituées des entreprises, pour la plus part du CAC 40, dans lesquels les alternants effectuaient leurs missions, et pour les Miagistes classiques, des startups françaises émergentes qui avaient effectué des levées de fonds importants ces 3 dernières années. Nous avons développé à travers cette expérience immersive dans les entreprises : une approche totalement inédite et innovante dans l’écosystème intra et entrepreneurial, que je qualifierai aujourd’hui : « de protocole d’innovation par expérience immersive » intégrant une démarche cognitive business, et PI, avec une phase de REX prévue, pour communiquer sur la question de l’innovation pédagogique qui en ressort, auprès de la communauté universitaire et de l’écosystème socio-économique, à travers les entreprises désignées par les projets.

Ce projet d’innovation pédagogique, que j’ai pu réaliser cette année avec mes étudiants, a fini par produire en « bout de chaîne », des modules technologiques hautement innovants : Comme le développement d’un outil DataLab pour alimenter les algorithmes de gestion en données stratégiques pour une grande banque Française, le développement d’un outil tutoriel optimisé, intégrant des process cognitifs et modules d’IA, pour développer les stratégies de formations au sein d’une autre entreprise dans le secteur de l’énergie, la préconisation d’une solution portée par des modules d’IA, pour superviser les remontées d’anomalies dans la gestion des vols et priorisation de prises de décision, dans le secteur de l’aérien, l’amélioration du processus de production de cristaux par l’ajout de bras robotisé couplé avec l’application du Process intelligence, dans le secteur de la transformation des matériaux, ainsi que d’autres solutions intégrant des process technologiques innovants dans les domaines de l’optique, des télécom, de la défense, des services à la personnes, la fintech, et l’industrie des loisirs et l’agro-alimentaire.

Nous disposions de très peu de temps cette année (3 jours), pour répondre à l’appel à projets des JEE21(journées entrepreneuriales 2021), pour accompagner nos étudiants, dans la valorisation de leurs produits et leur permettre d’investir la case entrepreneuriale dans les incubateurs de la communauté de l’université Paris Saclay, Sachant qu’on est sur de l’immersif pour les startups existantes, avec innovation de rupture ou innovation incrémentale dans le cas des miagistes alternants. 6 équipes ayant pu se mobiliser avec des projets au stade de concepts pour y postuler et une équipe ayant été retenu pour l’état avancé de son projet en Fintech.

Les évaluations sous forme de soutenance de projets ont été un franc succès avec une reconnaissance unanime de l’apport extrêmement riche et constructif que cela a pu apporter aux étudiants, qui se sont vus tous «grandir humainement et intellectuellement », en ayant pu cerner toute la complexité des questions que l’IA soulève, comprendre ses articulations avec le mondes des sciences humaines et sociales, ses enjeux, ses limites, et à cristalliser les savoirs qu’ils ont acquis.

Face au succès qu’a remporté cette expérience pédagogique et entrepreneuriale, et au regard des transformations riches et constructives que cela a produit au sein des étudiants et leur enseignante, il nous semble crucial de pouvoir continuer à développer et à enrichir ce type de démarche pour l’avenir, afin de libérer les pratiques pédagogiques, et instiller les ingrédients contribuant à la réussite des étudiants d’une part et au développement de dispositifs d’accompagnements et de mentoring, pour multiplier les sources de recrutements et d’emplois après la fin de leurs cursus d’autre part, et encourager ceux qui le souhaitent à continuer sur la voie de la R&I.

L’apprenant est coeur de ce processus pédagogique, et la pratique du récit pédagogique, qui consiste à transcrire les étapes de ses apprentissages, en adoptant une posture méta-cognitive pour traduire et interpréter les résultats de ses acquis, prône pour un éveil et un développement des compétences en apprentissage et innovation.

Pour continuer à nourrir l’élan de ce double processus pédagogique et entrepreneurial, aussi bien chez l’enseignant que chez les étudiants et au terme des discussions qui ont eu lieu avec le pôle entrepreneuriat, il en est ressorti un ensemble de dispositifs et d’évènements à mettre en place pour continuer à développer et enrichir ce type de démarche pour l’avenir, et promouvoir une accélération de la création de valeur et mise en œuvre d’une dynamique d’innovation Intrapreneuriale en suscitant l’esprit d’entreprise et d’innovation ouverte. Avec un total de près d’une trentaine d’entreprises grands comptes étudiées, dont 13 startups émergentes de la FenchTech, avec un univers sectoriel très hétéroclite, les projets générés produisent des modules technologiques qui sollicitent une phase d’accompagnement auprès des entreprises concernées pour continuer à développer les process jusqu’à l’émergence du produit, et sa mise en application.

Ce qui apparaît aujourd’hui comme fondateur pour viabiliser ce type de démarches R&I, aux sein des universités et grandes écoles, intègre les préalables suivants:

  1. L’élaboration d’une plate-forme collaborative pour recueillir les projets, idées, solutions, technologies utilisées.
  2. Intégrer le Design et sa philosophie dans les projets, pour promouvoir l’idée de construction des savoirs dans l’esprit des participants quand ils constatent que ce sont des « faire » qui provoquent la structuration du « matériau : savoir », pour créer le modèle d’innovation, au-delà d’un raisonnement discursif, et prônant le travail en groupes (socialisation), favorisant la construction des savoirs parce que suscitant des actions de déconstruction/ reconstruction/théorisation.
  3. Lancer et établir des relations significatives, et pérenniser des liens solides entre dans les établissements d’enseignements et de recherche, les entreprises et la communauté de l’innovation et de l’entrepreneuriat dans les différents pôles du pays et à l’international pour soutenir les jeunes pousses.
  4. Développer des programmes de partenariats en R&I, propices à moyen terme à la création de Chaire en IA et SHS.
  5. Co-concevoir, et co-créer des initiatives d’innovation telles que des Hackathon.
  6. Organiser des résidences dans des campus d’innovation d’entreprise à l’étranger (Air liquide par exemple, est doté de 5 campus d’innovation sur 3 continents) la R&I étant étroitement connectée aux éco-systèmes clés de l’innovation).
  7. Permettre aux membres des équipes pédagogiques, souhaitant appliquer ce type de démarche, de continuer à les développer en proposant de nouvelles initiatives d’innovation en produisant de nouvelles opportunités au sein de l’écosystème afin d’enrichir ces programmes de manière significative, tant par les synergies que cela va apporter à leurs enseignements, que par la croissance que cela va apporter à leurs projets de Recherche.
  8. Alimenter une stratégie de développement de nouvelles filières d’enseignements, pour anticiper sur les mutations structurelles, culturelles et sociologiques que vit la société à l’aune des nouveaux des paradigmes qui s’imposent en terme de soutenabilité, de résilience des systèmes, et de l’économie symbiotique.   

Copyright©Férial BENACHOUR-HAIT. 05/2021.Tous droits réservés



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