Puisqu’on en parle en ce moment… quelques réflexions sur la fin de vie…
J’ai du mal à comprendre pourquoi l’aide à la fin de vie provoque tant de conflits chez mes contemporains, que ce soit la fin de vie choisie d’une personne en capacité de faire ce choix ou la fin de vie d’un fœtus (à qui on ne demande évidemment pas son avis – mais est-ce que qui que ce soit demande l’avis des personnes concernées pour quoi que ce soit – et écoute / agit selon ces avis ?).
Nous vivons dans un monde où le réchauffement climatique et la chute de la biodiversité feront dans les prochaines décennies des millions de mort et en font déjà, où des industries fabriquent des produits dont les modes de fabrication et le produit fini empoisonnent / rendent malades et finissent pas tuer des millions de gens, où des gouvernements / groupes divers et variés déclenchent et participent à des guerres, où des millions de gens meurent de faim / de malnutrition / de soif / de maladies facilement soignables, dans un monde où de (trop) nombreuses personnes ont le droit de posséder des armes et n’hésitent pas à s’en servir, dans un monde où la violence qui tue / détruit des vies est partout.
Dans ce monde où on laisse tranquillement crever chaque jour des tas de gens, ceux qui laissent faire / organisent ces tueries de masse sont les mêmes qui s’émeuvent sur l’avortement et l’euthanasie. Cynisme ? ignorance ? incapacité émotionnelle, psychologique ou mentale ?
A dire vrai, je discuterai volontiers de l’interdiction de ces 2 pratiques le jour où les sujets ci-dessus ne seront plus des sujets.
En attendant, comme je le disais en préambule, je ne comprends pas pourquoi cette discussion créée des conflits.
Petit aparté sur les relations entre religion et mort - les guerres religieuses - passées présentes et à venir - sont de grandes pourvoyeuses de décès. Lesquelles décédés vont rejoindre leur créateur, ce qui est vu plutôt positivement par ces religions. Alors pourquoi sont-elles les plus arc-boutées sur des positions opposées à l’avortement et à l’euthanasie ? Alors que ces morts-là vont tout pareil rejoindre leur créateur ? Je suis volontairement simpliste et caricaturale évidemment.
Ce qui m’amène cette autre réflexion, sur la signification de « vivre ». Qu’est-ce que la vie ? Respirer et avoir un cœur qui bat, est-ce vivre ?
Les iraniennes dont le cri est « femme vie liberté » ont-elles l’impression de vivre ? Leur cœur bat pourtant. Mais ce n’est pas ça la vie. Le cœur qui bat est une des conditions de la vie mais n’est pas suffisant pour vivre une vie.
Le cœur de ceux qui veulent qu’on les aide à mourir bat. Pour autant ils ont l’impression d’être déjà morts. Le cœur bat mais la vie ne bat plus. Les raisons sont propres à chacun : la douleur physique ou psychologique, la solitude, la diminution de ses capacités. Et personne n’a le droit de porter un jugement sur ces raisons, de les approuver ou de les réprouver, de décider que le cœur doit continuer de battre alors que la vie est partie.
Sans doute qu’on se trompe de sujet. Que le sujet n’est pas le fait de tuer ou d’aider certains à mourir quand on en tue allègrement d’autres sans se poser trop de questions, le sujet ce n’est pas ça non…
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Le sujet, c’est le contrôle, la domination et la transmission du patrimoine.
Une guerre est choisie par ceux qui la déclenchent = contrôlée. On peut arrêter une guerre, il suffit que ceux qui détiennent le pouvoir se mettent autour d’une table et signent une déclaration de paix.
Une industrie destructrice est choisie et contrôlée. Pour que ça cesse, il suffit que ceux qui la dirigent décident de procéder différemment.
Un réchauffement climatique et une chute de la biodiversité, la société au sens large peut l’arrêter, toutes les solutions sont connues, il suffit de les mettre en place.
(Je n’ai pas dit que c’était simple, j’ai dit que c’était contrôlé / dirigé / voulu / choisi).
L’euthanasie est choisie par l’individu. Le suicide fait peur car non contrôlable. Il est entre les mains du libre arbitre et du choix de chacun. Et ça c’est dangereux. Une loi ne peut pas empêcher le suicide. Une religion ne peut pas empêcher le suicide. Rien ne peut. Autoriser l’euthanasie signifie pour une société d’accepter de lâcher prise sur le contrôle de la vie et de la mort.
Quant à l’avortement, alors là attention ! Tuer un fœtus même pas encore né, ou empêcher sa conception, casse la transmission du patrimoine génétique et matériel… et ne permet plus le fonctionnement de la base de la société tout entière - le contrôle du corps des femmes permettant la transmission du patrimoine, l’augmentation de la population qui permettra ensuite de dominer une autre population, de gagner une guerre.
Et ça c’est dangereux.
Vous rendez-vous compte ? Si les gens décident eux-mêmes de vivre ou pas, de donner la vie ou pas ? Non mais où va-t-on …