Hello@MadameMichu37450

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Pendant longtemps, Madame Michu a été l’ambassadrice d’une certaine France, celle qu’on aime moquer tout en sachant qu’elle renvoie à notre propre quotidien. Celle donc qui ne rate jamais un numéro du JT de 20h, celle qui était toujours la première à raconter le lendemain matin devant la machine à café la dernière blague de Lagaf’, celle qui parvient à rendre les courses du samedi après-midi un moment de balade familiale, poussant suant son caddie à deux mains tout en évitant les milliers d’autres familles Michu et en respectant sa liste de courses à la lettre…

Mais Madame Michu a changé !

Comme nous tous d’ailleurs. Depuis 2006 et l’arrivée de Facebook… Aujourd’hui, lorsqu’elle pousse son caddie, elle prend des photos avec un smartphone dernière génération, elle se prend même elle-même en photo devant des paquets de biscuits. Et elle poste son œuvre sur Facebook, en passant par Instagram pour un rajouter un joli filtre Juno, elle n’oublie pas de mentionner le nom du compte de son magasin pour espérer un bon de réduction, elle mentionne la marque de gâteaux en espérant être sélectionnée pour le prochain testing conso. D’ailleurs, depuis quelques temps elle prend plaisir à déballer ses courses face caméra et à poster ses vidéos sur sa chaîne YouTube. Les courses du samedi après-midi ne se font plus en famille car Madame Michu est désormais passé au bio, du moins elle tente de convertir sa famille en secret. Madame Michu prend même plaisir à pousser son panier à roulette en forme de caddie.

Et puis un jour Madame Michu a été invitée par son hypermarché préféré

Celui qu’elle fréquente depuis qu’elle est née. En compagnie de 10 autres personnes, des clientes principalement, elle a été conviée à visiter les coulisses de la boulangerie. Elle a été accueillie par le Directeur du magasin en personne. A son arrivée, elle a été applaudie par tous les collaborateurs de l’enseigne : les caissières, Paul le poissonnier, les chefs de rayon, Sandrine l’épicière de fruits exotiques, Sandy la coiffeuse, Van Hieu le maître sushi, des magasiniers aussi. On lui a offert un café, des macarons. Puis, le directeur du magasin l’a accompagné découvrir les coulisses et à rencontrer l’équipe de boulangers.

On lui a expliqué que le pain est cuit sur place. Des boulangers en tenue blanche avec plein de farine sur les mains, ont roulé devant elle des morceaux de pâtes issues de bacs à pâtons, utilisé des cutters pour les couper en baguette. Ils les ont disposés ensuite sur de belles plaques de cuisson en inox. Ensuite ils les ont enfournés dans des fours bien chauds. Ça sentait bon le pain chaud, comme le matin, tôt, lorsque Madame Michu passe devant la boulangerie alors que le rideau de fer est encore fermé.

En compagnie des dix autres personnes, elle a eu l’occasion de goûter en avant-première le pain créé par l’enseigne spécialement pour Noël. Un délice ! Surtout avec un petit verre de cidre et quelques cuillères de confiture bio.

Madame Michu a pris des photos avec son téléphone. Et surtout un selfie avec Eric. Oui, désormais, elle l’appelle par son prénom. C’est le Directeur du magasin. Et Hervé, le boulanger. Enfin non, l’artisan boulanger ! Elle a reçu un tote bag en cadeau. Avec plein de petites surprises à l’intérieur : du pain, de la confiture, du beurre, de la pâte à tartiner… Exclusivement la dernière gamme bio de l’enseigne. Et aussi des bons de réduction.

Le soir, en rentrant chez elle, Madame Michu s’est empressée de raconter sa journée sur Facebook. Elle a pris le soin de citer son magasin avec le @ qui va bien. D’ailleurs, dans son tote bag, il y avait un petit livret qui explique les bonnes astuces pour communiquer sur Facebook : le hashtag officiel de l’opération, le nom du compte de son magasin et aussi les noms des comptes des 10 autres personnes qui l’accompagnaient. En moins de dix minutes, son magasin lui a laissé un commentaire : « C’était un plaisir de vous accueillir. A très bientôt dans notre magasin. Hervé vous embrasse ! ». Avec un petit emoji en forme de clin d’œil.

Sur Messenger, elle s’en est allée raconter sa belle histoire à sa collègue, Ericka. Elle est beaucoup plus jeune qu’elle. C’est une anti centre commercial. Elle aime se la jouer bobo, dixit Madame Michu. Elle lui a raconté que dans son enseigne préférée, ils font du vrai pain, encore meilleur qu’à la boulangerie !

Oui, Madame Michu a bien changé. Elle est devenue une influenceuse. Comme vous…


Vincent Lavandier Pagenel

Chargé de Mission chez Transitions Pro Hauts-de-France

6 ans

Bonjour Benoît. J'aime beaucoup ton sujet/article/post... ta prose ? Merci :) Juste une question, dis moi, en tant que bobo avéré (je l'assume très bien... enfin presque très bien), j'espère qu'il n'y a pas un léger coup de patte justement envers les bobos ? Parce que voilà, nous autres les bobos ont est toujours là pour se faire "taper" dessus... C'est amusant, comme c'est facile de critiquer un bobo. C'est facile, il n'y a personne pour défendre le bobo de base. C'est pratique le bobo. Il est "marginal" (en fait il y a beaucoup plus de bobos qu'on ne le pense mais ils restent souvent cachées ou assument difficilement ce statuts tant décrié, d'ailleurs peu de personnes en ont vraiment vu à l'état sauvage dans leur milieu naturel tant ils se fondent dans leur environnement. C'est peut être aussi parce qu'ils sont assez sociable). Il essaie manger bio (voir pire il est parfois végétarien). Il privilégie le circuit court, le développement durable, signe toutes les pétitions contre Monsanto (anticapitaliste primaire). Il est parfois cultivé (en fait il use ses chaussures seconde main dans les allées des foires d'art contemporain, des musées, des salles de spectacles, des cinémas, des médiathèques, et ce, en toute impunité ! Le pire c'est qu'il paie souvent le prix fort pour ça et permet, modestement, à la culture de continuer d'exister !). Il aime lire (comme si ça servait encore à quelque chose avec youtube ?) Il utilise des modes de déplacement alternatifs (c'est à dire le bus, le vélo, le métro et même comble du snobisme, la marche à pied ou, gloups, l'autopartage). Il donne quelques pièces aux sdf dans la rue (surement pour se donner, à lui, bonne conscience). Il est parfois membre d'une amap (pour manger des choux et des blettes tout l'hiver, ah ah ah trop drôle, il fait même des repas équilibrés, non mais vraiment). Il fait du Qi Gong ou du yoga (le pauvre, comment pense-t-il s'en sortir dans ce monde de compétition ?) Certains on même commencé à quitter les réseaux sociaux et essaient de privilégier les rapports humains directs (bande d'utopistes !) Bref tout ça pour dire que je défends le bobo, qu'il soit sauvage ou apprivoisé... ne serait-ce qu'au nom de la biodiversité (et en plus le bobo a des petits cotés écolo ! Non mais vraiment) !

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