Inclusion : être beau = être bon au travail ?

Inclusion : être beau = être bon au travail ?

Dans le cadre de mon MBA DMB, j’ai rédigé une thèse professionnelle portant sur le sujet de l’inclusion en entreprise comme levier de performance. Ce sujet m’a été particulièrement inspiré par mon alternance au sein d’un cabinet de recrutement où j’ai été exposé aux problématiques RH ainsi que mes propres convictions d’une société plus inclusive et plus libérante pour le potentiel de chacun. 

Je vous partage alors un chapitre de ma thèse qui porte sur les discriminations sur l’apparence physique, qui restent souvent banalisées et dont les préjugés peuvent être une souffrance au travail.

“Les critères tels que l’apparence physique joue aussi un rôle dans les discriminations. Avec la “digitalisation de nos vies”, notre image ou du moins celle qu’on souhaite renvoyer est maîtrisée à la perfection. On pense au monde de l’influence et à ces icônes qui mènent la danse en termes de normes de beauté. Nous évoluons dans une société du paraître plus que de l’être.

(1) Aristote disait déjà : “La beauté est la meilleure des lettres de recommandation”. C’est à cette époque que naît la physiognomonie qui, un peu comme l’astrologie, permettait de prédire la personnalité d’une personne avec les traits de son visage. Mais cette pseudo-science est vite abandonnée car jugée trop fantaisiste. Pourtant, les biais de l’humain sur l’apparence physique sont encore nombreux et bien plus ancrés qu’on ne le pense.

Tout le monde y passe : nous avons tous une apparence physique. Et celle-ci est rattachée à bon nombre de préjugés positifs ou négatifs. Elle désigne un ensemble de caractéristiques physiques mais aussi l’attitude adoptée. D’un côté des caractéristiques inaltérables comme la couleur de peau, la taille, les traits physiques ou même encore l’odeur corporelle et de l’autre des caractéristiques qui relèvent plutôt des goûts personnels de chacun comme les piercings, les tatouages ou la coiffure. (...)

Si les apparences ont toujours été importantes, elles le sont encore plus de nos jours où on observe un déploiement énorme du nombre de personnes tatouées ou ayant eu recours à la chirurgie esthétique.

(2) Être beau, avantage ou désavantage ? On parle souvent du “privilège de la beauté”. Ce concept “définit le fait que l'on attribue plus de qualités sociales ou intellectuelles, d’opportunités, d'indulgence et d'affection à des personnes considérées comme attirantes plutôt qu'à celles qui ne le sont pas”. Les personnes répondant aux normes de beauté se voient alors “avoir plus de chance” dans de nombreux domaines de vie. Les peines de prison des personnes considérées comme laides sont en moyenne 20 % plus lourdes que chez le reste de la population. Ou bien encore que les bébés considérés comme laids pourraient recevoir moins d'amour et d'affection, notamment par leur mère. Une injustice difficile à gérer puisqu’elle est basée sur des critères parfois très subjectifs.

Alors si être beau est valorisé en société, dans le monde du travail c’est à double tranchant. (3) Beaucoup de préjugés sont liés à l’apparence, voici une liste non-exhaustive :

●  Les personnes qui portent des lunettes sont plus intelligentes que les autres

●  Les hommes considérés comme attrayants sont perçus comme plus dignes de confiance

●  Les femmes considérées comme attrayantes seraient superficielles et moins intelligentes

●  Chez les femmes, les tatouages évoquent la consommation d’alcool et renvoient à des mœurs légères

●  Les personnes grandes de taille sont perçues comme de meilleurs leaders

●  Les personnes en surpoids seraient moins compétentes

Énumérés de cette façon, ces préjugés semblent dénués de sens tant ils sont totalement faux ! Mais les préjugés persisteront tant que les représentations dans nos sociétés resteront stéréotypées. On dénombre plus la quantité d’émission de relooking où bon nombre de réflexions dégradantes fusent comme “Nouveau look pour une nouvelle vie” ou “perte de poids extrême”. Les médias ont longtemps joué au jeu de la fashion police dénonçant chaque petits kilos pris par les célébrités et incitant les femmes à contrôler leur apparence aux millimètres si elles ne veulent pas “finir seule”. La publicité va également dans ce sens en mettant en avant les mêmes physiques. On note que même les publicités pour des programmes minceur sont mises en avant par des personnes particulièrement minces voire maigres. Le divertissement a aussi sa part de responsabilité avec des choix de casting délirants où des femmes de 30 ans jouent à la fois des ados de 16 ans et des mères de famille. Les personnes obèses ont aussi droit à leur lot de représentations dégradantes avec des rôles de méchants ou d’abrutis. Et cela commence dès le plus jeune âge avec les films Disney par exemple mettant en avant des princesses toujours plus minces les unes que les autres, avec de tout petit nez et des traits fins, causant des complexes très tôt.

Les complexes naissent de plus en plus tôt et sont de plus en plus spécifiques car il y a une volonté de ressembler à des corps impossibles à obtenir sans l’implication de la chirurgie esthétique. Heureusement on voit aussi naître un nouveau mouvement beaucoup plus bienveillant, celui du bodypositivisme, un mouvement social d’acceptation de son corps tel qu’il est et de tous les corps qui existent. Ce courant souhaite transmettre une image positive du physique et combattre l’image formatée véhiculée dans la société.

Mais entre cette vision utopiste et la réalité, il y a un vrai écart impactant gravement sur l’estime de soi et la santé. Si pour certains métiers, le poids ou l’apparence physique sont des composantes inhérentes comme le métier de mannequin par exemple, ces discriminations existent dans tous les secteurs. Les plaintes se font rares mais le ressenti lui est très fort. Là encore, le changement doit passer par la société avant de devenir une réalité en entreprise. Et on observe bien que les marques font des efforts pour changer les représentations, comme Asos qui a arrêté de retoucher ses mannequins dont on peut apercevoir maintenant les vergetures ou la cellulite (qui jusqu’ici ne relevait que du mythe) ou encore la présence de mannequin grandes tailles sur des sites de fast fashion ou dans des défilés de luxe de la fashion week.”

  1. Guide de l’apparence physique, par le Groupe Casino 

2. “Qu’est ce que le pretty privilège ?” Un article de VICE

3. “Perception de l'apparence dans le monde du travail : le poids des préjugés”. Dans Management & Avenir. De Isabelle Barth et Lovanirina Ramboarison-Lalao 

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