« Je ne suis pas musulman, je suis chrétien ! » - carte blanche, 2015, le Soir : toujours d'actualité
« Je ne suis pas musulman, je suis chrétien ! »
Naher Arslan, est diplômé d’orientalisme de l’UCLouvain, chargé de promouvoir et de susciter une prise de conscience de la population belge quant à la richesse culturelle qu’apporte la diaspora assyrienne.
« En tant que belge, d’origine assyrienne, de confession chrétienne, au physique oriental, je suis habitué à prononcer cette phrase « je ne suis pas musulman, je suis chrétien ». Parce que la vérité, n’en déplaise à certains, est qu’il ne fait pas bon être musulman de nos jours. Alors les visages s’adoucissent lorsque je dis être chrétien.
Tout ce qui vient d’Orient n’est pas arabe, ou musulman. Les Assyriens constituent un vieux peuple autochtone d’Orient, convertis au christianisme aux premières heures, et victimes du premier génocide du 20e siècle, en 1915....
Bien que je vienne de « là-bas », je suis né à Bruxelles, j’appartiens au tissu social belge, dans lequel je milite pour faire connaître la culture de mes parents...
Pourquoi ne devrait-on pas m’accepter tel que je suis ?... Je suis belge, je suis bruxellois, je suis assyrien.
Le danger se situe dans le repli religieux. On qualifie aujourd’hui les Assyriens de minorité, terme qui reflète toute l’injustice qu’a connue ce peuple. Il y a cent ans, on nous exterminait parce que nous n’étions pas turcs, parce que nous étions différents... Que retenir de ce triste passé ?...
Je veux et je peux aujourd’hui être ce que je veux, nos démocraties européennes me le permettent. Pour autant, je me méfie du repli religieux et identitaire...
Je suis belge, je suis européen, je suis bruxellois, je suis assyrien. Toutes ces identités ne sont pas en conflit, pourquoi devraient-elles l’être d’ailleurs ? Qui a dit qu’on ne pouvait pas être de plusieurs identités à la fois ? La question n’a même pas de sens, si je suis belge, je n’ai pas besoin de m’intégrer au tissu social existant.
(Le Soir. 3.12.15.)