Handicap, la possibilité d’être soi

Handicap : https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/handicap/38988

Au sens propre : Limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société due à une altération des capacités sensorielles, physiques, mentales, cognitives ou psychiques.

Au sens figuré : Désavantage qui met en état d’infériorité

Il manque à ces definitions la référence : limitation, restriction, désavantage ok mais par rapport à quoi ? 

J’en profite pour remanier la définition du handicap : Limitation d’activité, restriction de participation à la vie en société, désavantage qui met en état d’infériorité par rapport à une norme attendue, dues à une altération/particularité/différence dans les capacités sensorielles, physiques, mentales, cognitives, psychiques, sociales.

Qui ici n’est pas handicapé ? Levez la main. Bon en gros 98% de ceux qui sont en train de lire cet article ont levé la main.

Vous n’êtes donc pas handicapé.

En êtes-vous sûr ?

Si je reprend la définition du handicap et que je l’applique à mon cas personnel :

  • J’habite Marseille. Si je vais à Paris soutenir le PSG, c’est un handicap qui restreint ma participation à la vie en société dans certains cercles parisiens.
  • Vu que j’ai la peau très blanche et les yeux très clair, c’est un handicap l’été entre 12h et 17h (limitation d’activité).
  • Si j’ai un accent marseillais, c’est un handicap si je prononce un discours à la télé, mais ce n’est pas un handicap si je suis poissonniere (le cliché est nul mais drôle).
  • J’ai une alteration physique nommée vitiligo qui pourra devenir un jour un handicap social car je serai bicolore.
  • J’ai une autre alteration physique, je suis presbyte. C’est un handicap quand j’ai besoin de voir de prêt la nuit ce qui limite mon activité de lecture et de course à pied nocturne.
  • J’ai 48 ans. C’est un handicap quand j’ai envie d’aller danser sur de l’electro (handicap de l’âge par rapport à la norme sociale des personnes qui dansent sur de l'electro) et c’est un handicap quand il s’agit d’évoluer dans ma carriere. Mais ce n’est pas un handicap quand il s’agit d’être consultante / experte.
  • J’ai un QI supérieur à la moyenne. Souvent traitée d’atypique, de bizarre, différente par rapport aux comportements communement admis dans l’entreprise, ce qui crée gêne, incomprehension etc…. : handicap.

Je pourrais en trouver d’autres.

Sachant qu’une norme sociétale évolue en fonction du lieu, des situations, de la période, du nombre de personne porteur de cette norme, peut-on encore parler de handicap ?

Lorsque la société se sera totalement adaptée à l’existence des personnes obèses car ces personnes seront devenues « la norme », pourra-t-on encore parler de handicap ? moi qui suis mince, ce sera moi l’handicapée. Moi qui ne trouverai pas de vetements à ma taille, moi qu’on regardera de travers, moi qu’on n’embauchera pas en entreprise car on me considerera « de physique maladif ». Aujourd’hui on valorise le bronzage, à une certaine époque, en Europe, on valorisait la blancheur et le bronzage était un handicap pour faire partie de certains groupes sociaux.

Vous m’avez vu venir…. Nous avons tous des handicaps. Et pourtant nous ne sommes pas considérés comme « handicapés ». Les Autres ne sont pas genés quand ils nous regardent, avec quelques amenagements certains de ces handicaps passent facilement inapercus, et d’autres handicaps sont suffisamment fréquents pour faire partis d’une norme attendue.

  • 29% des français sont myopes. Si les lunettes n’existaient pas, la myopie serait un handicap. Si 80% des français étaient myopes, les panneaux de signalisation et les panneaux publicitaires seraient 3 fois plus grands. Ce ne serait plus un handicap. Ce serait une norme.
  • Si 80% des français étaient en fauteuil roulant, l’espace physique serait bien différent. Les marcheurs acheteraient un fauteuil roulant pour cacher leur particularité.

Bref. Pour résumer : un « handicapé », est une personne

  • Dont les handicaps ne peuvent pas être totalement compensés pour empêcher les limitations / restrictions / désavantages, que ce soit par des compensations intrinseques à la personne ou par des alternatives exterieures
  • Dont les handicaps ne passent pas inapercus, sont visibles ou facilement décelables
  • Dont les handicaps ne sont pas suffisamment communs pour être considérés comme « normaux »
  • Que nous n’avons pas assez l’habitude de cotoyer pour la faire entrer dans notre norme personnelle et savoir interragir de facon naturelle avec elle.

Finalement, un handicapé est une personne qui n’a pas la possibilité de s’adapter à un monde qui a decidé de ne pas s’adapter à sa particularité.

C’est là qu’intervient la notion de diversité. Si nous étions tous vraiment nous-même, sans essayer de nous cacher, en nous assumant pleinement, et ce, dès le plus jeune age, nous serions tous habitués à interragir avec des personnes tellement différentes et variées, qu’il n’y aurait plus de « handicapés ». Notre reference normative serait tellement étendue que toutes les particularités seraient acceptées.

Ce n’est pas seulement un doux rêve que l’on deciderait de confier aux prochaines generations. Ce sont des actes que l’on peut poser en entreprise dès aujourd'hui en :

  • Autorisant chacun à être soi, « Be as you are, it is fine »
  • Valorisant les particularités de tous puisque nous en avons tous… un de mes ami quasi aveugle me disait qu’il voyait des choses que d’autres ne voient pas, des couleurs, des hombres.
  • Cessant de parler de « handicap »
  • Valorisant les interactions et la connaissance mutuelle des particularités de chacun
  • Exprimant son propre mode d’emploi, ses besoins 

Plutôt que de mettre en place des politiques RSE qui n’ont pas de vision globale et mettent les personnes dans des cases, les jeunes par ci, les femmes par là, les handicapés, les séniors etc.. et pourquoi pas bientôt "les jeunes dans leur tête et seniors dans leurs corps" ou "les femmes sans enfants", "les hommes qui ont envie de lever le pied mais ne sont pas encore seniors", "les générations X qui se comportent comme les millenials", "les millenials nuls en informatique" ?

Ne serait-il pas interessant de dé-stigmatiser, de cesser de pointer du doigt telle ou telle population ? nous sommes tous différents. Je suis moi, je suis unique. Mes particularités font parties de moi.

Ne devrait-on pas travailler sur ce que je peux apporter plutôt que sur ce que je ne peux pas (ou plus) faire ? faire plus ? faire moins ? ou faire AUTREMENT ?

Permettre à chacun d'ETRE SOI.

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