Intelligence artificielle VS intelligence collective
Le match a commencé, à en croire les différents articles publiés dans la presse spécialisée. La vocation de l’être humain serait d’être remplacé par ses propres machines, par des algorithmes dotés de capacités surhumaines.
Pour Bernard STIGLER (philosophe, directeur de l'Institut de recherche et d'innovation (IRI) et président de l'association Ars Industrialis, Association internationale pour une politique industrielle des technologies de l'esprit), « l’intelligence artificielle ne produit pour l’instant que de la bêtise artificielle ». Il ne s’agit pas d’être contre les nouvelles technologies, les innovations diverses et variées, mais au contraire, il s’agit de donner un sens à cette nouvelle forme d’intelligence (titre du rapport VILLANI consacré à l’IA). Au 16ème siècle, RABELAIS écrivait « La sagesse ne peut pas entrer dans un esprit méchant, et science sans conscience n’est que ruine de l’âme.”.
Dès lors comment repenser l’homme (en tant qu’être humain) dans les processus de production ? A bien y réfléchir, la seule méthode pour l’espèce humaine de survivre dans cette jungle serait de finalement de recréer du lien social, c’est-à-dire aller vers l’autre, communiquer et collaborer. L’intelligence collective ne peut pas être mise en forme ou modélisé par un algorithme, parce qu’elle fait appel à une multitude de comportements, de mode de pensés de réactions qui vont inter-agir, mais surtout elle prend en compte l’exception. L’intelligence artificielle s’appuie surtout sur la moyenne, elle exclue l’exception. Hors l’économie des plateformes, les moteurs de recherches et demain les robots recruteurs ne s’attarderont à identifier que des moyennes, parce que répondant à des comportements habituels.
La création de valeurs se trouve donc dans la capacité des organisations à favoriser et agencer leur management pour intégrer la diversité des raisonnements, sans dénigrer ou rejeter les approches « iconoclastes ». Comment organiser cette émergence dans les entreprises de service ? Il faut dans un premier temps arrêter le "copier / coller", arrêter la standardisation et remettre de la réflexion dans ses processus de production. On ne survit pas à la concurrence en étant standardisé, on survit à la concurrence en étant l’exception permettant d’être un point de repère, cela est valable pour les États comme pour les individus. La machine est un outil que l'on doit utiliser comme le prolongement de son esprit.