Grand Âge : bien vivre et bien vieillir !
À partir de 1945, notre pays a bénéficié du baby-boom. La prospérité des Trente Glorieuses qui ont suivi a permis d’accroître à la fois l’espérance de vie ainsi que la capacité de financer le développement de la protection sociale.
Au moment où les générations du baby-boom atteignent le grand âge, la question de la dépendance constitue le véritable risque vieillesse du 21e siècle. En effet, la population des plus de 60 ans qui était de 5 millions en 1980 et qui a atteint 16 millions en 2018 s’élèvera à 25 millions en 2060. Sur la même période, les personnes de plus de 85 ans, les plus susceptibles d’être en situation de dépendance, passeront de 1,5 à près de 5 millions. À cela s’ajoute le coût de la dépendance qui est aujourd’hui de 30 milliards d’euros dont 23,7 milliards sont financés par les pouvoirs publics. Il devrait doubler d’ici 2060.
Trois Présidents de la République se sont successivement attelés à ce véritable défi sociétal. L’adaptation de la société au vieillissement devient donc un impératif national et une priorité de l’ensemble des politiques publiques de la Nation. Face à la complexité du sujet, ma conviction est qu’il faut traiter d’un côté, la prise en charge « organisationnelle », et de l’autre, le financement.
Dans le contexte actuel, les finances publiques ne peuvent pas dégager de financements additionnels. Pour autant, l’une des propositions de Dominique Libault est l’utilisation des ressources dévolues au remboursement de la dette sociale. Compte tenu du retour très aléatoire de l’équilibre des comptes de la Sécurité sociale, ces ressources sont bien incertaines. Si la solidarité nationale, financée par l’impôt, a un rôle évident à jouer pour les plus démunis, des concours privés sont inéluctables en complément de la Sécurité sociale.
Par ailleurs, le rapport remis par Myriam El Khomri sur les métiers du grand âge témoigne de l’ampleur des actions structurelles à mener pour un accompagnement décent de nos aînés : 352 000 aides-soignants et accompagnants à domicile ou en établissements devront être formés ces cinq prochaines années. Avec la diminution possible des aidants familiaux (près de 11 millions aujourd’hui), la filière de soins devra se développer et se professionnaliser afin d’accompagner la fin de vie et le handicap. Le niveau de développement d’un pays se mesurant bien souvent à l’aune de l’attention portée à ses citoyens les plus vulnérables.
Toutefois, ne faudrait-il pas que chaque âge se prépare au suivant ?
Le 3e âge devrait ainsi anticiper le 4e pour mieux l’aborder. Cette réflexion englobe l’état de santé, le lieu de vie et ses offres de soins, l’environnement familial et bien sûr les ressources disponibles, de revenu courant et de patrimoine. Aujourd’hui, le niveau de vie moyen des retraités est supérieur à celui de la population en général : d’une part, notre système de retraite est robuste, d’autre part les retraités sont les détenteurs du patrimoine, par accumulation d’une vie de travail et parfois également par héritage. Outre cela, les actifs épargnent pour leur retraite puis, une fois retraités, conservent cette épargne comme un patrimoine à transmettre à leurs descendants. Ces retraités ont d’ailleurs un taux d'épargne supérieur à celui des actifs. Ils sont épargnants nets jusqu’à 75 ans !
Cette épargne pourrait être mobilisée pour financer leur dépendance le cas échéant, soit directement, soit par le recours à l’assurance. Elle peut être une solution adaptée dans bien des situations. D’une part, la dépendance est un risque lié à un aléa et, fort heureusement, tous les retraités n’y seront pas confrontés. D’autre part, la perte d’autonomie exige l’intervention d’un grand nombre d’acteurs, issus du monde des services, de la santé, des soins et de l’hébergement. Or, l’assurance est un secteur de services dont l’objet est de gérer les risques et qui, par construction, travaillent en relation avec les pouvoirs publics, les professionnels de santé, les Ehpad, etc. La mutualisation constitue un autre atout de l’assurance. À cet effet, il est indispensable d’avoir la couverture la plus large possible pour en réduire le coût individuel.
Quoi qu’il en soit, faire payer les jeunes pour le grand âge pourrait apparaître comme injuste car ils sont déjà suffisamment sollicités. La jeunesse est notre avenir : demandons-nous ce que nous faisons pour elle avant de lui demander ce qu’elle fait pour nous !
Je résumerai ma vision ainsi : « actif, je cotise pour ma retraite ; retraité, je me prépare au risque de dépendance ».
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Directeur Communication et Relations institutionnelles | Membre Comex
4 ansOui à 200% mais je me permets d’ajouter à votre réflexion le point suivant : la mobilisation du patrimoine ne débute pas à l’arrivée de la dépendance mais bien dès les premiers instants de la retraite afin de prévenir la perte d’autonomie. Et c’est sans doute là un changement culturel majeur pour notre société.