La diplomatie française et le fait religieux
M. Jean-Christophe Peaucelle, conseiller aux affaires religieuses au sein du ministère de l'Europe et des Affaires Etrangères, a présenté, le 11 décembre, la conférence « La diplomatie française et le fait religieux » dans les cadre des lundis de l'IHEDN. Cette fonction existe depuis le rétablissement des relations diplomatiques avec le Saint Siège, en 1920. La position de la France en matière de fait religieux est souvent mal comprise dans un cadre international. Mais elle lui offre une souplesse appréciable puisque, au contraire de nombreux autres pays, elle y apporte depuis près d'un siècle une ressource dédiée et peut aborder toutes les religions sur un pied d'égalité.
Le fait religieux semble, depuis la fin des années 1970, effectuer un grand retour sur la scène des relations internationales mais il serait, du point de vue du conférencier, hasardeux d'en faire une question centrale : le religieux n'est le plus souvent que l'habillage d'un problème plus essentiellement politique, ainsi l'actuel regain de tension israélo-arabe sur la question de Jérusalem. A contrario, il serait inconséquent de ne pas prendre en compte la dimension religieuse d'un conflit qui est quasiment toujours présente. La mise à contribution des autorités spirituelles dans une tentative de créer un environnement favorable à une sortie de crise est régulièrement payante, même si elle a peu d'échos médiatiques.
Il convient néanmoins de garder à l'esprit, concernant le monde musulman, mais pas seulement, que des pays ont passé un pacte informel avec les résurgences radicales : aux pouvoirs en place l'Etat, à elles la société. Le choix des interlocuteurs constructifs dans ce cadre reste un défi et doit s'accommoder de cas parfois ambigus mais gérables avec un effort de discernement.
Pour l'intervenant, la religion doit rester à sa place mais doit être respectée à sa juste importance. Elle est indissociable de la culture française et ne doit pas être occultée, un problème en jeu actuellement : comment comprendre les grandes œuvres historiques de la France, Pascal par exemple, s'il apparaît plus commode de renvoyer toutes les religions dos à dos ?