GESTION DES ENGRAIS : NOTRE RÉSEAU EST DÉJÀ À L’AVANT-GARDE
Texte rédigé pour la chronique Entre nous du magazine Coopérateur dans l'édition d'octobre 2022. www.cooperateur.coop/fr/a-propos
J’AI TOUJOURS APPRÉCIÉ LA BELLE ET CHAUDE LUMIÈRE AUTOMNALE QUI COLORE NOS CAMPAGNES. C’EST UN DES SIGNES QUE CERTAINS TRAVAUX TIRERONT BIENTÔT À LEUR FIN. LES DERNIÈRES RÉCOLTES SERONT RAMASSÉES SOUS PEU ET LES ÉQUIPEMENTS REMISÉS.
Ces moments m’entraînent dans diverses réflexions. L’une d’elles me préoccupe tout particulièrement. Elle concerne les objectifs de réduction de gaz à effet de serre du gouvernement canadien.
Comprenez-moi bien, j’adhère à cette vision. Je suis entièrement en accord avec la nécessité de réduire nos émissions de GES. Il en va de la survie de nos écosystèmes et d’une planète que nous souhaitons tous et toutes transmettre en bonne santé aux prochaines générations. Tous les secteurs d’activité, l’agriculture y compris, doivent mettre la main à la pâte pour contenir le réchauffement de notre bonne vieille Terre. Dans sa politique de diminution des GES, le gouvernement a donc décidé d’inclure, et je cite : « une stratégie visant à réduire les émissions et à améliorer la gestion des éléments nutritifs en agriculture au Canada ».
Les fertilisants azotés sont au cœur de cette stratégie, qui, soit dit en passant, soulève de nombreuses discussions d’un bout à l’autre du pays, et de façon plus notable dans l’Ouest. Cette stratégie suscite des questionnements, et pour cause, car la volonté du gouvernement fédéral est d’abaisser les émissions de GES dues aux engrais azotés de l’ordre de 30 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2020.
Nous voilà au cœur du problème. Et les questions qui surgissent sont notamment les suivantes : comment l’évaluation des émissions des engrais a-t-elle été effectuée? Comment seront-elles quantifiées? Comment devront-elles être déclarées? Et sur quelles bases les réductions souhaitées seront-elles mises en œuvre? Chose certaine, il ne faudrait pas que tout ce processus vienne encore alourdir la charge des producteurs agricoles. Et pour rappeler un phénomène que nous connaissons bien, celui de la sédimentation, il faut arrêter d’accumuler sans vision d’ensemble les exigences proposées par les différents paliers de gouvernement.
Agriculture et Agroalimentaire Canada a mené auprès du secteur agricole une consultation à ce sujet, qui a pris fin le 31 août dernier. Bien entendu, nous avons fait valoir le point de vue de Sollio Groupe Coopératif.
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Nous sommes en faveur des pratiques qui améliorent l’efficacité de l’utilisation des fertilisants et réduisent les émissions, mais sans cibler la quantité de ces fertilisants ni compromettre la capacité des fermes à produire la nécessaire nourriture consommée ici et ailleurs dans le monde.
Les changements climatiques perturberont la production agricole partout sur la planète. Certaines régions pourraient devenir plus sensibles, voire impropres à la pratique de l’agriculture. Le plus récent rapport d’Ouranos en témoigne. L’agriculture québécoise et de l’est du Canada sera grandement transformée. Ai-je besoin de rappeler que l’agriculture est à la fois victime du réchauffement et porteuse de solutions?
Comme producteurs agricoles du Québec ou du reste du Canada, nous optimisons déjà notre utilisation d’intrants pour atteindre les meilleurs rendements. Les agronomes et technologues qui nous accompagnent sont de véritables agents de changement, et nous recommandent avec compétence et professionnalisme des façons de produire toujours plus efficaces et respectueuses de l’environnement. Pensons à l’agriculture de précision, aux biostimulants, aux fertilisants à libération contrôlée ou encore à l’usage de nouveaux types de fertilisants produits à partir de biomasse. Bien sûr, ces nouvelles façons de faire, comme celles qui verront le jour dans l’avenir, se doivent d’être efficientes pour les entreprises agricoles.
Étant donné l’importance de la sécurité alimentaire, nous croyons qu’une distinction devrait être faite dans la façon dont les cibles de réduction de GES sont établies et mises en œuvre pour les activités de production agricole et alimentaire, par rapport aux cibles globales de réduction pour le Canada en général.
Le gouvernement canadien souhaite réduire ses émissions de GES. Des interrogations demeurent. Et nous avons besoin d’avoir des réponses claires et précises. Il en va de l’équilibre fragile, mais nécessaire, entre nos responsabilités et la rentabilité de nos entreprises et de l’agriculture que nous pratiquons.
Sur ce, je vous souhaite un bel automne et une bonne Semaine de la coopération!