Intelligence artificielle : pour le meilleur ou pour le pire ?

L’Intelligence Artificielle (IA) est en train de transformer tous les aspects de la société - de la technologie médicale aux façons de travailler, de la mobilité à l'éducation, des smart cities au changement climatique. Les perspectives de développement de ce secteur sont immenses au niveau mondial, l'Asie investissant 3 fois plus et les États-Unis 6 fois plus que l'Europe, comme l'a récemment souligné le PDG et président d'Orange - Stéphane Richard lors de la conférence de KPMG « AI Now ».

Reconnaissant l’importance du sujet, les Emirats Arabes Unis ont même nommé un Ministre dédié à l’IA : Omar bin Sultan Al Olama que j’ai eu la chance de rencontrer lors des Entretiens d’Abu Dhabi de septembre dernier.

Le thème mis en avant cette année par les Entretiens était celui de l’Intelligence Artificielle.

J’ai pu ainsi faire remarquer que, même si l’IA est porteuse de progrès partout dans le monde, elle est également source de discriminations dans la façon dont elle est conçue et utilisée. Il est important de veiller à réduire ces écarts.

J’ai pu ainsi faire remarquer que, même si l’IA est porteuse de progrès partout dans le monde, elle est également source de discriminations dans la façon dont elle est conçue et utilisée.

Je suis absolument convaincue qu'il est nécessaire que les femmes participent au développement des algorithmes qui génèrent l'IA. Nous devons veiller à ce que le développement de ce secteur soit inclusif et prenne en compte les particularités des femmes.

Nous devons agir et être entendus maintenant. C’est pour cette raison que l’Intelligence Artificielle est l’un des thèmes centraux du Women’s Forum Global Meeting à Paris. Nous ne devons pas reproduire les discriminations du monde existant mais « relier l’humanité » pour un monde inclusif fondé sur la diversité et les points de vue des femmes, là où elles peuvent faire changer les choses.

Les travaux que nous menons avec notre comité stratégique confortent notre positionnement, et ce d’autant plus que les biais de genre introduits par l’IA commencent à produire effet.

Des études du MIT et de Microsoft ont mis ainsi mis en évidence que les logiciels de reconnaissance faciale avaient du mal à identifier les visages de couleurs, et surtout les visages féminins.

Une étude réalisée par Carnegie Mellon montre que les femmes ont beaucoup moins de chance que les hommes d’être destinataires d’annonces, publiées par Google, d’offres de postes à haut salaire.

Un leadership au féminin devient donc crucial dans le développement, le suivi et l’analyse des systèmes d’IA.

Et ce d’autant plus que cet écart est en passe de devenir inéluctable.

Cédric Villani dans son étude “Donner du sens à l’intelligence artificielle » souligne le fait qu’en France, les femmes ne représentent que 11% des emplois dans le secteur de la cyber sécurité, qu’il y a une différence de 30% en moyenne entre les salaires des hommes et des femmes ingénieurs, et que seulement 9% des start ups sont fondées par des femmes.

Il a aussi proposé un plan d’actions de progrès, immédiatement repris par le Président Emmanuel Macron lors de sa présentation de la Stratégie nationale en matière d’IA.

Le président Emmanuel Macron a également annoncé que 1,5 milliard d'euros seraient investis en faveur de l’IA et des mesures concrètes mises en place.

Les initiatives gouvernementales en matière de formation aux métiers du numérique, d’égalité d’accès à l’emploi, de politiques d’incitation veilleront à ce que les femmes se lancent dans les filières des STEM afin de contribuer à la mise en place d’un cadre plus équitable pour l’IA de demain.

Les entreprises privées doivent, elles aussi, être exemplaires. Garantir des politiques plus inclusives et une culture d’entreprise où des mentors peuvent guider et inspirer les femmes ouvrira certainement la voie à des femmes leaders. Maintenir une représentation équilibrée dans les conseils d’administration et les comités exécutifs est un autre impératif financier et éthique, d’ailleurs mis en exergue par le biais de notre Initiative CEO champions.

Nous devons faire en sorte que les voix et le leadership des femmes influent sur ces questions cruciales, tout en faisant participer les hommes au processus de réflexion et d’action. C’est en mettant en place des passerelles que nous créerons des solutions pour un avenir plus inclusif.