GLORIA VICTIS : Il y a 80 ans, la bataille du Hohneck, ou la Sidi Brahim des neiges

GLORIA VICTIS : Il y a 80 ans, la bataille du Hohneck, ou la Sidi Brahim des neiges

En 1944, alors que Paris et Strasbourg ont été libérées, les combats pour libérer la France continuent contre une armée allemande toujours puissante.

Il y a 80 ans se déroula l’une des batailles les plus emblématiques de la campagne de libération de la France par la première armée française commandée par le général de Lattre de Tassigny dans les Vosges: la bataille du Hohneck du 5 au 14 décembre 1944.

Le Hohneck, deuxième plus haut sommet d’Alsace qui culmine à 1 362 m d’altitude est à la fois stratégique et symbolique pour les camps allemands et français.

Stratégique car il domine les routes et les villages alentour et les débouchés de la plaine d’Alsace et symbolique car le reprendre démontrerait la volonté des Allemands de se maintenir en Alsace (Pour Hitler, l’Alsace est terre d’empire) et le garder serait une démonstration de la volonté de vaincre de l’armée française.

Dans la soirée du 3 décembre 1944 le Hohneck avait été pris par surprise aux Allemands par un détachement du régiment de FFI de France-Comté rattaché à la 3e division d'infanterie algérienne (3ème DIA).

Conformément à la décision prise par le Général Goislard de Montsabert, le premier bataillon du 4e Régiment de Tirailleurs Tunisiens est désigné pour relever les FFI et quitte Gérardmer le 5 décembre 1944. Les soldats tunisiens ne sont pas habitués à des conditions climatiques aussi éprouvantes et peinent dans la neige et le froid.

A 15 h 30, la 1ère compagnie commandée par le capitaine Lartigau arrive à la ferme du Chitelet (Schlüechtli) où les hommes peuvent se reposer et se réchauffer quelques instants. Un guide, connaissant parfaitement la montagne, les y attend pour les mener jusqu'au Hohneck (Distance 1 200m). Mais au cours de l'ascension, le guide perd la direction du Hohneck dans la tempête de neige qui s’est abattue sur la colonne qui doit rebrousser chemin dans un mètre de neige.

Le lendemain matin, la 1ère compagnie quitte la ferme du Chitelet à 6 h 30 et atteint le Hohneck à 8h30. Elle relève les hommes du Régiment FFI de Franche-Comté et s'y installe solidement.

Le poste de commandement français se trouve au Chitelet avec la seconde compagnie.

Du côté allemand, c'est la consternation, il faut à tout prix reconquérir le Hohneck : «Die Lage am Hohneck ist schnellstens zu bereinigen» ( la situation au Hohneck est à «nettoyer» le plus rapidement possible ) ordonne le Reichsführer SS Heinrich Himmler lui-même le 9 décembre 1944 au Général Wagner qui commande la 269e Division d'Infanterie.

Déjà le 8 décembre un coup de main des Allemands a échoué à cause des très dures conditions climatiques, mais les artilleurs allemands réussissent à mettre en batterie un canon de Flak de 88 mm, sur la route des crêtes, et à 15 heures il commence le bombardement de l'hôtel, faisant un tué et 12 blessés.

Les Tirailleurs subissent les assauts allemands et se trouvent finalement encerclés le 10 décembre. Pendant 4 jours les Tirailleurs Tunisiens résistent aux assauts de l’ennemi.

Passablement éprouvé, froid et neige font des ravages, sans ravitaillement (Les tentatives de dégagement échouent faute de blindés et à cause des conditions climatiques terribles) et dans des conditions hivernales extrêmement dures, la 1ère compagnie résiste jusqu'à la dernière cartouche pour que la France puisse tenir son rang et siéger à la table des vainqueurs.

Le 14 décembre le Hohneck est à nouveau aux mains des Allemands, il sera libéré le 15 janvier.

Le capitaine Lartigau, commandant la 1ère compagnie, fait prisonnier et complimenté par un général allemand sur la résistance française répondra : « J’ai reçu l’ordre de tenir. J’ai tenu jusqu’au bout ».

Gloria victis !!!

Ministère des Armées

Sources :

  • Sidi Brahim des Neiges, Sur les traces du 4ème régiment de Tirailleurs Tunisiens, Paul Nicolas
  • Articles de journaux d'époque



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