[HUMEUR] Eloge de la pause
J’ai décidé de quitter ma zone de confort professionnel, courageuse pour certains, risquée pour d’autres, cette décision est bien souvent le fruit d’une longue réflexion personnelle.
En entreprises, il est souvent demandé de ne pas réfléchir à son poste actuel mais de se projeter à 3 ou 5 ans. Lorsque l’on applique cette réflexion après 17 ans de vie professionnelle, dont les 7 dernières passées au sein d’une même agence, des évidences surgissent… Se projeter amène à une nécessaire remise en question, à un feed-back de nos expériences professionnelles. Cette introspection permet surtout d’appuyer de manière fictive sur « pause », de s’autoriser à un « arrêt sur images » … pour, et c’est mon cas, finalement décider de faire concrètement une pause !
Alors est-ce courageux, risqué, inutile ? Non, nécessaire, bénéfique et finalement assez évident quand on se dit qu’il nous reste encore plus de 25 ans à travailler !
Casser les codes de la routine
Cette pause s’avère d’autant plus bénéfique qu’elle permet d’arrêter la machine infernale et de prendre le temps d’entretenir son réseau, de profiter à nouveau de nos proches, de partager un café au détour d’une rencontre impromptue. De se( re)mettre au sport, de participer à des événements riches en « matière grise » et en rencontres comme j’ai récemment pu le faire lors de 360 Possibles à Brest à l’occasion d’un Reboot Camp.
De lire aussi, et tu débutes forcément par le fameux livre de Raphaëlle Giordano « Ta 2ème vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une » que tout le monde a lu cet été. Et qu’une ex collègue et amie t’a offert lors de ton pot de départ. Et puis tu enchaines sur cette pile de livres interminable que tu accumules depuis des années maintenant et dont même les trêves estivales ne te permettent pas d’en arriver à bout !
Cette parenthèse permet finalement de casser les codes de la routine qui nous enferme et nous enclave pour prendre les chemins de traverse, se perdre, déambuler en vue de mieux se retrouver.
Les bienfaits de l’ennui
Tu t’ennuies aussi, bénéfique car du coup tu « bades », tu lèves la tête et donc tu t’ouvres au monde qui t’entoure, tu redeviens curieuse enfin tu prends le temps de l’être… Et là tout d’un coup, ton horizon s’étend à perte de vue, tu te sens même pousser des ailes ou tout du moins ça fourmille dans ta tête, tu as un projet à la minute et la liste de tout ce que tu aimerais faire te parait alors sans frontières, sans fin… Ne rien faire, ne pas culpabiliser et se rappeler l’éloge de l’ennui et de la paresse de Jean D’Ormesson …
Et puis le lendemain tu paniques, tu dors moins bien, tu te rappelles les propos de l’APEC sur ton CV qui fait peur aux recruteurs, sur le fait qu’il te faudra générer le contact pour qu’ensuite ton dynamisme et l’énergie que tu dégages donnent envie de travailler avec toi… Tu te décourages, tu te rappelles à toi-même que tu avais décidé de ne pas reprendre de suite mais que finalement ce serait peut-être mieux de ne pas perdre trop de temps et puis si, et puis non…
Lâcher prise pour mieux rebondir
Et puis finalement OUI MAIS, car c’est à ce stade-là, qu’entre non pas la poire et le fromage mais bien entre l’Ennui, le Rêve & le Doute, que tu te dis comme moi que ton métier de communicant tu l’aimes vraiment. Tu l’aimes pour toutes les rencontres & leur richesse offertes, pour les frontières qu’il te fait dépasser, pour la diversité des métiers avec lesquels tu es amenée à travailler, pour l’énergie que tu consacres à une cause, à la réussite d’une entreprise ou d’un projet … Tu l’aimes mais tu ne souhaites plus l’exercer comme avant. Tu veux pouvoir décider de tes projets, les choisir, tu veux que l’on croit en toi, tu veux donner du sens à ton engagement, tu veux de la bienveillance constructive, un dynamisme partagé et retrouver le plaisir d’une farouche envie collective de déplacer des montagnes… Et puis, en parallèle de tout cela, tu souhaites pouvoir profiter de ta famille - « les enfants ça grandit trop vite »( sacro-sainte litanie) - et continuer de jouir d’une certaine liberté - les cages même dorées très peu pour toi -, et surtout, surtout, continuer à être telle que tu es et donc, à travailler sérieusement sans te prendre au sérieux (c’est généralement ce qui fait fuir les recruteurs……… et je ne comprends toujours pas pourquoi).
Let’s go ahead, I am ready soon !
C’est à ce moment-là précis, lorsque ta pile de livre est finie, que tu as fait le tour des déjeuners « pro » et « perso », que tes séances de sport ont produit leur effet tant physiquement que mentalement…, c’est à ce moment-là que tu te sens vraiment prête à t’investir à fond et que tu aimerais farouchement que ta prochaine vie professionnelle commence !
NB : A titre personnel, ma pile de livres a atteint une taille raisonnable, je devrais prochainement en arriver à bout :)
A bon entendeur !