Gestion forestière: Comment la "coopération" entre voisins bénéficie à la société.


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Agir en commun ne va pas de soi. Pourtant, joindre ses forces à celles des autres donne l'opportunité de construire de beaux projets, porteurs de fruits à court et à long terme. Mieux, contrairement aux idées reçues, on peut gagner en liberté, grâce aux problèmes anticipés et évités. A la fin, les bienfaits de ces actions communes bénéficient non seulement aux propriétaires eux mêmes, mais aussi à la filière bois et à toute la société. C'est le cas pour les regroupements de chantiers, les Groupements forestiers, mais aussi pour tout autre projet qui intéresse la gestion forestière.

En voici un exemple dont les effets pérennes et bienfaiteurs, constatés une douzaine d'années après sa mise en oeuvre, viennent confirmer l'affirmation.

Propriétaires (ma femme et moi) de parcelles forestières dispersées autour de notre village et imbriquées dans celles d'une quinzaine de voisins, nous avons pris l'habitude depuis 40 ans de les impliquer dans la gestion forestière de leurs parcelles: D'abord par la constitution d'un Groupement Forestier de petits propriétaires en 1985, et aussi par des actions concertées plus ponctuelles dès qu'un acte de gestion s'enclenche dans nos peuplements hors groupement.

Ainsi, s'est immanquablement posée la question des dépôts de bois au bord des petites routes de campagne sur lesquels les véhicules de débardage et de transport doivent systématiquement stationner avec les impacts qu'on connait. C'est pourquoi, nous avons en 2007, travaillé à une solution commune originale pour la création de places de dépôts desservant 136 parcelles pour une surface d'un peu moins de 70 ha.

1°Les endroits habituels de sortie des bois étant connus par lieux dits, nous avons déterminé le meilleur emplacement de stockage pour chacun d'entre eux (4 lieux) afin que les engins puissent débarder, manœuvrer et charger sans stationner sur la voirie.

2° Nous avons identifié et sensibilisé les propriétaires concernés (16 au total ) pour chaque dépôt et calculé les surfaces respectives de chacun d'entre eux, par lieu de sortie.

3°Compte tenu de la configuration, nous avons opté pour de petits équipements de 20 à 40 m de longueur avec un "quai" aplani et bien sûr, un abord de route empierré qui "sort" les véhicules forestiers des voies communales. Des aménagements qui ont coûté en 2007 de 2500€ à 6500€ chacun pour une dépense totale de 18 000€.

4° Quatorze propriétaires sur 16 ont accepté de participer au financement du ou des dépôts qui les concernaient, au prorata de la surface leur appartenant, et de s'engager sur une convention commune avec un bail emphytéotique. Celle ci prévoit les "règles' d'utilisation pour une bonne conservation et la part (en €/m3) à retourner au propriétaire du terrain, lors de chaque dépôt (le foncier restant au propriétaire initial).

5°A noter que l'opération n'aurait sans doute pas été possible sans l'oreille attentive de financeurs potentiels et leur aide. Dans ce cas précis, le projet qui ne rentrait pas dans le cadre des aides de l'état ou de l'Europe à été aidé par la région Limousin au travers d'une association interprofessionnelle (ADELI) en allouant une subvention de 50% du montant de l'investissement.

Depuis, comme c'est le cas aujourd'hui, il se passe rarement une année sans que l'un de ces dépôts ne soit utilisé. Au début, pour du billon d'éclaircies, et maintenant pour du gros bois en grumes provenant de petites coupes rases ou de coupes jardinées.

Quant au bilan, il ne se discute pas. Les acheteurs n'ont pas à rechercher ni à payer pour des dépôts chez des tiers. Les conducteurs des engins forestiers ou de transport dont les véhicules ne stationnent plus sur les routes, travaillent l'esprit libre et en toute sécurité . Ils n'y provoquent pas de dégradations. Les usagers des routes, non perturbés dans leurs déplacements, n'ont pas l'occasion de construire ou de conforter une mauvaise image de l'exploitation forestière. Enfin, la commune est assurée que, ni le temps de ses employés, ni ses finances ne seront sollicités.

Seul regret, alors que la région était prête à poursuivre son aide, à ma connaissance, l'exemple n'a pas fait d'émules. On peut le regretter, mais peut être le coût de la mobilisation, quand cette dernière n'est pas conduite par une initiative privée et bénévole a t-il paru trop élevé?

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B Palluet Juin 2021

Nicolas LUIGI

Expert Forestier (gestion, études, expertises , formation)

3 ans

Super, bravo Bernard. Simple, pragmatique, efficace.

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