Gloutonnes, ces Brestoises !
Appliqué et sérieux, le Brest Bretagne Handball a remporté sa deuxième victoire de la saison en dominant dans les grandes largeurs la JDA Dijon (39-20). Malgré un rapport de force déséquilibré, les filles ont maintenu un niveau intéressant toute la partie et offert au public de l’Arena un joli festival offensif, quelques jours seulement après une très bonne copie à Bourg-de-Péage. Sans rature, le début de compétition des vice-championnes de France est réussi mais dès mercredi, le premier col arrive avec un déplacement dans la capitale.
« Prendre 19 buts, c’est mon record. Dans ma longue carrière, je n’avais jamais fait plus de 17… » Christophe Maréchal, le coach dijonnais a vite situé le contexte en arrivant en conférence de presse, passablement chagriné par la première période de son équipe. « Contre une belle équipe, ce n’est pas encore trop l’écart qui me gêne mais la manière est très décevante. On a un effectif jeune et on s’aperçoit qu’on a encore beaucoup de travail », poursuivait-il.
Mais que s’était-il donc passé durant ces 30 première minutes ? On vit tout simplement un BBH entrer immédiatement dans le vif du sujet, sans round d’observation, et profiter des largesses défensives bourguignonnes. Après 10 minutes et un cinglant 6-0, nombreux étaient ceux qui se demandaient à quelle sauce allait être dévoré cette JDA (nouvelle appellation du club) face à des Brestoises sérieuses mais qui laissaient pourtant en chemin quelques munitions face à la gardienne Léna Le Borgne. « Sans ma Bretonne dans les buts, on en aurait pris 30 en première période », ironisait Christophe Maréchal.
Mais la portière dijonnaise n’était pas la seule à se mettre en évidence. En face, Filippa Idéhn avait aussi décidé de montrer ce qu’elle savait faire (18 arrêts/36 sur l’ensemble du match). Bien aidée par une défense sérieuse, elle multipliait les « touchdowns » pour ses receveuses aux cannes de feu, Constance Mauny et Maud-Eva Copy (13-2, 17e). « La consigne était de jouer vite, appuyait Laurent Bezeau. C’est le jeu qu’on doit mettre en avant parce que c’est le handball moderne. Il faut accompagner cette évolution et encore plus si on veut être compétitifs en Ligue des Champions ». Voraces, les Brestoises ne ralentissaient pas le rythme avant le repos et seules Gravelle et Kpodar côté JDA apportaient un peu d’oxygène à une formation respirant déjà avec une paille. Et c’est sur un 20-8 que s’achevait le cauchemar visiteur de ces 30 premières minutes.
Le retour des vestiaires était le moment qu’allait choisir Ana Gros pour se mettre déjà dans la poche une Arena bien bruyante pour un premier match à domicile. L’ex-Messine sortait son bras surpuissant du fourreau pour scorer les quatre premiers buts du BBH. Façon métronome, elle imprimait le rythme de ce second acte pour ses coéquipières. Le fossé continuait de grandir et atteignait les 15 unités assez rapidement (29-14, 43e). « Ce qui est vraiment intéressant, au-delà de l’écart et du score, c’est que les joueuses ont été très sérieuses et investies, se félicitait à juste titre Laurent Bezeau. Cela faisait longtemps que ce n’était pas arrivé quand il y avait un tel déséquilibre entre les deux équipes. Les filles ont pris du plaisir, en ont donné au public et n’ont jamais laissé à Dijon l’occasion d’espérer ».
Car même si la performance de la JDA n’était pas aussi chaotique que la première période, les protégées de Christophe Maréchal parvenaient juste à écoper pour éviter le naufrage. « C’était un visage à peine meilleur, tempérait le technicien bourguignon. Cette deuxième mi-temps n’était pas vraiment non plus rassurante. Elles nous ont martyrisés ». Les Brestoises, appliquées et sereines, en ont aussi profité pour débuter déjà l’histoire d’amour avec leur public dès ces premières joutes de rentrée. En atteignant les 20 buts d’avance par exemple, fait plutôt rare, ou en laissant parler les inspirations de Bella Gulldén, notamment ce kung fu pour Marta Mangué qui laissa quelques bouches bées. Et dans ce festival offensif, tout le monde a pu croquer. Une philosophie que Laurent Bezeau veut appliquer régulièrement cette saison : « J’ai le sentiment que si l’on doit réussir un truc, c’est avec tout le monde concerné, surtout si l’on veut mettre un rythme important. Il faut que toutes les filles puissent apporter et grandir avec l’équipe ».
Après deux rencontres, voilà donc le BBH installé en tête du classement en compagnie de deux vieilles connaissances, Metz et Paris 92. Le départ sur les chapeaux de roue ne doit cependant pas griser le groupe qui va vivre un premier virage important mercredi. « On va se déplacer à Paris et ce sera un vrai test, prévenait pour conclure Laurent Bezeau. C’est une équipe qui avait fait des matches amicaux en demi-teinte mais la réalité, c’est la compétition. Elle vient d’aller marquer 32 buts à Besançon qui est spécialiste de la défense… Nous, en tout cas, on est en mouvement, on continue à progresser, on construit. Les joueuses sont investies, sérieuses. Il se dégage de la sérénité ». Les voyants sont au vert.
BREST – DIJON : 39-20 (20-8)
BREST : Darleux (g.), Idéhn (g., 18 arrêts), Mauny (5), Tissier (3), Gros (7), Pineau (2), Copy (6), Gulldén (1), Pop-Lazic (3), Stoiljkovic (2), Manach-Le Calvé, Coatanéa (4), Limal (4), Mangué (2). Entraîneur : L. Bezeau.
DIJON : Le Borgne (g.), Ben Slama (g.), Metzger (1), Lathoud (1), Gravelle (5), Ribeiro (1), Lefevre, Brochot (1), Bouchard (1), Kpodar (7), Sylla (1), Fehri (1), Dazet (1), Lahcene. Entraîneur : C. Maréchal.