Il était une fois l'émotion...

Il était une fois l'émotion...

Peur, tristesse, colère, culpabilité... Le Dr Yves Doutrelugne, médecin praticien en thérapies brèves, se plaît à raconter à ses patients une métaphore qui illustre comment les humains peuvent faire face aux émotions qui leur "tombent dessus".

L'émotion en mode (sur)vie

"Deux moines, (que l’on imagine volontiers de nos jours en robes oranges…), s’apprêtent à traverser une rivière assez impétueuse. Ils se déshabillent jusqu’où la décence le leur permet, prennent leurs habits dans leurs bras et s’apprêtent à traverser la rivière. A ce moment arrive une vieille dame handicapée qui demande leur aide pour franchir cette rivière elle aussi. Le premier moine accepte et propose qu’elle porte ses vêtements pendant que lui la portera dans ses bras. Le second lui dit et lui répète que la règle de leur Ordre interdit aux moines d’avoir un contact avec le corps d’une femme. Le premier dit au second qu’il apprécie cette règle de l’Ordre et que, dans ce cas particulier (casuistique), il place dans son échelle de valeurs le fait d’aider cette vieille femme handicapée au-dessus de la règle de leur Ordre. Ce qui n’enlève rien à cette règle en toute autre circonstance. Ils traversent ainsi, pendant que le second continue à vitupérer son collègue. Arrivés sur l’autre berge, chacun se sèche et se rhabille puis les deux moines continuent leur chemin vers le monastère, le second continuant d’accabler le premier des mêmes reproches. Au bout d’un certain temps, le premier moine dit au second « Tu sais, la vieille, quand nous eûmes traversé la rivière, moi je l’ai déposée. Toi tu la portes encore… " . Si le premier des deux moines a déposé la vieille dame et vit libre de son émotion, le second est encombré de ce qu'il ne veut plus, rumine et survit.

Quand la "tête gère les tripes"

Face aux ressentis pénibles d'une émotion envahissante, entre autres les symptômes corporels, il arrive que la personne mette en place des tentatives de solutions d’apparence logique comme "gérer" l'affect avec sa tête. Ses ruminations en viennent à occuper jusqu’à 95% de sa (sur)vie. La personne recherche en boucle son sentiment de sécurité mais ne le trouve pas ou plus. La thérapie consistera alors à permettre à la personne de se réassocier à ses ressources pour faire face à l'émotion autrement. Son autonomie ainsi restaurée, la personne sera capable, quand l'autre pense ou agit différemment, de percevoir l'intention collaborative et constructive de l'autre plutôt que rivalitaire ou conflictuelle. Plus la personne sera en relation avec l'autre, plus elle sera en relation avec elle-même. Affects, cognitions et corps en harmonie. Libre et en relation.

En savoir plus sur les tentatives de solution pour traverser l'émotion? Retrouvez les histoires de patients dans le livre co-écrit par le Dr Yves Doutrelugne Thérapies brèves plurielles: principes et outils pratiques paru aux Editions Elsevier Masson.

 

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