L'âme de la création

Je m’assieds. Je raconte. Je n’ai pas de vie. Je suis assis. Je raconte. Bonjour, je suis assis. Je ne suis ni debout ni couché. Je suis assis. Je raconte. Je vis ici. Je monte et descends des escaliers tous les jours. Je prends tous les jours l’ascenseur. J’habite au sixième étage. J’appuie sur un bouton. J’appuie sur les touches du clavier. Je suis face à l’écran. Je parle. Je ne te connais pas. Écrire, c’est parler à l’inconnu. On ne s’est peut-être jamais rencontré. J’ai enlevé mes chaussures. Je suis en savates. Le jour tombe, il commence à faire nuit. Je suis fatigué. Je ne sais plus quoi dire. Je fais courir les doigts sur le clavier. Si j’étais musicien, j’aurais joué du piano. Je compose avec ce qui vient. J’essaie de fabriquer des textes qui se tiennent. Pour l’instant, je ne suis pas très bon même si j’ai l’air de me débrouiller. Je fais quand même ce que j’ai à faire. J’y reviens. Je recommence. Je vais de te le redire. Je n’ai rien à raconter. Je me gratte le cuir chevelu. J’attends. Je reprends. Je ne fais pas grand-chose. Je patiente. J’avais ça à dire. J’ai besoin de dire. Pour ne pas devenir fou. J’écris pour tenir. Si je tombe, c’est terminé. Je n’ai pas choisi de dire ce qui vient. Je suis difficilement responsable de ce qui se dit. Ça sort de nulle part. Tu peux presque entendre le bruit des touches dans ton oreille. J’écris avec les doigts. Je suis tactile. J’ai besoin de toucher. Je te touche. Tu es là. Je te sens. Tu respires. Tu as chaud. Tes mains sont chaudes. Je sens ta respiration sur l’extrémité des doigts. Je caresse ta joue. J’ai ça à dire. Je ne cherche pas à raconter une histoire ou alors c’est celle-ci. L’histoire d’un mec situé de l’autre côté qui se fend la poire. À ne pas rigoler tous les jours. À se fâcher tout rouge. Une histoire de fou. ©PN #artcontemporain #photographie #sculpture #graphisme

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