L'éducation pour faire face aux défis actuels et préparer un avenir durable

L'éducation pour faire face aux défis actuels et préparer un avenir durable

Éducation. Sur les réseaux sociaux (principalement), j’ai été apostrophé par des internautes qui m'en voulaient et ne comprenaient pas pourquoi systématiquement, lorsqu'il y avait un écart de comportement civique, j'attribuais le problème à l'éducation. Ils sont nombreux pour qui l'éducation équivaut à l'instruction reçue à l'école uniquement. Même si littérairement le dictionnaire la définit comme « Action d'éduquer, de former, d'instruire quelqu'un ; manière de dispenser cette formation », l'esprit du mot va bien au-delà. L'éducation est un droit essentiel qui permet à chacun de recevoir une instruction et de s'épanouir dans sa vie sociale. Elle commence chez les plus jeunes par l'acquisition des connaissances élémentaires, c'est-à-dire l'alphabétisation. Mais elle est aussi un apprentissage nécessaire qui permet à une personne de développer sa personnalité et son identité, ainsi que ses capacités physiques et intellectuelles, mais aussi de transmettre les principes communs aux nouvelles générations, de conserver et de perpétuer les valeurs de toute une société. Elle contribue ainsi à l'épanouissement personnel en favorisant l'intégration sociale et professionnelle.

Cela suggère donc que l'école n'est pas le seul lieu d'éducation, ni le seul acteur dans cette démarche. Éduquer des populations, est un vaste programme qui, de façon inclusive et transversale, devrait être pluridimensionnel en impliquant la famille, première cellule de la nation, l'école (du préscolaire à l'enseignement supérieur en passant par l'enseignement technique et professionnel), mais aussi des organisations de la société civile.

Lorsqu'à l'inauguration d'une infrastructure routière, des usagers à quatre sur une moto roulent à vive allure en sens inverse en faisant des rodéos, c'est un problème d'éducation. Quant à la fin d'un match catastrophique, le premier réflexe de certains supporters déçus est de saccager des bus et autres infrastructures publiques, c'est une question d'éducation. J'ai été impressionné par toute la hargne et la grosse mobilisation (humaine, matérielle et financière) qu'on a mis à faire de la Coupe d'Afrique des Nations en Côte d'Ivoire, "la meilleure CAN de toute l'histoire". Et les résultats sont là, salués avec une clameur retentissante par le monde entier. Imaginez la même ardeur mise pour développer et renforcer encore plus la politique d'éducation. Ce n'est pas une question de moyen financier, c'est une question de priorité. Je l'ai écrit à maintes reprises et je le fais encore aujourd'hui : l'éducation doit être replacée au cœur de l'action de développement.

Concrètement, que proposer ?

D’abord investir dans l'infrastructure éducative. Il faudrait allouer des ressources financières beaucoup plus significatives pour la construction, la rénovation et l'équipement des écoles. Assurer un accès équitable à des infrastructures éducatives de qualité dans toutes les régions du pays. Et dans ce sens, il faut s'appuyer sur les collectivités locales. Un pan de la politique d'infrastructure doit être laissé aux mairies et autres conseils régionaux avec des objectifs quantitatifs et qualitatifs précis et des moyens financiers dans ce sens.

Ensuite, il faut former les enseignants. Certains d’entre-eux sont dépassés, car eux-mêmes ont été mal formés ou ne sont pas à jour des nouvelles tendances pédagogiques. Il faut, dans ce sens, développer des programmes de formation continue pour les enseignants afin de les maintenir informés des nouvelles méthodologies pédagogiques et des avancées dans leur domaine. Cela contribuera à améliorer la qualité de l'enseignement dispensé.

Autre chose : marier le numérique et l'éducation. Il est primordial d'intégrer les technologies de l'information et de la communication dans les salles de classe pour rendre l'apprentissage plus interactif et accessible. Mais aussi mettre en place des programmes de formation pour les enseignants et les élèves sur l'utilisation des technologies éducatives. À cela, il faudrait rajouter la sensibilisation et l'éducation contre le cyberharcèlement, les fausses informations et les discours de haine.

Aussi, faut-il favoriser une éducation inclusive. Personne ne doit être laissé pour compte. Il faut adopter des politiques visant à garantir l'accès à l'éducation pour tous, en mettant l'accent sur l'inclusion des enfants issus de milieux défavorisés, des zones rurales et des groupes minoritaires.

Favoriser le lien entre l'éducation et l'emploi : il y a de nouveaux métiers qui demandent de nouvelles expertises dans cet environnement à la fois dynamique et concurrentiel, ouvert sur un marché international. Il faut donc adapter les programmes éducatifs pour mieux répondre aux besoins du marché du travail. Il faut également renforcer les partenariats entre les établissements d'enseignement et les entreprises pour offrir des stages, des programmes de mentorat et des opportunités d'emploi aux étudiants.

Je milite fortement pour soutenir l'éducation des filles. Cela passe par la mise en place des initiatives spécifiques visant à encourager la scolarisation des filles, en surmontant les obstacles socioculturels et en fournissant des installations sanitaires adaptées. En 2021, le niveau de scolarisation des filles était encore faible en Côte d'Ivoire : 47,2 %, contre 63,8 % pour les hommes, selon les chiffres officiels. Dans ce sens, beaucoup d'efforts ont été faits dans le cadre du « Plan stratégique d'accélération de l'éducation des filles (PSAEF) ». Au point où le sujet principal n'est plus forcément la « déscolarisation de la jeune fille » mais son maintien à l'école. Le taux d'achèvement au premier cycle du secondaire est passé de 34,6 % en 2013-2014 à 54,6 % en 2017-2018. Il faut l'accentuer.

Je reste également convaincu qu’il faut impliquer les communautés locales dans l'éducation : c'est l'affaire de tous. Les parents, les organisations communautaires et les leaders locaux dans la gestion doivent être mis à contribution, avec en appui, le suivi des établissements scolaires. Il s’agit d’une responsabilité partagée.

Un autre point non négligeable : Manger, bien manger, manger sainement à l'école. On ne le mesure pas, mais de nombreux enfants, par manque de moyens, ne mangent pas à l'école. Il faut (s')assurer que les enfants aient un accès adéquat à une alimentation saine à l'école, car la nutrition joue un rôle crucial dans la capacité d'apprentissage. Un enfant qui a faim n'est pas un esprit disposé à entendre, à comprendre et à apprendre.

Enfin, penser sur le long terme. Nous proposons d’établir des plans stratégiques sur la durée pour l'éducation, en tenant compte des évolutions démographiques et des besoins futurs de la société ivoirienne.

Ces propositions concrètes, allant de l'investissement dans l'infrastructure éducative à la promotion de l'éducation inclusive, reflètent ce en quoi nous nous engageons depuis des années : envers un avenir éducatif solide et équilibré. On l’a dit, l'éducation ne se limite pas aux salles de classe ; c'est un tissu complexe tissé par la famille, l'école et la société dans son ensemble.

Placer résolument l'éducation au cœur des priorités, c'est (dé)tenir la clé d'un avenir prospère et harmonieux pour la Côte d'Ivoire.

Bonne journée internationale de l’éducation !


Seka Stelens Koebia

Consultant Formateur & Professionnel de la Logistique, Achat et Supply chain

12 mois

Merci pour le partage Israël Guébo

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