Internet le nouvel Eldorado ?
Je vous conseille un article du journal Les Echos du 24 Novembre qui a pour titre « Internet : quand la fièvre des « licornes » retombera, » rédigé par Matthieu Courtecuisse. Son auteur dit notamment ceci : » La question n'est plus de savoir si les valorisations hors-normes de certaines start-up vont s'effondrer, mais quand….
Les valorisations stratosphériques du secteur de l'Internet vont retomber - la question n'est plus de prévoir si, mais quand. Aux côtés des acteurs du Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon), à l'ancrage bien établi, s'est développée une liste impressionnante de « licornes ». Leurs valorisations laissent perplexe, en termes de multiple de revenu ou de profitabilité, mais aussi au regard de la réalité des marchés visés. Ce groupe de « licornes » se retrouve dans l'acronyme Turbo : Twitter, Uber, Rocket Internet, BlaBlaCar et Oscar. Les centaines de start-up qui éclosent sur de micromarchés à partir d'une idée simpliste n'auront pas un sort meilleur. Moins d'un quart des applications téléchargées sont utilisées !
Défauts originels
Leurs modèles d'activité présentent des défauts originels : faible barrière technologique à l'entrée, faible capacité à monétiser l'audience, absence de robustesse du modèle d'intermédiation, marchés de taille limitée confrontés à des phénomènes concurrentiels et de maturation rapide. Déjà, l'utilité de nombreux objets connectés fait débat. La pluralité des acteurs les banalise quasi instantanément. La chute des prix des processeurs rend accessible à n'importe qui la construction d'objets connectés qui coûtaient plus de 100 dollars il y a cinq ans. Cela n'a pas freiné les levées de fonds réalisées en mode… turbo, qui témoignent plus d'une fuite en avant que d'une valorisation justifiée par une réelle montée en puissance des revenus. A tous ceux qui s'interrogent sur l'impact macroéconomique de l'émergence de ces acteurs, la réponse est simple : les acteurs du Turbo brûlent le cash levé en capital pour une valeur ajoutée nulle, voire négative en comptabilité nationale.
Les premiers signaux sont déjà là et ils ne sont plus faibles. Twitter, avec un plan de réduction d'effectifs et un parcours boursier médiocre, est plus exposé que jamais : ses données sont publiques et la société ne peut plus se cacher derrière des tours de table aux accents mystérieux. Rocket Internet symbolise la bulle : elle se situe en dessous de son cours d'introduction et, au vu de certains échecs, les doutes s'accumulent sur la réussite réelle des pépites du groupe. Uber, avec 350 millions de dollars de chiffre d'affaires et une valorisation de 50 milliards, est désormais confronté à sa propre « ubérisation » - ses chauffeurs montent des sites alternatifs - couplée aux ripostes réglementaires dues à l'hostilité des maires des grandes métropoles mondiales. BlaBlaCar va devoir montrer le potentiel de son marché intrinsèque et sa résilience aux risques de fraude et de court-circuitage de sa plate-forme. ». Pour son auteur, « le contre choc de liquidité ne devrait pas avoir la même forme que lors de l’éclatement de la bulle internet des années 2000 ». A titre personnel, au regard des centaines de millions levées par ces start-up chaque année, et même si certaines d’entre elles peuvent connaître la gloire ou être rachetées par des groupes industriels bien établis, il est difficile à croire qu’il n’y aura pas de casse à l'arrivée….