JO Paris 2024 : sur l’inclusion, c’est mi-figue mi-raisin

JO Paris 2024 : sur l’inclusion, c’est mi-figue mi-raisin

Ça y est, nous sommes en 2024 et comment passer à côté de l’un des événements qui va marquer l’année, particulièrement pour les français, les Jeux Olympiques, organisés à Paris. Les JO arrivent et c’est l’occasion de se pencher sur les avancées et aménagements en matière d’innovations sociales que vont nous proposer ces Jeux tant attendus. Des Jeux plus qu’attendus car ils arrivent 100 après les derniers Jeux Olympiques français ! On le voit bien, et notamment dans les entreprises ou à l’occasion d’événements, le sport est indéniablement un levier d’inclusion et de cohésion sociale, et à bien des égards, rassemblant autour du défi physique, du challenge, de la passion, de la solidarité et du partage. Le sport a ainsi le pouvoir de faire tomber les barrières et les différences, et peu importe les statuts sociaux ou hiérarchiques. Des qualités qui se révèlent aussi indispensables dans la pratique du sport que dans la vie quotidienne, mais aussi dans le monde du travail. Le sport est bien plus qu’un jeu ou un hobby donc, il est aussi une opportunité d’en tirer des bonnes pratiques sur le plan professionnel, notamment en matière de coaching, de leadership et de recrutement, et de faire tomber les barrières. Qu’apportent donc ces fameux Jeux sur le plan social ? Ira-t-on vraiment vers plus d’inclusion grâce aux JO ?

Les Jeux de Paris 2024 ont pour ambition de changer la donne sur le handicap

Tony Estanguet l’a rappelé à maintes reprises et en a fait le fer de lance de la communication des JO : Jeux olympiques et paralympiques seront organisés sous la même bannière (avec un seul logo commun aux deux événements autrement dit), et seront des Jeux inclusifs et accessibles. Les Jeux se sont engagés à maintenir une parité entre les genres et à donner de l’exposition aux personnes handicapées (qui, on le sait, sont très peu représentées à l’écran et dans les médias en général). A l’appui, dès 2021, l’Agefiph et le comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques ont signé un accord-cadre pour que Paris 2024 intègre le handicap dans sa politique d’emploi. Les Jeux Paralympiques quant à eux, proposent 3 axes majeurs sur le volet innovations sociales : combattre les stéréotypes, promouvoir les innovations sur les équipements sportifs des athlètes handicapés, et améliorer l’accessibilité des athlètes paralympiques. Un vaste plan d’urbanisme et d’accessibilité a ainsi été lancé qui prévoit notamment l’adaptation de taxis parisiens (notamment au niveau des rampes d’accès), de stations de métro (sonorisations et mise à disposition d’accompagnateurs), de certains espaces urbains (des « Quartiers d'Accessibilité Augmentée » dans chaque arrondissement) et d’infrastructures sportives (la Ville veut créer 40 sections paraccueillantes dans les clubs de sport). Enfin, cette ambition se traduit également par la médiatisation grandissante des athlètes français en situation de handicap depuis plusieurs années, qui met ainsi la lumière sur le sport adapté et aide grandement à la lutte contre les stéréotypes. De nombreux aménagements sont donc dans les tuyaux. Promesses qui seront respectées ou coup de com ?

Au-delà des ambitions, de réelles bonnes idées mises en place

Dans les faits, quelques belles initiatives ont vu le jour effectivement. Un bon exemple pourrait être un chiffre : 150 000. Les Jeux devraient directement mobiliser 150 000 emplois à l’issue de l’évènement. Et la Ville de Paris va proposer, en collaboration avec APF-France handicap, avec Paris 2024 et avec d’autres partenaires comme Paris & Co, des formations et des parcours d’accès à l’emploi pour toutes les personnes en situation de handicap souhaitant profiter de cette dynamique d’emplois. Autre bonne nouvelle, un programme pour les volontaires en situation de handicap a été lancé dès 2021 avec à la clé environ 50 000 volontaires qui accompagneront l’organisation des Jeux, en prolongement de la communauté des Volontaires de Paris qui agit en faveur du climat, de la propreté, de la participation citoyenne ou encore de la lutte contre l’exclusion. Soulignons également 3 autres initiatives :

  • En partenariat avec l’Agence Française de Développement (AFD), Paris 2024 a initié un programme d’incubation dédié aux athlètes de haut niveau. Chaque année, une vingtaine de porteurs de projets à impact social et/ou environnemental bénéficient d’un accompagnement pour développer leur projet entrepreneurial.
  • L’association Kabubu a été l’une des premières lauréates de l’appel à projets Talents 2024. Engagé pour l’accueil des réfugiés et le dialogue par le sport, ce collectif organise des tournois sportifs où habitants et réfugiés jouent ensemble.
  • Paris 2024 soutient « les Kombattantes », un projet qui propose aux femmes qui ont subi des violences sexuelles de reprendre confiance en elles grâce à la pratique du sport.

Malgré ces engagements, de nombreuses réserves sur un « Paris 2024 inclusif et durable »

Les aménagements nés de la tenue des JO laisseront à coup sûr un héritage fort pour que Paris progresse sur l’inclusion, et notamment sur l’accessibilité aux personnes handicapés. Néanmoins, les promesses de Jeux populaires et accessibles au plus grand nombre ont été vivement critiquées, avec notamment en cause le prix des places, le fameux tirage au sort pour avoir accès à l’achat de billets, la hausse annoncée de la tarification des transports en commun ou encore l'accessibilité pour les personnes en situation de handicap, jugée pas au niveau. En témoigne le revirement stratégique des Jeux qui se positionnent non plus comme « populaires » mais désormais « ouverts ». Il y a une vraie inquiétude des Parisiens vis-à-vis des prix pendant les Jeux. On a l’impression que ces jeux ont été conçus pour tout le monde sauf les parisien.e.s. Dans l'identité du projet, les organisateurs ont également toujours beaucoup insisté sur la notion d'accessibilité à tous. Et dans les faits, seules 3% des stations de métro parisiennes sont accessibles aux personnes en fauteuil à l’heure actuelle, selon des chiffres avancés par APF France Handicap. Sur le logement, ce n’est pas mieux avec 3 000 chambres adaptées disponibles alors que Paris en aurait besoin d’environ 5 000, toujours selon les chiffres de l’APF. En fin d’année dernière, le collectif « Le revers de la médaille », rassemblant près de 70 associations, a signé une lettre ouverte afin de dénoncer un "nettoyage social" des personnes migrantes et sans domicile fixe dans les rues de la capitale à quelques mois du début des JO. Enfin, sur le volet environnemental cette fois, et dans le cadre des épreuves de Surf qui auront lieu à Tahiti, une polémique a éclaté en décembre dernier suite à des tests et le projet de construction d’une tour d’observation en mer pour les arbitres, qui a détruit des coraux.

Pour aller plus loin, retrouvons-nous sur Inclusiv’Day le 10 avril 2024 à Paris La Défense Arena, le rendez-vous des organisations inclusives et des innovations sociales, qui consacrera une partie significative de son programme à l'inclusion dans le sport.


Youcef ADJADJ

Créateur et développeur de projets d'insertion sociale et professionnelle par l'art.

8 mois

Nathan Bréchon Si Nos murs pouvaient parler et exprimer Nos valeurs liées à l’inclusion et le handicap, alors les jeux olympiques de Paris 2024 proposerait au monde une innovation sociale en associant l’art et le handicap. Les espaces sont nombreux (différentes loges, les appartements, lieux de convivialité des villages olympiques…) et le message serait alors fort et omniprésent. Nos artistes ayant un trouble psychique et autistique abordent le mouvement, la fraternité, de partage et donc des valeurs liées au sport. C’est pourquoi nous comptons sur votre soutien pour soumettre cette idée simple et efficace qui correspond un des 8 axes thématiques de la 8ème édition d’Inclusiv’ Day. Bien à Vous Fondateur d'Art Inclusiv

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Stéphane Guilmain

Responsable Partenariats et Collaborations pour le Média Digital ParisienneJolly

11 mois

Passionnant et tellement révélateur d'une catastrophe qui s'annonce.   Loin de moi la volonté d'être oiseau de mauvaise augure, j'aime mon pays et j'aime quand il excelle, mais force est de constater que sur le sujet du handicap et donc de l'inclusion, les éléments démontrent que nous sommes lamentables et archaïques, si nous regardons du côté de nos voisins d'outre-manche, pour ne parler que d'eux ! La question des taxis....J'ai quitté le siège d'une société de taxis parisiens il y a douze ans, le questionnement de l'accessibilité était déjà présent et depuis quasiment rien n'a avancé de ce côté. L'accessibilité des taxis londoniens est la norme depuis 1989, soit depuis 35 ans....   Les "lieux d'aisances" dans les lieux publics c'est une catastrophe, tout le monde a accès aux toilettes normalement dédiées aux personnes à mobilité réduite dans notre pays. Dans la capitale historique de la "Perfide Albion", nous avons été agréablement surpris de voir dans la gare de King's Cross, un mur de plusieurs portes fermées portant le logotype lié au handicap et un bouton …

Effectivement, il y a encore beaucoup de choses à revoir. Peut-être aurait-il fallu penser à l'accessibilité des transports en amont pour avoir le temps de faire les changements et travaux nécessaires ? Finalement, c'est peut-être simplement un problème de temps...

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