Hippocrate, le serment du docteur Barnier

Hippocrate, le serment du docteur Barnier

« Faites chiant », recommandait Hubert Beuve-Méry à ses journalistes du Monde. Lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre s’est résolument placé dans le sillage du créateur du quotidien – jadis - de référence, au risque de se rapprocher aussi du mot de Pierre Desproges, détourné de la signature d’un autre titre historique de la presse : « Le poids des mots, le choc des paupières ».

Il paraît que le style roupillatoire, déjà surnommé « style Barnier » relève autant de la stratégie que de la nature profonde du personnage. Pourtant, au moment où le discours s’orientait sur la santé, on a fugacement pensé que les mesures envisagées pouvaient réveiller une partie de l’auditoire, voire au contraire calmer un instant les rangs des braillards.

On attendait du « Programme Hippocrate » révélé, des réformes hardies, propres à lutter contre les déserts médicaux qui progressent aussi vite dans nos territoires que l’évaporation de la mer d’Aral en Asie centrale.

La référence au Père de la médecine laissait augurer une sorte de révolution que les premières pistes dévoilées semblent plutôt réduire au simple prolongement de mesures déjà engagées.

Première d’entre elles, l’incitation des internes « français et étrangers » - attention Bruno Retailleau ! – à exercer pour une période donnée dans les endroits où l’on manque le plus de médecins. Une démarche déjà mise en œuvre depuis 2016 par le Contrat de solidarité territoriale médecin (CSTM) avec un triste bilan près de 10 ans plus tard.

Deuxième volet du Programme Hippocrate, l’appel aux médecins retraités. Le Premier ministre entend « Leur permettre de reprendre du service avec un cumul favorable entre rémunération et retraite ». En clair, c’est le retour de l’exonération de cotisations pour les médecins en cumul emploi / retraite, mise en place en 2023 ...et supprimée en 2024.

Michel Barnier a aussi annoncé l’extension des compétences de certains professionnels de santé, comme les pharmaciens, les kinés et les infirmiers, oubliant sans doute que la réforme est en chantier depuis près de deux ans...

Last but not least, la santé mentale sera bien la grande cause nationale 2025. Etant donné l’état désastreux de la psychiatrie, le secteur espère sans trop y croire que la politique en ce domaine ne sera pas le simple prolongement du vide que l’on a connu jusqu’ici.

La balle est dans le camp de la septième ministre de la Santé depuis 2017, Geneviève Darrieussecq, si bien sûr le gouvernement n’est pas censuré.

Jacques DRAUSSIN

"le style roupillatoire" 🤭😂

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