INFONUAGIQUE 3.0 – PRIVÉ? PUBLIC? « As A Service »? - Publié aussi dans Infotélécom - Septembre 2015
L' infonuagique (cloud) est un nouveau mot qui s’est enraciné rapidement dans le vocabulaire des TI au cours de la dernière décennie avec la popularité de l’Internet. Les premières ébauches de l’infonuagique nous ont apporté de nouveaux termes comme SaaS (Software as a service), PaaS (Plateforme as a Service), IaaS (Infrastructure as a Service), termes qui se sont démocratisés tout au long de ces années via le « réseau des réseaux ».
Cette première étape franchie, la deuxième fut la démocratisation des centres de données, CTI (centre de traitement informatique) et autres synonymes. Pourquoi la démocratisation? Ces CTI existaient bien avant l’arrivée de l’Internet et hébergeaient les fameuses grandes centrales de traitement informatique – avec les AS-400 de ce monde – que les experts plus expérimentés ont connu.
La croissance du marché d’applications conçues et déployées en mode client-serveur ayant pris son envol dans les années ’90 avec des déploiements de serveurs locaux dans les sites des organisations, la notion de CTI a quelque peu perdu de sa notoriété pour reprendre vie au milieu des années 2000. Non seulement nous avons maintenant les services en mode XaaS qu’une organisation peut se procurer, mais aussi les services de colocation, d’hébergement d’équipements physiques, d’hébergement d’actifs logiques et autresdéclinaisons.
Cette nouvelle manne a animé, au cours des dernières années, la course à la construction de nouveaux CTI toujours de plus en plus vastes et la reconversion de plusieurs « anciens CTI » pour se mettre aux normes actuelles.
Nous sommes passés par plusieurs extrêmes, de la construction de CTI au pôle Nord pour profiter de la climatisation gratuite, à des espaces au milieu de nulle part, pour maintenant privilégier la construction en plein centre-ville… pour se rapprocher des clients.
Avec une offre de services si variée sur le marché, quels choix s’offrent alors à une organisation qui veut repenser ses méthodes de travail et optimiser l’utilisation des actifs TI qu’elle possède? Que faire avec ses applications, ses plateformes d’exploitation, ses serveurs, sa sauvegarde, son stockage, ses techniciens, ses architectes? S’en départir? Les consolider en un seul endroit? Où? Comment? Et la perte d’expertise? Et la confiance en l’exploitant?
Bienvenue en Infonuagique 3.0 – Horizon 2020
Alors, quelles seront les tendances en infonuagique pour les prochaines? DES SERVICES ET DES PRODUITS À LA CARTE!
Nous assistons en infonuagique à ce que le monde de la télédistribution vit présentement. Fractionnement de la demande pour un service à la carte où l’utilisateur ne veut plus un bloc monolithique de 300 postes télé alors qu’il n’en regarde que quatre ou cinq.
Effectivement, les TI sont passées d’une mode d’impartition complète des services informatiques et des équipements des années ’90 à une sélection à la carte des services et des produits à impartir (souvenons-nous que l’infonuagique est une impartition partielle) en 2015.
Le tableau suivant montre quelques-uns des services en matière d’infrastructures technologiques (serveurs, sauvegarde, stockage) et de télécommunications (routeurs, commutateurs, téléphonie, sécurité, Wi-Fi) qui sont en croissance marquée.
Ces scénarios représentent en général ce que l’on peut observer dans la plupart des organisations. Il est à noter qu’au niveau strictement technique, il n’y en a aucun qui se démarque des autres. Le choix d’une orientation d’une autre dépend plutôt de la politique de l’entreprise, de sa maturité en gestion des TI et des ressources financières qu’elle dispose. En voici quelques exemples :
• une entreprise privée comprenant plusieurs filiales autonomes décide de créer une compagnie soeur prenant en charge l’exploitation de l’informatique de toutes les filiales avec le mode 2 et en partie le mode 1 pour le site de relève;
• une organisation publique issue d’une fusion et disposant de locaux vacants concentre ses ressources TI et consolide ses actifs dans un de ses sites qu’elle possède – mode 2 – et utilise un autre site interne pour sa relève;
• une moyenne entreprise décide d’impartir ses infras en mode IaaS tout en se gardant le contrôle des logiciels clés – mode 3 – s’assurant d’être constamment à jour au niveau de ses infrastructures.
Le choix d’un scénario ou d’un autre dépendra particulièrement de la disponibilité des ressources en CAPEX et en OPEX, des ressources TI disponibles et de la mobilité requise de la part de ses ressources.
L’infonuagique publique apporte beaucoup d’avantages, dont une mobilité accrue des ressources, mais le volet sécurité est un tout autre défi, à moins d’avoir accès à un environnement d’exploitation certifié (comme pour les environnements certifiés PCI). Néanmoins, l’infonuagique privé semble être la norme pour les applications vitales d’une organisation.
Défis techniques apportés par l’infonuagique publique et privée
La mise en oeuvre d’une approche infonuagique publique (délégation d’actifs via l’utilisation du réseau Internet) ou privée (consolidation, centralisation d’actifs, délégation dans des CTI externes, etc.) apporte des bénéfices importants pour les organisations. Toutefois, cette concen tration et cette consolidation de capacité de traite ment amènent son lot de défis, particulièrement au niveau des liens de télécommunications, des réseaux locaux (LAN) et étendus (WAN), de la sécurité et particulièrement des équipements dans les CTI (serveurs, stockage, etc...) pour faire rouler ces actifs.
Voici deux défis ainsi que des approches qui permettront à une organisation de réellement profiter des bénéfices apportés par l’infonuagique.
Défi #1: intégrer des réseaux hétérogènes entre eux et les optimiser dans le cadre d’une consolidation des actifs dans un CTI
• Solution : virtualisation du réseau étendu afin de ne former qu ’un seul réseau
Cette approche permet l’unification des sites dans un seul réseau étendu(WAN) contrôlé et géré entièrement par l’organisation. Autr efois un volet réservé au télécommunicateur disposant de techno logie de type Sonet ou IPMPLS, des technologies ont émergé récemment et permettent d’unifier tous les sites d’une organisation sous un seul réseau WAN, indépendamment du type de médium physique utilisé. Le schéma suivant présente une architecture type.
La mise en place d’une telle approche permet d’optimiser les tâches reliées à la gestion des réseaux, particulièrement en ce qui a trait au routage, à la commutation, à la qualité de service et à la sécurité.
La figure suivante (voir article original) résume les avantages recherchés avec la mise en place d’une approche de virtualisation pour le WAN.
Il existe plusieurs technologies sur le marché qui permettent la virtualisation du réseau et l’atteinte des objectifs, dont les suivantes:
• SPB – Shortest Path Bridging
• PBB – Provider Backbone Bridge
• NSX de VMware (représenté dans le schéma ci-contre)
Défi #2: augmentation fulgurante des bandes passantes et des coûts des liens WAN par la consolidation et la centralisation des actifs TI dans un CTI
• Solution A: déploiement de réseaux de fibres optiques intersites pour les sites locaux
Pour des organisations possédant plusieurs sites dans une région donnée, reliés entre eux par un réseau IP-MPLS, le coût d’un réseau WAN résultant d’une consolidation complète des actifs peut s’avérer très important (i.e. pour un site de 300 postes communiquant avec un CTI distant, on parle d’une bande passante résultante entre 300 et 400 Mbps en utilisant la virtualisation et la publication d’applications).
Les coûts pour le déploiement d’un réseau IP-MPLS deviennent alors équivalents sinon plus dispendieux que de déployer un réseau privé de fibres optiques, dont la vitesse intersites peut être calibrée selon les besoins, sans frais supplémentaires, à des vitesses de beaucoup supérieures.
• Solution B: publication des applications avec une solution dite de client léger
L’utilisation d’une solution client léger telle que XenAPP de Citrix ou View de VMware permet de réduire considérablement la bande passante requise par utilisateur. On peut parler d’une bande passante moyenne entre 100 et 200 kbps par utilisateur pour une utilisation normale. Il est important toutefois d’effectuer des calculs de charge selon l’environnement de l’organisation afin d’évaluer, entre autres, le nombre et le type de flux multimédia.
Le visionnement d’un film ou une formation en ligne en haute définition peut, par exemple, générer un flux de 3 Mbps et, à lui seul, congestionner le lien WAN rapidement.
Le roi est mort, vive le roi!
Au cours des dix dernières années, nous avons vu, au sein des entreprises, une migration des services téléphoniques Centrex (service de téléphonie traditionnel imparti en totalité chez un télécommunicateur) vers des systèmes téléphoniques internes aux entreprises, en raison, entre autres, des coûts justifiant ce changement. Centrex était le roi. Le roi est mort!
Notez l’accroissement fulgurant des offres de téléphonie IP hébergée en mode infonuagique (publique ou privée) au cours des dernières années…
Vive le nouveau roi!