Hebdomadaires des marchés
Les Bourses européennes ont entamé lundi le mois de Mai en progressant calmement dans un environnement toujours favorable aux actifs risqués grâce à l’espoir d'une forte reprise. Toutefois la crainte que l’inflation contraigne les grandes banques centrales à resserrer prématurément leur politique monétaire n'a pas disparu.
Janet Yellen, secrétaire au Trésor américain, et ancienne présidente de la Réserve fédérale, a laissé entendre hier qu'une légère hausse des taux d'intérêt pourrait être nécessaire pour éviter une surchauffe de l'économie américaine.
Mardi, des algorithmes ont pris comme prétexte une information selon laquelle un appareil militaire chinois aurait survolé l'espace aérien de Taïwan, pour prendre des bénéfices après un important rallye boursier. Le CAC 40 a ainsi perdu près de 0,8% en l’espace de quelques minutes.
Mais dès aujourd’hui, l’optimisme n’a pas tardé à reprendre le dessus, les investisseurs réalisant que le courant vendeur d'hier était probablement un peu exagéré. A 16H30 le CAC 40 avait repris près de 1,20%, dépassant largement les baisses enregistrées la vieille.
La Bourse de New York est en hausse aujourd’hui dans les premiers échanges, portée par le léger rebond des grandes valeurs technologiques et de solides données sur l'emploi. En effet, le secteur privé aux États-Unis a créé 742.000 emplois le mois dernier après 565.000 en mars.
Perte d’influence de la city
Deux annonces récentes vont déboucher sur une réduction plus importante du rôle de Londres pour les actions européennes. CBOE va lancer une nouvelle plateforme de trading de dérivés à Amsterdam. Et Euronext va rapatrier ses infrastructures informatiques en Italie.
CBOE est une plateforme électronique de négociations de dérivés sur les actions européennes. Quelques mois seulement après que la quasi-totalité des échanges physiques sur ces actions ont quitté Londres pour l’UE, la firme américaine CBOE entend dynamiser, depuis les Pays-Bas, le marché encore très peu développé des dérivés sur actions ou indices. Le rapport en termes de montant notionnel quotidien est de 1 à 7 entre les États-Unis et l'Europe sur ces produits financiers indique le dirigeant de la filiale.
Politique monétaire de la Fed inchangée
Comme attendu, la banque centrale américaine a maintenu ses taux d’intérêt à des niveaux proches de zéro et son programme d’achats d’actifs à 120 milliards de dollars par mois. Elle ne donne pas le moindre signe suggérant qu'elle se prépare à réduire son soutien à la reprise.
« Avec les progrès en matière de vaccinations et un soutien politique fort, les indicateurs de l'activité économique et de l'emploi se sont renforcés, indique la Fed dans son communiqué, les secteurs les plus durement touchés par la pandémie restent faibles, mais enregistrent une amélioration. L’inflation a augmenté, reflétant en grande partie des facteurs transitoires. »
Les M&A se multiplient
Les fusions acquisitions atteignent de nouveaux records. Plus de 1770 milliards de dollars de deal ont été signés en 4 mois dans le monde selon Refenitiv, un fournisseur de données liées aux marchés financiers. Ce montant est un record, qui correspond à une hausse de 124% en un an. Cette frénésie a été tirée par les États-Unis (plus de 1000 milliards de dollars) par les géants de la technologie, mais aussi les SPAC et le Private Equity.
Mais qu’est-ce qu’un SPAC (Special Purpose Acquisition Company) ?
Un SPAC est une structure cotée en Bourse dans le but de faire une acquisition (=société non cotée). Au moment de sa cotation, elle n’est qu’une coquille vide. Contrairement à une introduction en Bourse classique, les fonds recueillis auprès du public sont conservés sous forme de cash en vue de financer ultérieurement l’acquisition en question.
Pour la société non cotée, le principal avantage du SPAC est d’éviter un long processus d’entrée en bourse. Une seule promesse est faite aux investisseurs : le SPAC doit utiliser les fonds confiés pour acquérir une société cible non cotée dans les 24 mois suivant son entrée sur les marchés. Cette société prendra le nom du SPAC et les actions deviendront fongibles et ordinaires.
Leur utilisation est encore très limitée en France, cependant aux États-Unis ce système existe depuis 2003, mais s’est particulièrement accéléré en ce début d’année. Ce phénomène a été dénoncé par Warren Buffet à cause de la très faible visibilité possible sur l’investissement, l’expérience du gérant étant l’unique indicateur de fiabilité du SPAC.
L’assemblée générale Berkshire Hathaway
Hier a eu lieu l’assemblée générale du conglomérat Berkshire Hathaway, où Warren Buffet a cette année aussi donné sa vision de marchés.
Le groupe de « l’oracle d’Omaha » a vu ses réserves de cash rebondir pour atteindre 145 milliards de dollars en 2020, mais l’investisseur peine à les placer. Il a comparé les marchés financiers américains actuels à un « casino » déconnecté de la réalité, où il y a toujours plus d’entrants que de sortants. Il en a profité pour particulièrement critiquer l’essor des SPAC (Special Purpose Acquisition Company) et insister sur le risque grandissant de l’inflation.
L’assemblé a également été l’occasion d’annoncer le successeur de Warren Buffet, aujourd'hui âgé de 90 ans. Cela faisait plus de quinze ans que la question de la succession à la tête de Berkshire Hathaway était sur toutes les lèvres, mais le secret était bien gardé. Deux jours après l'assemblée générale des actionnaires du groupe, l’investisseur l'a confirmé lui-même à CNBC : « Les administrateurs sont d'accord pour dire que si quelque chose devait m'arriver ce soir, ce serait Greg Abel qui prendrait la relève demain matin. »
Évolution des marchés financiers