Habiter la Ville autrement : le jardin, l'autre façon d'habiter la Ville.

Habiter la Ville autrement : le jardin, l'autre façon d'habiter la Ville.

"L'architecture est avant tout une activité de métamorphose. Sans rejeter ce qui existe, essayons de voir ce que l'on peut en faire." Paul CHEMETOV.

Pourtant, le sentiment prédomine toujours que tout a été cerné, imaginé et réalisé. Mais dans une société en mouvement permanent et qui dessine chaque jours de nouvelles formes de bonheur, les aspirations des accédants à la propriété évoluent. Le choix des matériaux, des couleurs, de leur cuisine et de la salle de bain confirment finalement une base dans la quête de leur bonheur dans le logement collectif : la recherche de ce qu'il peut offrir d'individuel.

Cette notion ne contrevient nullement aux différentes formes de collectivisme dans le logement, qu'il s'agisse des pratiques collectives nécessaires (habiter un même lieu mais séparément avec des espaces communs ouverts aux usages) où l'interdépendance entre les habitants n'est pas recherchée, ou de la recherche de l'interdépendance, la co-dépendance avec un intérêt commun à partager l'espace.

Il s'agit juste d'admettre que la représentation et la projection de l'individualité demeurent une composante contemporaine des motivations des acquéreurs pour leurs logements collectifs et elles participent à l'acceptation de la forme collective de l'habitat, puis à l'ouverture aux autres et aux espaces partagés. La prise en compte de l'individualité dans la conception des logements devient un moyen de lutte contre le repli sur la sphère privée.

Nous pourrions aller jusqu'à reformuler la phrase de Xavier Arsène-Henry (Architecte-Bordeaux 1919/2009) ; "C'est ainsi que dans la vie, il n'y a pas de grandes ou de petites choses. Tout est immense. Et la petite idée des logements individuels-collectifs se rattache à la grande idée de l'homme libre".

QUAND LE LOGEMENT INDIVIDUEL INSPIRE LE LOGEMENT COLLECTIF

L’adjonction d’une surface est une action courante dans l’habitation individuelle. Cette nécessité de s’agrandir persiste dans le logement collectif. Les architectes l’ont bien compris et l’habitat évolutif réinterroge cette habitude associée à l’habitat individuel pour la transposer aux logements collectifs. Il y a ceux qui imaginent la possibilité de s’étendre vers l’extérieur, vers le balcon ou la loggia. D’autres vont remodeler l’espace par l’intérieur et iront jusqu'à additionner différents logements ensemble.

L’espace extérieur privatif est déjà dans les années 70 un atout majeur pour un logement. Il est la réinterprétation du jardin dans l’appartement, un espace de loisirs et de représentation pour l’habitant, mais il est aussi un outil majeur de conception.  Au fil de la journée, de la semaine, des saisons, de son séjour, il est fait appel à une ou plusieurs stratégies s'agissant des espaces extérieurs. Celles-ci sont tantôt individualistes, tantôt collectives, tantôt défensives, tantôt conciliantes, afin que chacun puisse trouver sa place, son bonheur d'habiter et de se sentir chez soi.

VIVRE EN VILLE ET ABANDONNER L'IDEE DU JARDIN.

Les schémas des villes aujourd’hui tendent à changer : on vise à densifier les villes pour éviter l’étalement urbain et permettre à tous d’habiter en ville. Cette préoccupation urbaine, a de fait une répercussion physique quant à la nouvelle construction de logements en ville. Vivre en ville signifie, dans la majorité des cas, vivre en appartement et il faudrait alors abandonner l’idée du jardin au profit des terrasses et balcons.

Pourtant, la recherche de tout un chacun, est de retrouver une sensation de maison en ville. Les "Villas sur toit" confèrent à leurs propriétaires cette sensation au dernier étage des immeubles résidentiels en ville. Leurs larges et généreuses terrasses qui dominent le paysage, l'espace des appartements, leurs ouvertures sur l'espace extérieur et l'intimité qu'elles proposent offre l'opportunité d'habiter une maison perchée. Ces appartements sont généralement les plus soignés. Les prestations intérieurs accompagnent le caractère exceptionnel du logement et leurs terrasses sont végétalisées ou équipées jusqu'à offrir l'opportunité du jacuzzi par exemple. Il s'agit des plus beaux logements. Un privilège rare, confidentiel et peu accessible au plus grand nombre.

ESPACE PAYSAGER PRIVATIF, L'OPPORTUNITE D'HABITER LA VILLE AUTREMENT.

Pourtant, l'idée de retrouver un jardin et d'habiter un logement collectif en ville est une aspiration d'une majorité d'entre nous. Comment réconcilier la Ville et cette envie d'un espace paysager privatif, comment offrir l'opportunité d'habiter la Ville autrement ?

Pour le paysagiste Gilles Clément, créateur notamment des jardins du Musée du Quai-Branly à Paris, l’intérêt croissant pour le jardin s’inscrit dans un mouvement global, bien plus vaste. Pour lui, cet intérêt retrouvé est la conséquence de l’extension des villes et relève d’une aspiration à vivre autrement.

Pour une majorité de français, le jardin est la pièce préférée avant le salon et la cuisine. Ils sont 60% (enquête Union nationale des Entrepreneurs du Paysage-Ipsos) à posséder déjà un jardin. Un constat très net pour les actifs de 25 à 65 ans. Le cœur de l'habitation se déplace ainsi vers les jardins et terrasses, véritables " pièces à vivre " où, finalement, dès les beaux jours, les avantages du salon et de la cuisine se conjuguent. Une aspiration à vivre autrement encore plus marquée dans les villes du Sud où extérieur et intérieur se conjugent, se complètent pour ne faire qu'un tout au long de l'année.

"Définir les usages et les pratiques des jardins dans la métropole est difficile car ce n’est pas un espace vert comme les autres, ni parc, ni espace naturel, ni délaissé urbain, comme il en existe tant. Il peut être public ou privé, ou encore partagé. Son usage est généralement réservé à un individu, une famille, un groupe ou une communauté. Il est en principe clos, mais reste en fait souvent plus ou moins ouvert aux autres, qu’ils soient voisins, amis, invités, ou simples passants. On y pratique, le plus souvent, de nombreuses activités, mais on n’est pas obligé de les faire : jardiner bien sûr, et donc fleurir ou cultiver un potager. On peut y laisser pousser les herbes folles ou au contraire les chasser avec la plus grande énergie, prendre ses repas, jouer, s’y reposer, faire la sieste. Le jardin est un espace polymorphe et ses occupants le revendiquent comme tel. Le jardin prend une nouvelle dimension, à la fois sociale, économique et environnementale. De plus, en tant qu’espace récréatif et de loisirs de proximité il tend à réduire les désirs de résidences secondaires, d’exotisme campagnard, de voyages dépaysant. Une dimension environnementale enfin, car dans une ville qui cherche à renouer des liens avec la nature et qui conserve en son sein des espaces garants de cette mémoire, le jardin constitue un jalon important pour la préservation de la biodiversité et le développement des écosystèmes. Cette triple caractéristique offre une place de choix aux jardins car elle est transversale aux différentes échelles de la métropole, de la plus petite cellule familiale au grand territoire métropolitain, et aux nombreuses temporalités de la vie urbaine et de ses habitants." (POPSU Europe - Des jardins dans les Métropoles)

L'ESPACE PAYSAGER PRIVATIF AVEC LE LOGEMENT COLLECTIF.

De fait, la conception de l'offre de logements collectifs doit intégrer davantage cette aspiration au jardin privatif mais également la rendre accessible au plus grand nombre. Une ambition qui s'inscrit parfaitement dans les territoires métropolitains et participe aux objectifs de leurs documents d'urbanisme pour conserver et accroître le réseau végétal des villes et favoriser la cohésion sociale et le lien avec la nature.

Permettre une majorité d'accédants à la propriété de profiter d'un jardin privatif tout en habitant un logement collectif en ville est un objectif à intégrer et à décliner, que ce jardin fasse partie intégrante du logement, ou qu'il se trouve en secteur péri-urbain.

Intégré au logement, le jardin pousse ainsi plus loin le concept de Villa par un accès au logement par l'extérieur, avec une véritable porte de Villa. Une conception paysagère des terrasses offre le Jardin : Pelouse, jardinières, terrasse bois plantée viennent former l'espace vert et participent à l'intimité des espaces extérieurs. L'étanchéité des terrasses assure le bon fonctionnement de l'ensemble où le goutte à goutte hydrate les végétaux pour garantir leur développement selon les expositions et leurs caractéristiques.

Un concept qui vise également à démocratiser la "Villa" qui n'est plus réservée au seul dernier étage. Tout les logements de la résidence sont organisés de la même façon, comme des villas superposées équipées de terrasses jardins.

APPARTEMENT NEUF EN VILLE, JARDIN A LA CAMPAGNE

Offrir les avantages du Jardin lorsque l'intervention au stade de la conception n'est plus possible, consiste à permettre aux propriétaires d'appartements neufs en Ville, de profiter d'un Jardin à la "campagne", dans la ceinture péri-urbaine des Métropoles. A l'image des Jardins proposés par la Société FullGreen (34) avec son concept GRAAL GARDEN. Un ensemble de Jardins privatifs, connectés (Wifi, caméras, arrosage à distance...) aussi bien destinés au jardinage qu'à la détente. Organisés autour d'un Mazet, ce dernier offre des espaces communs (barbecues, piscine naturelle, espaces de restauration, balades, marchés aux produits locaux, récolte d'olives et fabrication d'huile du domaine...) pour former bien plus qu'un simple jardin potager, mais un avre de paix complémentaire pour les propriétaires de logements et familles en Ville qui s'y ressourçent, jardinent, se reposent, s'y baladent et s'y rencontrent.

Non. Vivre en Ville n'est pas renoncer à son Jardin pour autant qu'une conception orientée des logements n'oublie pas de nourir l'étalement urbain de l'esprit des Jardins qui lui a précédé…. combiné à une réelle volonté des Maîtres d'Ouvrages Privés, pour autant qu'ils y soient sensibles.

JCR













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