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Bonjour à toutes et tous, et bienvenue si vous rejoignez Pioche!
À l’heure du million d’abos TikTok pour Jordan Bardella – et du succès apparent d’une stratégie reposant davantage sur la connivence que sur le fond – quel rôle confier aux influenceur·ses, ces « créateur·ices de contenus » sur les réseaux sociaux, pour porter une autre vision du monde de demain ?
Bien sûr, celui-ci est central, capital. Mais il faut pour cela consolider moins des valeurs ou des convictions qu’un sentiment de légitimité, si ce n’est d’urgence, à porter ces combats auprès de leurs communautés.
Voilà un projet difficile sur lequel travailler d’ici au 9 juin, date à laquelle chacun de nos votes pour l’Europe sera nécessaire (s’inscrire ici).
Bonne lecture,
Et bonne Pioche!
Jean-Paul Deniaud, avec Samuel Chabré, Lucille Fontaine, Juliette Roques et Baptiste Thomasset
1. Historique
Bang bang. Poursuivie par un mouvement citoyen, la Suisse a été condamnée hier par la Cour Européenne des Droits de L'Homme (CEDH) pour inaction climatique. Un « tournant historique » pour les militants, pour qui cette décision oblige les États européens à agir contre le changement climatique – « un problème véritablement existentiel pour l’humanité » dixit la CEDH.
Historique (bis). « Les douze derniers mois ont été les plus chauds jamais enregistrés sur la planète », « Climat : nouveau record de température en mars 2024 », « Mars 2024 est le dixième mois consécutif à battre un record de chaleur, l'océan est en surchauffe ». Les gros titres d’hier se suffisent à eux-mêmes. Il y a urgence.
Inspirateur. L’État, l’ ADEME et Unis-cité l’ont annoncé lundi : le service civique écologique sera ouvert dès juin à 50 000 jeunes souhaitant s’engager auprès d’assos, de collectivités ou d’opérateurs publics ( RATPgroup , Enedis …), pour environ 600€/mois. 1000 ambassadeurs seront formés pour sensibiliser leurs pairs dans les quartiers populaires (coucou l’inspi Banlieues Climat).
2. Former les influenceur·ses à l'écologie : le pari (réussi) de La Fresque du climat
À la mi-mars, nous assistions à une formation un peu particulière : une quinzaine d’influenceur·euses réuni·es dans les locaux parisiens de l’asso La Fresque du Climat et y rencontraient les activistes/influs MC Danse pour le Climat, Camille Etienne et Mangeuse d’herbe.
Objectif : favoriser la création de contenu engagé autour des enjeux écologiques en faisant gagner en assurance ces créateur·ices de contenu au milliers d’abonné·es… Récit par l’inextinguible Lucille Fontaine.
(…) Au commencement était la peur. La conscience de sa responsabilité en tant que figure médiatique donne un sentiment de puissance autant que de vertige.
Lola Antonilos-Richard (@lolasolia) a vu son nombre d’abonné·es monter en flèche après sa participation à la dernière saison de la Star Academy sur TF1. Alors désormais, lorsqu’elle prend la parole sur les réseaux, elle se sent responsable : « J’ai l’impression que tout ce que je vais dire est important. »
Mathilde Caillard (alias @mcdansepourleclimat – lire notre interview) abonde. Pendant les manifestations contre la réforme des retraites en 2020, elle devient « un meme suite à une vidéo de danse qui a beaucoup circulé ». Sur les réseaux, elle passe d’« une petite communauté très sympa » à des dizaines de milliers d’abonné·es.
« Ça a été particulier de perdre le contrôle de mon image. Je me suis dit : si je ne parle pas, si je reste une image qui danse, je vais manquer l’occasion de faire passer des messages. »
Outre ce sentiment de responsabilité, nouveau pour les influenceur·euses qui n’ont pas grandi avec leur communauté, il faut affronter la crainte du manque de légitimité. Un sentiment renforcé par la véhémence de certains commentaires, qui peuvent conduire au silence.
« Pour une micro-erreur je m’en suis pris plein la gueule pendant trois jours » regrette la graphiste Math de Capèle (@cht.am), rejointe par Mathilde : « Quand on t’attaque tu n’oses plus prendre la parole, ça te silencie ».
Les reproches ne viennent pas seulement d’abonné·es peu amènes ou de détracteurs. Dans les « milieux engagés » aussi, on pointe du doigt les influenceur·euses qui ne s’engagent pas assez. Or « afficher les influenceur·euses, ça ne fait que les braquer » prévient Perrine Bon, manager et fondatrice de la LOUDER - Impact agency .
Les pousser à porter un plaidoyer ne fonctionne pas non plus : « Leur imposer de prendre une posture parfois moralisatrice ou solennelle, je pense que c’est leur enlever une partie de leur personnalité, ce qui fait qu’aujourd’hui, ils/elles ont de l’influence. »
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La peur, levier d’action ?
D’autant qu’à la peur que suscite la responsabilité ou le manque de légitimité s’ajoute celle que peut générer le changement climatique. Une peur qui amène bien souvent à fermer les yeux sur la situation, quand ce n’est pas tout bonnement à la nier.
Pour l’activiste Camille Étienne, le rempart contre la peur, et donc contre l’inaction, c’est la conscience de sa puissance. D’abord car, souligne-t-elle, les réseaux sociaux sont « un outil de mobilisation super puissant ».
Évoquant les batailles qu’elle a menées aux côtés d’autres activistes, Camille martèle ainsi le rôle qu’ont joué les réseaux dans ses victoires. Une importante circulation des contenus peut en effet amener des sujets à s’imposer dans l’agenda médiatique.
Car c’est bien parce que des influenceur·euses abordent ces sujets à leur manière qu’une telle viralité est possible. Alors « ne doutez jamais de votre puissance et d’à quel point vous pouvez faire changer les choses », encourage Camille. (…)
3. Équipe de fou
Breizhistance. Sensibles aux livres de « critique sociale et politique » ou simples Breton·nes, notez que les éditions Divergences – vous savez, ces belles (et punchy) couvertures colorées – ouvrent leur lieu : une librairie-café-bar et espace de résidence artistique à Quimperlé (29). Ouverture ce 13/04 avec ateliers d’écriture, cirque, pochoirs, concerts et DJ sets.
Ligue des champis. Près de Paris, les habitant·es donnent tout pour préserver le Triangle de Gonesse de la construction d’une gare de métro. Samedi, les militant·es organisent un match de foot au nom d’une « écologie populaire ». On note de passer une tête, boire du jus de pomme du Vexin, rencontrer les assos locales et soutenir cette lutte contre l’artificialisation de sols agricoles.
Futurama. Au départ, un programme nommé « Créateurs Urgence Climat » où se rencontrent artistes et expert·es. Pour ses 10 ans, la Fondation Thalie synthétise ce dispositif expérimental et prospectif entre art, design et écologie par une expo à Bruxelles : Regenerative Futures. Face à la crise climatique, quelles solutions les artistes proposent-ils et elles ? Éléments de réponses./
Et aussi : le Syndicat des musiques actuelles (SMA) lançait en février dernier le projet Déclic pour « décarboner le live collectivement ». À l’occasion des Rencontres Déclic, Pioche! modère le 17/04 dès 10h30 à l’Académie du Climat une table ronde autour des nouveaux récits collectifs dans le secteur musical. See you there.
4. RRRrrrre-re-re
Quelques initiatives, œuvres et visages qui dessinent ce qui fait culture dans l’écologie. Sélection aux petits oignons par Lucille Fontaine, Samuel Chabré et Baptiste Thomasset.
Le livre. On le connaît pour avoir amené l’idée de « biorégion » en France. Mathias Rollot continue d’explorer nos liens aux territoires avec une critique sévère de sa discipline d’origine : l'architecture. Et si celle-ci, devenue non extractiviste, devenait « un outil de résistance aux systèmes de domination en place – sur la nature, les humains, les animaux » ? En bonus, une préface de la brillante Françoise Vergès (notre interview).
Le podcast. Cette semaine, on laisse de côté ses écouteurs / casque / enceintes pour se rendre à La REcyclerie , ce 12/04 à 19h, assister à l’enregistrement du podcast Soif de sens – aka « le podcast des humains qui changent le monde » – avec Camille Étienne. D’ici là, juste le temps d’un petit récap’ des épisodes précédents avec Swann Perissé , Guillaume Meurice, Corinne Morel-Darleux…
Le replay. L' Académie du Climat - Ville de Paris a mis en ligne les replays des tables rondes du Climat Libé Tour parisien. Mention spéciale pour « L’écologie, c’est pas pour moi. Vraiment ? », modérée par Pioche! et Banlieues Climat : on a adoré – tout à fait objectivement bien sûr – les échanges entre Gaetan Gabriele (Vert), Adélaïde Charlier (Youth for Climate – notre interview), Makan Fofana (La Banlieue du turfu) et Lenaïg CORSON (ex-inter de rugby). Play it again Sam.
5. Vive la bibliodiversité
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6. Passe passe le lien
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