Gestion des arbres de parc: concilier sécurité, paysage... et biodiversité
La gestion des parcs nécessite un diagnostic fin et périodique des arbres de façon à suivre dans le temps leur état physiologique, sanitaire et mécanique. Ce diagnostic vise à prévenir les risques potentiels vis-à-vis des personnes et des biens et éviter le développement de pathologies qui pourraient affecter plus globalement le patrimoine arboré. Cette gestion implique également de respecter "l'esprit des lieux" et de conserver ainsi l'intégrité paysagère du parc en veillant à conserver sa valeur historique, dendrologique et paysagère, en d'autres termes ce qui fait sa valeur patrimoniale... Toutefois, lorsque l'on aborde la patrimonialité d'un lieu tel qu'un parc, on oublie parfois ou l'on sous-évalue souvent son utilité pour la conservation de la biodiversité locale. Or, à n'en pas douter, de très nombreux parcs historiques constituent de véritables refuges pour la biodiversité.
Si l'on pense assez spontanément à l'avifaune, on sous-estime fréquemment le rôle important que peuvent jouer les vieux parcs arborés pour la conservation d'une biodiversité "plus cryptique" tels que certains coléoptères, les mousses, la fonge, les lichens, les mollusques sans oublier bien sûr les chiroptères (chauve-souris) pour ne prendre que quelques exemples. Allées cavalières qui marquent l'entrée d'un parc, bosquets, arbre vénérable isolé, écrin boisé dans lequel s'insert le parc (...) sont autant de composantes arborées qui présentent potentiellement un intérêt majeur pour la biodiversité locale. Plusieurs études ont d'ailleurs démontré que ces boisements constituaient parfois de véritables "ilôts de vieux boisement" en comparaison avec les peuplements forestiers environnants qui ont pu faire l'objet d'une gestion sylvicole plus intensive.
Cependant, force est de constater, que la prise en compte de cet enjeu demeure encore timide dans la gestion de nos parcs alors que chez nos voisins britanniques, celle-ci est intégrée de manière plus globale dans la gestion. Même constat en Suisse où des villes telle que Neufchâtel (http://2000neu.ch/uploads/1223/2854960.46535500.pdf) ont définit des grands principes pour garantir la conservation de la biodiversité dans la gestion quotidienne de leurs arbres. Pourquoi par exemple systématiser l'abattage complet d'un arbre dangereux quand le maintien du tronc auquel on a supprimé l'ensemble de son houppier peut dans certains cas s’avérer suffisant pour éliminer tout risque de chute? Pourquoi ne pas maintenir sur le sol une partie des troncs voire des branches charpentières d'un arbre abattu dans la mesure où cette action ne présente aucun risque sanitaire pour le reste du patrimoine? Pourquoi ne pas envisager plus souvent une modification de certains cheminements pour réduire les risques à l'aplomb d'un arbre sénescent qui présente un état biomécanique défaillant mais un rôle majeur pour la biodiversité?
L'enjeu sécuritaire doit rester la priorité du gestionnaire. Un parc ouvert au public, que ce soit de manière permanente ou ponctuelle, doit être "sécurisé" et le risque de rupture d'un arbre ou d'une branche charpentière par exemple doit être minimisé. Comme cela est requis pour l'aménagement d'une forêt, la gestion durable d'un parc nécessite également de veiller à une bonne représentativité des différentes classes d'âges des composantes arborées, de s'assurer de son bon état sanitaire et du maintien de sa qualité paysagère. Cependant, tel que c'est de plus en plus le cas en milieu forestier (forêt publique ou privée), cette gestion se doit aussi de ne pas omettre d'intégrer l'intérêt biologique et écologique. Les gestionnaires forestiers disposent aujourd'hui d'outils techniques opérationnels pour évaluer les potentialités biologiques d'une forêt (par exemple l'indice de biodiversité potentiel), il serait vraiment intéressant que nous puissions définir une méthode simple et vulgarisable qui permette d'intégrer plus largement la prise en compte de cet enjeu lors de la réalisation d'inventaires et de diagnostics arboricoles dans nos parcs.
David HAPPE
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Chef équipe
7 ansll y toujours moyen de s'adapter aux différents aléas si nous voulons changer nos habitudes non?
--responsable projets pour ville d ' Arcachon .
7 ansMerci
Expert arboricole & auteur naturaliste - Lauréat du prix de l'arbre 2021 - Membre de l'association des journalistes et écrivains naturalistes (JNE) - Dernier livre: Les gardiennes de la nature, Ed. Le pommier
7 ansMerci pour votre retour. Très bonne accroche en terme de com pour concilier usage et préservation de la biodiversité associée aux arbres de parc. Merci pour ce retour d'expérience. Bien à vous. David