Je suis reconnaissante, mais ...

Depuis quelques jours, je suis reconnaissante.

Je suis reconnaissante pour plusieurs choses, mais j’ai mal.

Je remercie la vie d’être née femme dans un pays où je n’ai jamais eu à me soucier de mes droits fondamentaux.

D’avoir eu la chance de poursuivre mes études jusqu’au niveau universitaire, et ce, sans me demander jusqu’à quand cette chance me serait accordée.

D’avoir accès à tout ce qui essentiel. 

D’avoir le droit de porter ce que je veux.

Je n’ai jamais craint d’être mariée de force à un homme dont je ne connaissais absolument rien.

Je n’ai jamais entendu le bruit de bombes durant la nuit, ni à mon réveille.

Je n’ai jamais eu peur que ma maison soit détruite.

Je n’ai jamais redouté de tout perdre.

Je pense à toutes ces personnes qui vivent des situations contraignantes, abusives avec peu ou pas de ressources et j’ai mal. 

À toutes ces jeunes filles et ces femmes qui sont mariées sans consentement.

Je pense aussi à ceux qui sont tués.

Celles et ceux qui sont détenus contre leur gré.

Je pense à ces femmes Afghanes qui n’ont désormais plus aucuns droits. Je pense aux hommes et aux enfants de l’Afghanistan. 

Je pense à Haïti.  

Je pense au Liban.

Je pense au monde entier.

Je pense à tous ces enfants qui n’ont connu que l’horreur de la guerre et non des chants d’oiseaux au réveil.

Je pense à ces enfants, ces femmes et ces hommes.

Je vois tout ce qui se passe dans le monde et je me sens si impuissante.  

Chaque jour devrait être la journée internationale des droits de l’enfant.

Chaque jour devrait être la journée internationale des droits des femmes.

Chaque jour devrait être la journée internationale des droits de l’Homme. 

Parce que ce n’est pas vrai que tous naissent égaux.   

Parce que je n’ai pas choisi où je suis née et mes parents avant moi non plus.

Je suis privilégiée, mais je n’ai pas mérité tout ça.

J’ai seulement eu de la chance.

La chance d’être née dans un pays où les richesses sont abondantes, où la stabilité est synonyme de normalité, où la démocratie est présente, où la guerre est absente et où les plus grands combats se gagnent à coups d’arguments et non à coups de fusils.   

Je suis reconnaissante plus que jamais, mais j’ai mal d’être reconnaissante.

Je ne peux pas porter tout le poids du monde sur mes épaules, mais je ne peux m’empêcher d’avoir mal.

J’ai mal à mon humanité.